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NPA : Smic, réduction du déficit, etc. Hollande et Ayrault se placent dans la même voie austéritaire que le gouvernement Fillon

Communiqué du NPA. 

Politique du Gouvernement Ayrault : Hausse bidon du SMIC, austérité bien réelle !


Le gouvernement annonce la couleur. Dans un communiqué publié après le séminaire gouvernemental il s’engage dans la même voie que celle du gouvernement Fillon : redressement des comptes publics, réduction du déficit à 3% en 2013 avec retour à l’équilibre en 2017, réduction de la dette d’ici 2017. Pour cela il annonce le blocage des effectifs de la fonction publique ce qui, compte tenu des recrutements annoncés dans l’Education Nationale la police et la justice, signifie le non remplacement de 2 fonctionnaires sur 3 pour tous les autres secteurs, la maîtrise des dépenses sociales et l’engagement dans cet effort des collectivités territoriales. 

Ce dont avait rêvé Sarkozy c’est Ayrault qui va le faire ! Provocation suprême le montant dérisoire du coup de pouce au SMIC de 0, 6 % soit 6, 6 euros d’augmentation nets mensuels. 

Pour Marisol Touraine il s’agit « d’envoyer un signal » ce qui a le mérite d’être clair : le gouvernement se moque des besoins des salariés mais il tient à donner toutes garanties aux marchés, aux banques, au patronat qu’il ne remettra rien en cause d’essentiel. Il n’y a pas de changement, sauf dans la forme, dans le style, dans les mots. Il n’y a rien à espérer de cette politique qu’il faut combattre en soutenant toutes les résistances qui ne manqueront pas de s’exprimer, pour un SMIC à 1700 euros et une augmentation égale pour toutes et tous de 300 euros. Nous ne pouvons que nous atteler à la construction unitaire d’une opposition de gauche, déterminée, à ce gouvernement.

Communiqué du NPA. Politique du Gouvernement Ayrault : Hausse bidon du SMIC, austérité bien réelle !

La douche froide de la hausse du Smic. La triple faute de François Hollande

Par Laurent Mauduit (Mediapart) 26 juin 2012

La décision prise par François Hollande de ne relever le Smic que de 2 % au 1er juillet, soit, hors inflation, un « coup de pouce » de seulement 0,6 %, constitue indéniablement une faute. Et même une triple faute, pour être précis. D’abord une faute politique, parce que le nouveau président de la République prend le risque, dès le début de son quinquennat, de décevoir les milieux sociaux les plus modestes, ceux qui, en bonne partie, ont assuré sa victoire lors de la présidentielle et sur lesquels il devrait s’appuyer pour réussir son quinquennat. Une faute économique ensuite, parce que la conjoncture française devrait l’inciter à changer de cap et à conduire une politique économique audacieuse, favorable à la demande et au pouvoir d’achat. Et enfin une faute sociale, car le salaire minimum est un levier majeur pour réduire les inégalités d’un pays rongé par la pauvreté et la précarité.

[...] Le  « coup de pouce » accordé par le gouvernement est seulement de 0,6 %, ce qui correspond donc à un gain net pour les smicards de l’ordre de 6,45 euros par mois, ou si l’on préfère d’environ… 20 centimes par jour !

 À cette aune-là, on comprend mieux qu’il s’agit d’une hausse riquiqui. Presque une aumône. Avec ce ridicule surplus, les smicards ne pourront pas s’acheter grand chose de plus : peut-être un Carambar, et encore… Par comparaison, le gouvernement de Lionel Jospin avait décidé en 1997 une hausse du Smic proche de 4 %, ce qui correspondait à un « coup de pouce » de près de 2,26 %, dans un contexte économique il est vrai sensiblement différent.

[...] François Hollande et Jean-Marc Ayrault prennent donc un risque politique lourd en décidant, d’emblée, d'annoncer une mesure qui va créer de la déception. Pas d’état de grâce, pas de dynamique de la victoire! Brutal retour sur terre… Le risque est d’autant plus grand que le nouveau gouvernement s’est mis au travail dans un contexte singulier et n’envoie, pour l’heure, à l’opinion que des messages inquiétants. Recherche en urgence de 7 à 10 milliards d’euros d’économies pour le budget en exécution de 2012 ; recherches de nouvelles économies pour le budget de 2013, avec en perspective une stabilité en valeur des dépenses de l’État jusqu’en 2015 – en clair, un gel durant trois ans – et une réduction des effectifs publics dans de nombreux ministères pour compenser les créations de postes dans l’enseignement, la police, la gendarmerie et la police : on ne peut pas dire que les priorités annoncées par le premier ministre (elles sont consignées dans ce communiqué de presse) sont de nature à soulever l’enthousiasme. [...]

De nombreux arguments plaident pour une politique économique beaucoup plus audacieuse, favorable à une relance de la demande. Et c’est en cela, précisément, que la Note de conjoncture de l’Insee est précieuse : elle dessine, en creux, la faute économique que constitue ce geste a minima en faveur du Smic.  [...]

Le gouvernement est face à une équation terrible : s’il conduit une politique restrictive, il risque d’asphyxier plus encore l’économie et d’avoir, en retour, des cascades de difficultés nouvelles à surmonter. Avec à la clef de nouvelles mesures de rigueur budgétaires à prendre, davantage d’austérité. Sans fin, la vis infernale…[...]

