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L'histoire au présent. Un retour sur les années Mitterrand pour mieux... "cerner"... Hollande...

Quand la gauche française était à la pointe de la libéralisation du monde !

 


De Michel Camdessus, le patron conseiller de François Mitterrand à  Louis Gallois, l'actuel patron conseiller de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, la continuité social-libérale...
 
  
La gauche française, pionnière de la dérégulation financière ? (NouvelObs)

"Régulation financière", "rigueur"…D’après un prof d’Harvard, ces enjeux présentés comme des défis pour les candidats de gauche [article publié en septembre 2011 au moment de la primaire socialiste], ont été, dans les années 80, au cœur de la politique de la gauche française. Par Patrick Fauconnier

Extraits (lien vers l'article intégral ci-dessous) :

"A la fin de la décennie 80, écrit Abdelal, les dispositions de l’Union Européenne et de l’OCDE, qui avaient ralenti le processus de mondialisation des marchés financiers, sont réécrites pour épouser une forme libérale. Grâce à ce changement, qui concernait 70 à 80 % des transactions de capitaux dans le monde, la mondialisation financière va progresser à grands pas dans le cadre de règles libérales (…) Cette évolution n’a pu se faire que grâce à l’intervention de trois personnages : Jacques Delors, en tant que président de la Commission européenne, Henri Chavranski, président des mouvements de capitaux à l’OCDE de 1982 à 1994, et Michel Camdessus, président du FMI de 1987 à 2000 ( …) Sans eux, un consensus en faveur de la codification de la norme de la mobilité des capitaux aurait été inconcevable. Ces trois hommes ont beaucoup de points communs, mais il en est un qui saute aux yeux : ils sont Français. Voilà qui est tout à fait curieux car pendant plus de 30 ans la France, plus que tout autre pays, avait multiplié les obstacles à toute modification des textes en faveur de la mobilité des capitaux."

Faisant remarquer que c’est François Mitterrand qui a nommé Camdessus gouverneur de la Banque de France, Abdelal parle de "paradoxe français d’autant plus fort que Delors était une importante figure socialiste et que (…) les français n’y ont pas été forcés par les Etats Unis, au contraire". Il poursuit : "c’est le 'consensus de Paris' et non celui de Washington, qui est avant tout responsable de l’organisation financière mondiale telle que nous la connaissons aujourd’hui, c'est-à-dire centrée sur des économies donc les codes libéraux constituent le socle institutionnel de la mobilité des capitaux".(…)
[...]
"Entre 1983 et 1988 les français ont laissé faire l’internationalisation et lui ont même réservé bon accueil. En 1988 (réélection de F. Mitterrand, NDLR) , ils se sont lancés dans une nouvelle mission internationale. Des personnalités françaises (il cite Lamy en plus de Delors et Camdessus) ont alors joué un rôle de premier plan dans le mouvement pour rendre la mondialisation possible" [...]

Dans le cadre d’une analyse plus politique, [ Rawi Abdelal] consacre plusieurs pages au tournant de 1983, au cours duquel Delors, alors ministre des Finances, Laurent Fabius, ministre du budget et Pierre Bérégovoy, ministre des Affaires sociales, ont convaincu François Mitterrand d’accepter les contraintes du Système Monétaire Européen, qui a amorcé une politique de rigueur : "ils ont amené Mitterrand à choisir l’Europe et l’austérité". Pour lui, c’est Camdessus qui a convaincu Fabius du danger qu’il y aurait à laisser flotter le Franc, et qui a ensuite "introduit de la pensée unique au FMI".[...]

"Fabius, Bérégovoy et quelques autres avaient de bonnes raisons de se donner un programme libéral : se rallier à l’économie de marché permettait de se doter d’une identité politique attrayante, d’un profil "moderne", "compétent", qui tranchait avec l’image "archaïque" et excessivement idéologique d’un Chevènement ou d’un Marchais".

Il poursuit : "L’ardeur de la gauche française à surpasser la droite ne se borna pas à la finance et s’étendit à tous les domaines de la politique économique. Le programme appliqué par Delors, Fabius, Beregovoy allait bien au-delà d’une suppression du dirigisme". Il cite Serge Halimi, patron du "Monde Diplomatique", qui voit dans cette politique "une ambition de faire ses preuves sur le terrain même de l’opposition, ce qui se traduit par une politique encore plus brutale que celle de la droite quand il s’agit d’appliquer des politiques économiques orthodoxes".

Tiré de  Quand la gauche française était à la pointe de la libéralisation du monde !



