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Municipalité de Pessac (Gironde) : le "test vérité" du quotidien des élus de gauche (PS, PCF-Front de gauche et NPA) !

 Les salariés des cuisines centrales de Pessac appelaient, par une lettre aux élus (voir ci-dessous), à voter contre la Délégation de Service Public (DSP) des cuisines centrales proposée par le PS (majoritaire). Le PCF, membre, il est utile de le rappeler, de la majorité municipale ... s'est abstenu (avec les Verts) (1) ! L'élue du NPA, Isabelle Ufferte, s'est, elle, logique avec l'orientation antiaustérité de son parti, placée du côté des travailleurs en votant contre. 

Nous avons une nouvelle confirmation de cette logique de "l'abstention constructive" du Front de gauche qui, comme l'a rappelé le président des parlementaires de celui-ci lors de leur abstention sur la confiance au gouvernement, participe d'un positionnement "au coeur de la gauche" mais qui, sans surprise, éloigne du coeur des luttes (2) ! Où il est démontré sèchement que l'unité avec le PS dans les municipalités et les pirouettes abstentionnistes et autres contorsions politiciennes des élus du Front de gauche deviennent des obstacles à l'organisation de la riposte des salariés agressés ! Pour le NPA l'unité avec le Front de gauche est nécessaire comme est nécessaire la critique sans réserve de l'attitude inadmissible de ses élus et de ce qui dans les déclarations des dirigeants de cette coalition montre leur refus de se situer en opposition claire envers l'austérité gouvernementale ! 

Face à l'austérité, on vote en effet contre, on lutte pour que le mouvement social soit l'agent décidé de cette opposition : par les manifs, par les grèves, par tout ce qui élargit la mobilisation. Ce n'est pas la voie choisie par le Front de gauche. 

(1) Les élus PCF et Verts se sont abstenus... se payant même le luxe de dire tout le bien qu'ils pensaient du délégataire choisi (et on a appris au passage que la commission de 3 élus qui a auditionné les candidats comprenait... 1 PCF et 1 Vert, très fiers d'y avoir participé !)

Les cuisines centrales étaient gérées depuis 21 ans par une SEM (Société d'Economie Mixte) contrôlée par la mairie. Lors du premier débat sur le choix d'une délégation de service public plutôt que la mise en régie publique (en pleine campagne électorale du 1er tour des législatives) PCF et Verts, bien que dans la majorité municipale, avaient voté contre (de même d’ailleurs que la droite qui défendait une SPL - société publique locale- avec d'autres communes).  

Hier soir, jeudi 12 juillet, le conseil municipal était invité à choisir choix comme délégataire le groupe Ansamble, qui vient d'être absorbé par le géant de la restauration Elior, également propriétaire d'Avenance, etc. Les salariés des cuisines, présents, ont assisté à une véritable leçon de choses sur l'orientation de la gauche gestionnaire et de ses alliés autoproclamés radicaux, le temps d'une campagne électorale "dynamisée" par Jean-Luc Mélenchon. Pour mesurer les dégâts de ces duplicités politiciennes, on relèvera que les élus de droite se sont payés le luxe de dénoncer non seulement la procédure elle-même, le choix a priori de se débarrasser des cuisines, mais aussi les gesticulations du PCF et des Verts !

Cerise sur le gâteau des démissions de la gauche municipale : était également à l'ordre du jour la "prime de présentéisme" versée aux agents municipaux...qui ne sont pas malades et que, dans sa magnanimité, la mairie a assouplie avec 3 jours de franchise au lieu de 2. Délibération votée comme un seul homme par le PS, les Verts et le PCF ! Voir ci-dessous la position de l'élue du NPA.

Notes rédigées à partir de celles d'Isabelle Ufferte.

(2)  Les camarades de Gauche Anticapitaliste 34 osent cette approche de "l'abstention constructive" (expression qu'ils préfèrent d'ailleurs ne pas relever !) des élus du Front de gauche à l'Assemblée nationale : "En n’allant pas au gouvernement Ayrault et en refusant de lui accorder sa confiance à l’assemblée, [le Front de gauche] s’est engagé dans la voie de l’indépendance vis à vis du PS. Il s’oppose  aux politiques d’austérité et a l’ambition de construire une alternative politique." 

