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Tribune. Chroniques mélenchoniennes (suite)


Retraites. Mélenchon content, mais pas trop, des mesures gouvernementales... 

(Mélenchon, pourquoi pas les 60 ans mais avec retour aux 37,5 annuités ?)

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Déjà satisfait par le mini coup de pouce du Smic qui devrait faire passer celui-ci à seulement quelque 1400€ bruts, le dirigeant du Front de Gauche réitère son contentement devant les mesures annoncées sur les retraites qui pourtant relèvent aussi des mesurettes puisqu'elles toucheront 110 000 personnes et laissent surtout intacte la clé de la contre-réforme sarkozyenne : la fin des 37,5 années cotisées, cette revendication historique du mouvement social (pas des directions syndicales qui ont d'emblée capitulé sur le sujet).

L'obligation de cotiser 41 années maintenue par le gouvernement devrait pourtant signer chez un virulent partisan de la "révolution citoyenne" que l'on est en présence d'un alignement, au demeurant peu surprenant, du Parti Socialiste sur ce libéralisme tellement honni pendant la campagne des présidentielles menée sous l'égide du Front de Gauche. Eh bien non, cette continuité politique structurelle du social-libéralisme avec le libéralisme sarkozyen est un véritable point aveugle chez Mélenchon couronnant la nouvelle stratégie du "c'est bien mais pas assez...", laquelle l'autorise à aller faire une bien frivole visite de courtoisie à l'Elysée, histoire de faire vibrer dérisoirement la corde sentimentale des retrouvailles avec l'esprit du "grand" Mitterrand !

Tous ces petits signes de bienveillance sur le Smic, sur la retraite, la visite élyséenne, les déclarations immédiatement post-présidentielles sur la nécessité de laisser respirer un président de gauche  qui, admirons la laborieuse acrobatie rhétorique, "agit pour le mieux selon lui", toute cette compréhension politique, sur fond de connivence mitterrandophile, qui relègue au panthéon des divertissements sans suite les gracieusetés type Hollandréou, prennent leur pleine signification avec le refus du Front de Gauche d'engager les discussions proposées par le NPA pour construire une unité d'avertissement et de mobilisation contre les mesures d'austérité dont Hollande a déjà annoncé qu'elles seraient au menu gouvernemental dès la fin des législatives. Mesures dont les décisions totalement insuffisantes, il faut avoir la cohérence politique de le dire, sur le Smic et les retraites, ne sont que le hors d'oeuvre et le dérivatif destinés à donner le change le temps des législatives pendant que le plat "austéritaire" mijote.

L'unité est un combat, nous ne le savons que trop ici en Languedoc-Roussillon qui avons vu le Front de Gauche casser l'expérience prometteuse d'A Gauche Maintenant ! de 2010, mais le NPA garde le cap : il n'a pas été et ne sera pas d'une unité politique galvaudée qui n'acterait pas une indépendance claire vis-à-vis du PS et biaiserait sur la si importante question des retraites en défendant par la bande, comme fait le Front de Gauche, un allongement de la durée de cotisation à 40 ans, ou qui, malgré les terribles dangers (Fukushima), refuserait de se déclarer pour une sortie rapide du nucléaire... A défaut de cet accord politique, le NPA maintient cependant ses propositions, adressées au Front de Gauche comme à l'ensemble des forces politiques et syndicales à la gauche du PS, pour poser les bases et les jalons d'une mobilisation sociale d'envergure prévenant les reniements sociaux-libéraux annoncés.

L'unité sur de telles bases est refusée dans l'immédiat par le Front de Gauche au profit d'un rapprochement "je t'aime moi non plus avec le PS", contradictoire avec la tonalité de la campagne présidentielle mais surtout totalement déplacé au vu des enjeux politiques et sociaux posés par la volonté du capital de faire payer les peuples. Il y a là un défi à relever, celui d'une unité dans la clarté, qui doit interroger tous ceux qui, au nom de la dynamique électorale du Front de Gauche, seraient tentés de fermer les yeux sur des logiques politiciennes bien verrouillées par les appareils qui ont fait leur preuve dans un passé relativement récent et mené les expériences de gauche plurielle ou unie à casser, en un temps record, les dynamiques populaires qu'elles avaient suscitées. Jouer impunément avec les espoirs suscités c'est jouer en faveur de l'UMP et du FN !

Jean-Luc Mélenchon a vécu, comme ministre du grand privatiseur Jospin, par ailleurs très actif dans la campagne de Hollande, la déroute de ces jeux de composition social-libérale avec l'ordre capitaliste ("L'Etat ne peut pas tout", "mon programme n'est pas socialiste") qui nous ont valu les désastreuses années Chirac/Sarkozy et le renforcement du lepénisme. Il y donc une grossière irresponsabilité à céder à ces pas de deux avec l'ami des Zapatero et Papandréou : il serait bon décidément que le Front de Gauche, si sensible à la situation grecque, s'inspire d'un Syrisa qui, lui, ne se complaît pas dans des ronds de jambe devant le Pasok, et prenne la mesure qu' Hollandréou est déjà à la manoeuvre (gagner une majorité absolue par la politique "de l'édredon" !) pour avoir les mains libres durant 5 ans et donner enfin pleinement du sens à la rigueur promise !

Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)

8 juin

Je lis l'éditorial du jour du Monde, qui, comme d'habitude sait saisir, certes du point de vue libéral, ce qu'une gauche bornée à la gauche du PS ne veut pas voir (ne veut pas qu'on voie ?) :

"François Hollande a maintenu tout au long de la campagne présidentielle un flou habile sur les dispositifs concrets qu'il veut mettre en oeuvre pour rétablir l'équilibre des comptes en 2017. Son programme prévoyait de freiner la hausse de la dépense publique à 1,1 % en moyenne par an, mais sans préciser sur quels postes. [...]

En dépit de prévisions d'une croissance du PIB faible et d'une pluie d'avertissements de la Cour des comptes, de l'inspection générale des finances ou de la Commission européenne sur le dérapage des dépenses, le gouvernement s'abrite derrière un audit sur l'état des finances publiques opportunément attendu fin juin, après les élections. En attendant, il n'annonce que des nouvelles sympathiques : hausse du smic, majoration de l'allocation de rentrée scolaire, retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé jeune...
La zone euro est en feu. Non seulement ce flou persistant n'aide pas à maîtriser l'incendie, mais les électeurs français seraient en droit de connaître, au moment de retourner aux urnes, les véritables intentions du gouvernement. Le devoir de vérité incombe à la gauche comme à la droite."

Nous connaissons bien, depuis les années 80, le sens de ce "devoir de vérité" qui incomberait "à la gauche comme à la droite" et qui signe le grand consensus des libéraux, qu'ils soient ultra-, sociaux-, néo- : le trait d'égalité "comme à" induit une neutralité axiologique et politique de l'économie qui relèverait de la Vérité Unique, comme il y a une pensée unique, où seule la com' devrait "tourner" pour expliquer au bon peuple ce qu'il est...en droit de savoir ! Un droit qui nécessairement porte l'obligation de se serrer la ceinture au nom des incontournables de la crise. Et donc l'édito du Monde, très lucidement, relaie les nécessités de la continuité gauche-droite de la gouvernance libérale et de l'austérité qu'elle charrie : le Smic, la retraite à 60 ans mais avec 41 annuités...sont bien les mesurettes que nous avons pointées et que l'éditorialiste catégorise d'un implacable "sympathiques" car il sait bien, lui, qu'elles ne touchent à rien d'essentiel du rapport de classe. Et donc le problème, pour le grand quotidien, est ailleurs, dans ce flou qui nimbe les actions à venir, les vraies, les rudes, du gouvernement : notre journaliste est certes au fait des contraintes électorales qui obligent à "flouter"...Mais le risque est trop grand que, le mirage électoraliste ayant été dissipé et la crudité des mesures austéritaires explosant à la face du peuple, la révolte gronde. D'où la nécessité de la pédagogie de la com' par la vérité due, etc. Au risque que celle-ci ne prenne pas et que les résultats électoraux s'en ressentent ! Quadrature du cercle pour les libéraux qui voient bien les inconvénients de la démocratie pour le plein épanouissement des décisions "économiques" !

Bon, l'essentiel, pour ce qui m'occupe, n'est pas ce rappel de la cohérence libérale du Monde mais ce qu'elle donne à voir de ce que Mélenchon et le Front de Gauche ne veulent (?) pas voir, tout pris qu'ils sont dans les indécrottables calculs politiciens qu'ils avaient réussi à masquer pendant la présidentielle : les échéances de l'austérité de gauche approchent, les élections, mesurettes aidant, sont instrumentalisées par le gouvernement pour assoupir la méfiance et donc la "vraie" gauche ne peut pas rester l'arme au pied : la politique, particulièrement par temps de crises du capital, c'est l'art de l'anticipation, surtout s'il s'agit de construire un rapport de force...Mais voilà, le Front de Gauche est en train de s'engluer dans la connivence de "gauche", cet avatar du "programme partagé" communiste, qui prend en otage le légitime rejet de la droite et la non moins légitime nécessité de combattre le FN (ah ! la spectacularisation "antifacho" de Hénin-Beaumont et les moulinets sur le  refus de censurer, quoi qu'elle fasse, la "gauche" !) aux fins d'une subordination aux désastreuses logiques réformistes. Sans vouloir considérer que ce sont précisément cette connivence et cette subordination qui sont l'aliment du rejet des "politicards" dont font leur miel la droite extrême et son propre extrême ! Le Front de Gauche ou l'art de boucler la boucle des défaites annoncées...C'était bien la peine de jouer à prendre la Bastille...

Anticapitalistes, il y a du boulot...sans trop perdre de temps à chercher l'unité d'alternative avec ceux qui sont déjà dans l'unité d'alternance. Je sais c'est dommage mais il ne sert à rien, sinon à se faire happer au jeu des mystifications à l'oeuvre, de se voiler la face : l'unitarisme est implacablement le fourrier du renoncement et des échecs ! A commencer par ceux des anticapitalistes qui y cèdent !

A lire 

COMMUNIQUE du NPA. La retraite à 60 ans pour quelque uns, le renoncement pour tous!


Retraites : Mélenchon estime que c'est une "bonne chose" mais que ça ne suffit pas (Le Monde)



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