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La bataille contre les licenciements : les analyses et propositions du NPA

Licenciements, fermetures de sites, suppressions de postes : Non négociables ! 

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Des chiffres accusateurs…

L’emploi identifié par les sondages comme la première préoccupation des Français, est bien un des enjeux essentiels de cette rentrée sociale. Avec un taux de chômage officiel à plus de 10 % (et près de 25 % pour les jeunes), la situation est de plus en plus dramatique. Car derrière la perte du travail, c’est l’installation dans la misère pour un temps de plus en plus long de salariéEs, de familles, de quartiers, de régions.

Au-delà de cette frontière infernale, c’est aussi la précarisation qui se développe avec un marché du travail à double réalité, où les contrats atypiques, contrats à durée déterminée (CDD), contrats aidés, intérim représentent quelque 7 % de la population totale et touche la majorité des jeunes en premier emploi. Cette précarisation touche de plus en plus largement la fonction publique des administrations centrales aux emplois territoriaux. Le contrat à durée indéterminée (CDI) est toujours la norme, mais la part de l’emploi précaire augmente, 7, 1 % au 31 mars contre 6, 8 % deux ans auparavant, dans les entreprises de dix salariéEs et plus, selon le ministère du travail. Les 2 000 CDI promis à Pôle Emploi apparaissent presque comme un symbole de la volonté du gouvernement de promouvoir l’emploi durable pour… l’opérateur public chargé des demandeurs d’emploi.

La majorité des licenciements sont des licenciements individuels

Si la Une des médias, après les faits divers et les « exploits » des sportifs, est centrée sur Arcelor ou PSA, les suppressions de postes et les licenciements ne se limitent pas à ces grandes entreprises et à ce mode de liquidation d’emplois. Les emplois en CDD, ceux des intérimaires, des prestataires de services disparaissent sans faire de vagues. Les plans de départs « volontaires », les licenciements individuels, les ruptures conventionnelles alimentent bien plus sûrement Pôle Emploi, dans l’indifférence générale.


L’enjeu de notre revendication d’interdiction des licenciements est à la hauteur de l’enjeu social qui réduit à la misère des millions de personnes. Les stratégies patronales et gouvernementales sont connues : empêtrer les organisations syndicales et les salariéEs dans le dialogue social pour faire accepter leur politique de régression sociale. Les pistes sont multiples : expertises, réunions tripartites, recherches de repreneurs, autant de manœuvres d’enfumage dont le seul objectif est de s’opposer à la mobilisation des salariéEs. Mais l’objectif essentiel est de modifier en profondeur le code du travail pour réduire les droits attachés au CDI, développer les contrats précaires et le chômage partiel. Pour tester ces attaques, des pseudos négociations sont encouragées sous forme de chantage à l’emploi pour faire accepter par les salariéEs et les organisations syndicales les reculs sociaux. Les accords emplois-compétitivité fournissent le cadre de travail des futures négociations initiées par la conférence sur le dialogue social de juillet dernier : réduction des jours de RTT, blocage des salaires, flexibilité sans limites, suppression du paiement des pauses, prêts à d’autres entreprises, déqualification. General Motors, SevelNord ont déjà servi de tests et les intentions des patrons des deux entreprises françaises d’automobile sont limpides.


Coût du travail ou coût du capital ?

Pour Philippe Varin de PSA : « Dans ce contexte, il est évident qu’il y a un certain nombre d’usines à fermer. Nous avons fait connaître nos projets, mais d’autres constructeurs devront mener des opérations similaires. Certains de nos concurrents en Europe perdent encore plus d’argent que nous sur chaque voiture vendue. La situation actuelle n’est pas tenable ». Pour Carlos Ghosn de Renault : « Aujourd’hui, le principal sujet de Renault, notre urgence même, c’est notre compétitivité en France. Ce que le gouvernement a déclaré ces dernières semaines dans ce domaine me semble aller dans le bon sens. Mais nous attendons maintenant des choix et un plan d’action. Nous avons un problème de coût du travail et nous avons besoin de flexibiliser le travail, notamment dans l’industrie. »


Les différents projets de loi ne posent pas non plus les bonnes questions et donc n’offrent pas les bonnes réponses. L’interdiction des licenciements boursiers ? La plupart des licenciements ne relèvent pas de cette catégorie bien difficile à encadrer et les tripatouillages financiers et juridiques en viendront à bout comme est actuellement vidée de sens la notion de motif économique. 


L’obligation de céder l’entreprise à un repreneur ? L’expérience montre que cela a souvent servi de sous-traitance de la liquidation.

L’enjeu est de s’attaquer clairement au pouvoir patronal. C’est une des questions que posent ceux de Fralib ou d’Arcelor : reprendre l’activité sous contrôle des salariéEs, de la population. Ceci implique l’expropriation de ces patrons qui ne gèrent que pour la sauvegarde des profits et la mise en œuvre du contrôle des travailleurEs sur la production.