Visiblement nos camarades ne veulent pas entendre le sens que le président des parlementaires du Front de gauche donne lui-même à ladite abstention : "ce choix [de l'abstention] n'est pas "un vote de défiance", "C'est une abstention que nous voulons constructive et nous ne pensons pas faire fausse route", "Nous sommes conscients de la difficulté de porter ce discours mais nous avons le sens des responsabilités, s'est justifié M. Chassaigne. Notre objectif n'est pas de sortir d'une majorité de gauche mais de faire des propositions précises qui soient au cœur de la gauche." "C'est la réussite de la gauche qui est en jeu".  

Toute à sa volonté d'entrer coûte que coûte au Front de gauche, GA en est réduite à parer celui-ci des plus beaux atours de l'indépendance vis-à-vis du PS, quitte à tordre, ou plutôt, à négliger purement et simplement les propos explicites établissant sa participation à une majorité, en son coeur même, avec l'austéritaire PS. A rapporter à ce que montrent la poursuite des cogestions quotidiennes du Front de gauche avec le PS au niveau des collectivités locales et son refus, contre ce qu'écrit GA, de s'engager dans la construction de l'opposition sociale et politique à l'austérité ! Il est à craindre que ces petits arrangements avec la réalité et les discours du Front de gauche qui, suivant la logique de GA aurait "l'ambition de construire l'alternative politique" alors qu'il pratique l'unité, y compris par l'abstention, avec un PS vacciné depuis longtemps contre tout semblant d'alternative, ne participent d'une politique de l'autruche qui n'a jamais fait une politique anticapitaliste ! Déjà bien inquiétant...

Illustration : la position "cul entre deux chaises", certes inconfortable, reste surtout une position assise quand tout commande pourtant de "se bouger" contre l'austérité (one_devided_by_two.jpg) !

La lettre des salariés de la Cuisine Centrale SEM AGIR aux élus de Pessac
           
A   :    Monsieur le Maire,
          Mesdames et Messieurs les Elus,

Nous, les salariés de la Cuisine Centrale, nous retrouvons aujourd’hui aux portes d’une solution que personne 
ne souhaite. Car il semble que la réponse de notre direction à votre cahier des charges ne corresponde pas  techniquement à vos attentes.

Pourtant, depuis 21 ans, nous avons su vous écouter, évoluer, essayer en tous points de répondre à vos 
demandes. Par le biais d’une réunion mensuelle avec le Service Education, par les menus, décidés en 
commission avec votre diététicienne et les parents d’élèves, par notre certification ISO 9001-2008, 
mais aussi au vu des résultats des fiches d’appréciations...
Pas si mauvais, puisque votre enquête chiffre 60% des enfants satisfaits…

La qualité de ce que nous produisons et nos compétences n’ont jamais été remises en cause.
Vous nous parlez de cuisson de nuit à basse température ? Mais nous la pratiquons depuis des années, sans en 
faire de publicité ! Il semble qu’il y ait par exemple un souci avec le mixé ? Mais auparavant, 
nous en faisions pour les crèches…
Notre centrale d’achats ne vous convient, pas ? Revenir aux appels d’offres ne nous fait pas peur !

Seuls les élus socialistes ont voté pour la délégation de service public, en sachant qu’il était 
plus que probable que celle-ci échoie à une société de restauration.
Les élus du parti communiste, du NPA, des Verts mais aussi de droite se sont prononcés contre.
De même que les parents d’élèves…

Et nous, que souhaitons nous ?
Au sein de la Cuisine Centrale, et même de la SEM AGIR, vous savez que le personnel est ouvert à toutes les évolutions…
Nous sommes intimement attachés à la proximité, aux liens que nous avons tissés depuis des années avec vos services, et surtout à la mission de service public qui nous incombe…
Notre différence, c’est la PROXIMITE et la QUALITE, pas le profit.

Vous nous dites que leur offre est alléchante (même pour nous), mais bien des choses restent vagues.
Ce qui nous semble clair par contre, c’est qu’il y aura davantage de travail avec moins de personnel. Un poste disparaît à la Cuisine, qu’adviendra-t-il de la comptable et du directeur administratif et financier 
qui dépendent à ce jour de la SEM, et ne font pas partie des emplois repris.
Et l’emploi intérimaire, chez nous depuis septembre, embauché pour faire face à une augmentation 
des repas à 6500 par jour, qui va disparaître alors que le nombre de repas produits restera le même…

Est-ce vraiment le souhait d’une mairie socialiste de confier SA Cuisine municipale à une société de restauration privée ?