Nous pensons que l'on peut rapprocher le rôle que fit jouer François Mitterrand, dans la définition de sa politique économique, à un représentant direct du capital, Michel Camdessus, de celui que François Hollande fait jouer à un Jean-Pierre Jouyet à la tête de la Caisse des dépôts et consignations ou, en ce moment crucial de mise du cap sur l'austérité, à un Louis Gallois par ailleurs déjà actif auprès de Mitterrand. Concernant celui-ci arrêtons-nous sur ce que nous en dit Laurent Mauduit dans un article de Mediapart au titre éloquent Sur la pente dangereuse du social-libéralisme (11 juillet 2012) :

Comme dans un plan de communication soigneusement préparé, c’est le Commissaire général à l’investissement, Louis Gallois (ancien patron d’EADS et ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement lors du premier septennat de François Mitterrand), qui se dit, le 7 juillet, devant le Cercle des économistes, favorable à une réduction massive des cotisations payées par les entreprises françaises exposées à la concurrence internationale, afin d'améliorer leur compétitivité.

« Il y a un consensus assez large, face à ce phénomène de dégradation (de la compétitivité nationale) qui paraît inéluctable, et dont nous voyons tous les jours les éléments dans la presse avec les plans sociaux et évidemment le déficit massif de notre commerce extérieur : je crois qu'il faut faire un choc de compétitivité, qui doit toucher le secteur exposé », assure Louis Gallois. Et d’ajouter : « Pour toucher le secteur exposé, il faut que ce choc soit assez massif et qu'il porte sur les cotisations sociales, concernant des salaires relativement élevés. Il s'agit de transférer 30 à 50 milliards pour avoir un effet significatif. »

Observant que le débat sur la TVA a désormais mal tourné, il évoque alors d'autres pistes comme les « taux intermédiaires » de la TVA, et « certainement la CSG », voire « la fiscalité des retraités », jugeant anormal qu'elle leur soit très favorable.

Après avoir détaillé toutes ces réformes possibles, dont beaucoup sont notoirement réactionnaires ou inégalitaires, Louis Gallois conclut : « On a besoin, je crois, de créer un choc de confiance dans le pays. Il va falloir à un moment ou à un autre qu'on se rende compte qu'on ne peut pas se contenter de demi-mesures. » Il faut « créer une onde de choc » en faveur des entreprises, insiste-t-il. Les retraités, qu'il propose de taxer davantage, ou les consommateurs, qu'il propose de ponctionner un peu plus, apprécieront...

Or, quand le Commissaire général à l’investissement fait cette sortie tonitruante devant le temple de la pensée unique (néolibérale) qu'est le Cercle des économistes, François Hollande, qui vient tout juste de lui confier ce poste, ne lui rappelle pas qu’il occupe une fonction publique et qu’il est tenu à une obligation de réserve. Non ! Dès le surlendemain, le 9 juillet, le président de la République crée la surprise en ouverture de la Conférence sociale, en avouant qu’il est à peu de choses près sur la même longueur d’ondes que Louis Gallois. Sur une longueur d'ondes qu'il n'a jamais évoquée tout au long de la campagne présidentielle et qu'il a même combattue. C’est ce qu’il explique longuement dans son discours inaugural à la Conférence sociale. Il suffit effectivement de lire ce discours pour relever le changement de pied. Parlant des défis auxquels la France est confrontée, François Hollande souligne que l'endettement est le premier que la France ait à relever. Et il ajoute : « Le second défi auquel nous faisons face est la détérioration de notre compétitivité. » Le chômage et la précarité ne figurent donc qu’au troisième rang. En quelque sorte, c’est un satisfecit rétrospectif décerné à Nicolas Sarkozy : au moins a-t-il eu le mérite de pointer ce problème de la compétitivité, au moment où la gauche ne voulait pas en entendre parler.

[...] Jean-Marc Ayrault a annoncé que le gouvernement allait confier à Louis Gallois « une mission sur la compétitivité de nos entreprises », avec l'objectif de « préparer la mise en œuvre d'actions concrètes d'ici la fin de l'année » pour améliorer leur « environnement ». Pour mémoire, l'ex-grand patron, à qui les socialistes ont confié cette importante mission, sait de quoi il parle et a une grande expérience. Pour l'année 2011, il a perçu d'EADS une rémunération globale de 3 millions d'euros, dont 990.000 euros en fixe et le reste en rémunération variable. A la tête de ce groupe, il a aussi eu une politique massive de délocalisations d'activités. Une référence patronale, en quelque sorte...

En bref, la politique économique voulue par François Hollande prend soudainement une cohérence. Car on devine sans peine que la compétitivité des entreprises s’accommode assez mal d’une « révolution fiscale », d’un Smic trop rigide ou d’un Code du travail trop contraignant. Entre les deux, il faut choisir. Sa voie, François Hollande semble l’avoir choisie. Une voie bien périlleuse…

Sur la pente dangereuse du social-libéralisme (accès réservé aux abonnés de Mediapart)







 


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