Ces chiffres [de l'Insee] plaident clairement pour un changement de cap économique. D’autant qu’ils indiquent très clairement l’origine de cette atonie de l’économie : elle provient pour une grande part d’un effondrement de la consommation des ménages, lui-même généré par un phénomène nouveau et massif, un effondrement… du pouvoir d’achat des ménages.

 Observons en effet les chiffres qui figurent dans le tableau ci-dessus : ils révèlent que la consommation des ménages est en train de décrocher. Elle qui, depuis des lustres, est le principal moteur de la croissance française a baissé de -0,2 % au deuxième trimestre de 2012 et devrait progresser seulement de 0,2 % sur l’ensemble de l’année. En clair, le moteur de la croissance a calé net.

Et s’il a calé, c’est effectivement pour une raison très précise : le pouvoir d’achat des ménages est en chute libre, ce qui est sans précédent depuis de longues années. Dans le même tableau, l’Insee relève ainsi une tendance majeure, sans précédent depuis de longues années : le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages devrait baisser de -0,6 % sur l’ensemble de l’année 2012, après des hausses modestes de +0,9 % en 2010 et +0,5 % en 2011. Ce chiffre de -0,6 % est considérable. [...]

Selon d’autres calculs de l’Insee, la baisse serait de 1,1 % par habitant et de 1,6 % par ménage. Du jamais vu, donc, depuis plusieurs décennies. [...]

On comprend mieux qu’en tournant le dos à une authentique politique de relance, le gouvernement commet aussi une faute sociale. Car c’est le tableau inquiétant d’un pays laminé par plusieurs années de crise que dresse l’Insee, un pays où les fractures sociales se sont gravement accentuées.


Car, il n’y a pas que le pouvoir d’achat que s’effondre, il y a aussi l’emploi qui pique du nez, et le chômage qui est parti vers de nouveaux sommets.


Dans les secteurs marchands, l’économie française perdrait ainsi près de 37 000 emplois au cours du second semestre de 2012, dont 29 000 dans les seuls secteurs industriels. Résultat implacable : le taux de chômage va donc continuer, de mois en mois, d’établir de nouveaux et tristes records. [...]

D’ici à la fin de l’année, le taux de chômage devrait ainsi grimper jusqu’à 9,9 % de la population active en France métropolitaine contre 9,2 % deux ans plus tôt. Et pour la France entière, DOM compris, le taux de chômage pourrait même atteindre un sommet à 10,3 % d’ici fin décembre. [...]

Pour la gauche, les mauvaises nouvelles ont d'ailleurs commencé ce même mardi 26 juin, puisque en fin de journée, Pôle emploi a annoncé des chiffres catastrophiques pour le mois de mai: +33 000 demandeurs d'emplois en plus, soit +1,2 %.

Et encore, il faut bien mesurer que cette traditionnelle Note de conjoncture de l’Insee, qui est publiée chaque semestre, ne donne qu’un tableau incomplet de la situation sociale du pays, qui fait l’objet périodiquement d’autres études plus détaillées. On de nombreuses autres indications font clairement apparaître que les souffrances sociales sont encore beaucoup plus lourdes que ne le suggère cette note.
À preuve, le taux de chômage, aussi élevé soit-il, ne prend en compte qu’une seule catégorie de demandeurs d’emplois, soit 2,9 millions de personnes. Mais si on agrège la totalité des demandeurs d’emplois, on arrive à un nombre beaucoup plus considérable, qui dépasse 4,9 millions de personnes. [...]

La pauvreté, elle-même, ne cesse de ronger le pays. Pour la seule année 2010, elle a ainsi augmenté de plus de 400 000 personnes, portant le nombre de pauvres en France à plus de 8,2 millions de personnes, un niveau historique. Et pour 2011 et 2012, les chiffres ne sont pas encore connus, mais ils seront naturellement en hausse spectaculaire, compte tenu de l’envolée du chômage. Et pour ceux qui ont un travail, cela vaut à peine mieux, puisque le revenu médian des Français est actuellement de 1 584 euros par mois. Autrement dit, 50 % des Français ont un revenu inférieur à ce seuil.

Par quelque bout que l’on prenne ces statistiques, elles conduisent donc toutes au même constat : depuis 2007, pour traverser la crise, la France a fait le choix d’un ajustement social. En clair, ce sont l’emploi et les salaires qui ont été ajustés pour permettre aux entreprises de traverser la crise du mieux possible.

Les évolutions sont même beaucoup plus lourdes et plus anciennes que cela. Car bien avant que la crie économique ne commence, en 2007, des mutations profondes étaient déjà à l’oeuvre au sein du capitalisme français, le poussant à importer de plus en plus nettement les règles du capitalisme anglo-saxon et à délaisser celles du capitalisme rhénan. En clair, sous les coups de boutoir des marchés financiers, la France s’est convertie aux règles d’un capitalisme beaucoup plus intransigeant, un capitalisme d’actionnaires, faisant la  part belle au capital au détriment du travail, un capitalisme beaucoup égoïste que le précédent.
C’est surtout en cela que la décision prise sur le Smic est de mauvais augure. Pour les salariés modestes, qui sont très nombreux, c’est une très mauvaise nouvelle. Et puis au-delà, de la part du nouveau gouvernement qui vient de s’installer, c’est une sorte d’aveu d’impuissance : ce partage entre capital et travail, qui n’a cessé de se déformer depuis plus de deux décennies, est-il vraiment possible de le rééquilibrer ? En somme, ce n'est pas vraiment un reniement ; c'est plutôt la preuve d'un manque de détermination ou de pugnacité…

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