Vous êtes-vous posé les bonnes questions, dont l’une, essentielle :
Pour enlever une épine, est-il nécessaire d’arracher le rosier ?

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, pour l’ensemble de ces raisons, nous, les salariés de la Cuisine Centrale, vous demandons de voter CONTRE la délégation de la Cuisine Centrale au groupe Ansamble.

Conseil municipal Pessac - 12 juillet 2012 - Déclaration d'Isabelle Ufferte, élue NPA, rédigée après concertation avec les salariés des cuisines centrales

Sur la délégation de service public des cuisines 

Nous avons dit lors du précédent conseil notre total désaccord avec le choix du maire et des élus du Parti socialiste de déléguer la gestion des cuisines centrales, d’autant qu’il était bien peu probable que la SEM soit au final choisie, chacun le savait ici.

Nous n’avons pas changé d’avis : nous voterons contre le choix du groupe Ansamble, car qu’il s’agisse d’Ansamble, d’Avenance, de la Sodhexo ou de quelqu’autre groupe de restauration, ce que nous refusons c’est ce nouveau cadeau à des entreprises dont la raison d’être est de faire rentrer des bénéfices… Un mouvement général depuis quelques décennies au cours desquelles les services publics ont été mis en pièces, et la plupart des collectivités locales ont participé de ce mouvement, confiant qui les cantines, qui la piscine, les transports, la gestion de l’eau et de l’assainissement, les centres de vacances, etc… au privé, pour le plus grand bonheur de ces groupes, dans un grand élan de libéralisation de l’économie et de dérèglementation du droit du travail.

Il s’agit là de choix politiques. Et comble de l’ironie, vous faites ce choix la même semaine où, à Nice, le maire Estrosi -que l’on peut difficilement taxer de collectiviste rouge, ni même rose- vient de décider de remunicipaliser la gestion des transports, au grand dam de Kéolis qui espérait récupérer le contrat jusque là détenu par Véolia.

Comme quoi, la délégation de service public, c’est comme la rigueur et l’austérité, ça peut changer de couleur.

Notre vote est donc un vote politique et de principe. Et je ne peux que me faire l’écho des salariés qui vous demandent ce soir de voter contre cette délibération.

Quant aux conditions de cette délégation, vous nous assurez que la mairie a tout prévu et que tout se passera au mieux. Mme Debeaulieu n’a d’ailleurs pas manqué de mots pour nous vanter le choix du délégataire choisi, telle cette notion de « cœur du métier de cuisinier »… à croire que jusque là les salariés faisaient du tricot… Inquiétant que depuis 21 ans, on ne nous en ait rien dit !

Alors concernant la qualité du service rendu, je n’ai pas les compétences qui me permettraient d’en juger si ce n’est un a priori, mais qui est solide : comment faire mieux pour moins cher ? Car pour produire au même prix ou moins cher, tout en dégageant des marges bénéficiaires… il va bien falloir prendre quelque part. Alors soit la qualité sera inférieure, soit c’est le coût humain qui sera impacté.

Et cela commence par le personnel. Outre les erreurs de qualification que présente la fiche qui est jointe au dossier que vous nous avez présenté, il apparaît que 20 personnes seront reprises. Or actuellement, 21 personnes sont salariées permanentes de la cuisine centrale : le poste de directeur des cuisines disparaît. Quoi qu’il advienne individuellement à la personne qui occupe ce poste aujourd’hui, c’est bel et bien un emploi qui disparaît. De même disparaît l’emploi interim en poste à la cuisine depuis le début de l’année, embauché pour absorber les repas supplémentaires (6500 au lieu de 4500).  Et 6500 est justement le nombre de repas qu’annonce Ansamble puisque le délégataire aura loisir d’utiliser les cuisines pour produite 2000 repas hors contrat avec la ville. Cela fait donc un 2ème emploi qui disparaît. Par ailleurs, au moins 2 autres personnes employées par la structure SEM Agir, la comptable et le directeur administratif et financier, voient si ce n’est leur emploi, du moins une grande part du travail qu’ils effectuaient jusque là pour la cuisine remis en cause. Et il n’y a rien dans ce que vous nous présentez sur les conséquences économiques et humaines pour la SEM et ses salariés, conséquences qui existent bel et bien.

Vous nous dites qu’une nouvelle organisation de la production permettra de gagner en productivité. Les salariés sont pour le moins sceptiques.

D’autant que va également leur revenir une partie du travail qui jusque là était effectué par des salariés du CCAS, tel le conditionnement des repas portés au domicile des personnes âgées.

Quant aux garanties financières pour les agents, si le délégataire assure que les salaires (supérieurs à ceux des salariés du groupe Ansamble) seront conservés et qu’ils augmenteront au rythme des NAO, rien n’est dit sur les salaires des futurs embauchés. Ce qui fait que d’ici quelques années, les salaires des employés des cuisines centrales seront probablement bien inférieurs à ce qu’ils auraient été si la SEM avait continué.
Alors, vous le savez, nous défendons depuis longtemps la remunicipalisation des cuisines comme de l’ensemble des missions de service public, mais votre choix de passer de la SEM, que contrôlait la municipalité, à la gestion confiée à un groupe privé est un pas en arrière supplémentaire.
Nous y sommes totalement opposés et nous appelons tous ceux qui sont attachés au service public, tous ceux qui contestent la libéralisation capitaliste dans une période où l’économie s’enfonce dans une crise sans précédent, où pleuvent comme jamais les plans sociaux, où la loi du profit broie les salariés et les populations dans un contexte de concurrence aigüe, à voter contre un tel choix. 

Sur la prime de présentéisme 

En 2005, j’avais voté contre cette prime qui n’est rien d’autre qu’une pénalisation de la maladie. Pour ceux qui y étaient, vous vous souvenez probablement que siégeait alors dans le groupe socialiste une élue handicapée qui avait dit à quel point cette mesure la choquait.

Aujourd’hui, probablement dans le grand élan national de prétendu changement, vous proposez d’alléger la pénalité. De fait vous ne faites que souligner le côté père fouettard de cette prétendue prime. Moins de 20 euros nets par mois pour ne pas avoir été malade… C’est dans la même veine que le jour de carence qui pénalise depuis le début de l’année les agents de la fonction publique. (même si là ce sont bien plus de 20 euros qui sont retenus).

L’aspect financier de la prime de présence est peut-être dérisoire mais sa valeur politique est forte.

Le nombre des arrêts maladie dans les entreprises publiques comme privées est un problème pour le monde du travail, tous les services de la santé au travail le soulignent, et c’est vrai aussi dans la Fonction publique Territoriale comme en atteste un récent rapport publié par la Gazette des communes.

Mais vous choisissez de le traiter sur le mode de la suspicion. Si vous versez ces quelques euros aux agents qui ne sont pas malades, c’est que vous considérez qu’on peut donc choisir, qu’il suffit de le vouloir pour être en bonne santé… A moins que vous considériez comme normal de faire pression (et de la pire manière, par l’argent) pour que des agents malades viennent quand même travailler !

Or nombreux sont ceux, de tous bords, qui s’insurgent contre ces primes de présentéisme qui ne résolvent rien. Le recul de l’âge de départ à la retraite, les troubles musculo-squelettiques, l’insatisfaction dans le travail, les relations tendues avec l’encadrement, ajoutés à l’ensemble des problèmes de santé aux causes multiples, voilà la cause de l’augmentation des arrêts maladie.

Si cela avait été la préoccupation du groupe majoritaire, au lieu de cette délibération, nous aurions dû avoir un rapport de la médecine du travail et les services concernés sur les arrêts, leur nature, le nombre d’accidents du travail, de maladies professionnelles, de maladies simples, et un échange sur les mesures à mettre en œuvre pour améliorer la santé au travail dans les services.

Nous votons donc contre cette délibération car nous sommes opposés à une telle prime. Qu’elle diminue au bout de 2 ou 3 jours, là n’est pas le problème. Le problème, c’est votre regard sur la maladie, et à travers ça, sur les salariés eux-mêmes. 

La leçon de choses de Pessac renvoie bien évidemment à ce que nous connaissons de longue date à la mairie de Montpellier (à la Région aussi) : Mélenchon prend la Bastille, Michel Passet retourne gérer Montpellier 

 

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