Ceci nécessite la construction d’une mobilisation qui regroupe d’abord toutes celles et ceux qui se battent le dos au mur contre les licenciements et les fermetures de sites. Mais aussi de tous ceux qui refusent l’austérité, la rigueur budgétaire que les gouvernements veulent imposer pour nous faire payer leur crise.


L’État : plus grand licencieur du pays !


Depuis une dizaine d’années, les gouvernements successifs ont appliqué une politique brutale de suppressions d’emplois dans la fonction publique. La révision générale des politiques publiques (RGPP), mise en œuvre par le gouvernement Sarkozy dès 2007 – la réforme de l’administration territoriale de l’État, la loi Hôpital santé Territoire, la réforme des collectivités territoriales, les fusions imposées, le changement de statut de la poste, la loi liberté et responsabilité des universités, etc. – a accentué le massacre des emplois dans toute la fonction publique mais aussi la mise à mal du service public. La RGPP, qui fixait comme règle le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, depuis 2007, a détruit environ 150 000 emplois (dont 80 000 dans l’Éducation nationale) dans la fonction publique d’État, faisant ainsi de l’État le plus grand licencieur du pays.


Si le nouveau locataire de l’Élysée avait été de gauche, cette politique de destruction massive d’emplois aurait été arrêtée et même inversée en créant des milliers d’emplois dans le cadre d’un service public qui réponde aux besoins sociaux de tous et de toutes, et aux besoins écologiques, par exemple dans des services publics de l’énergie ou des transports collectifs. Mais ce n’est pas exactement ce qui est programmé.


Malgré le rapport sur la RGPP remis à Jean-Marc Ayrault la semaine dernière critiquant cette réforme du quinquennat Sarkozy, le gouvernement sous prétexte de la crise, de la réduction des déficits va continuer la saignée ou pour être politiquement correct va continuer à « rénover l’action publique ». Maryse Lebranchu, ministre de la Fonction publique reconnait elle-même que « personne n’a jamais contesté la nécessité de réviser les missions de l’État », mais le gouvernement précédent « a inutilement gâché cette réforme par la brutalité de la méthode employée ». Autrement dit, le gouvernement Ayrault va continuer la même politique mais avec une autre méthode !


La nouvelle méthode consiste donc, dans un premier temps, à une opération d’enfumage en annonçant des créations d’emplois dans des ministères dits prioritaires (Éducation, Justice, Police). Dans un deuxième temps, en annonçant que ces créations se feraient à effectifs constants. Bref on déshabille Pierre pour habiller Paul. Le projet de loi de finances 2013 prévoit 12 298 suppressions d’emplois dans les ministères « non prioritaires », les plus touchés étant le ministère de la Défense avec moins 7 234 emplois sur environ 308 000 et le ministère de l’Économie et des Finances avec 2 353 postes supprimés. Puis le pôle écologie et logement avec 1 300 suppressions de postes. Un dernier millier de postes à supprimer étant partagés par tous les autres ministères.


Du côté des annonces de création de postes dans l’Éducation nationale, elles ne permettent même pas de revenir sur les coupes drastiques opérées par les gouvernements précédents. Pour l’hôpital public, c’est la poursuite d’une politique qui entraîne chaque jour des suppressions de postes, de lits et régulièrement des fermetures de lieux de soins.


Et encore ces réductions ne disent pas tout des attaques contre les services publics causées par la stabilisation des dépenses de l’État en valeur hors charges de la dette et des pensions de même que la baisse de 7 % des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’interventions pilotables. Alors qu’un objectif de 15 milliards d’euros d’économies sur 2009-2013 avait été affiché dès 2008, dont 12, 3 milliards à fin 2012, ce chiffre devrait être presque atteint (11, 9 milliards), selon la direction du Budget.


Le comble de cette politique, c’est l’accroissement rendu inévitable des effectifs à Pôle Emploi pour faire face à l’augmentation du nombre des chômeurs !


L’explosion du chômage !

Pour le seizième mois consécutif, le chômage poursuit inexorablement sa hausse. La barre fatidique des 3 millions de chômeurEs « officielLEs » en métropole est donc atteinte. Mais derrière ce chiffre symbolique se cache une réalité bien plus grave. Car si l’on prend en compte toutes les catégories de chômeurs, c’est en réalité 5, 5 millions de personnes qui aujourd’hui sont sans emploi ou sans emploi stable, sans compter les radiés et les bénéficiaires du RSA… Les plus touchéEs sont toujours les mêmes : les femmes (11, 5 %), les jeunes (15 % pour les moins de 25 ans) et les « seniors » (plus de 20 % de plus de 50 ans). Encore pire, un chômeurE sur trois est considéréE comme chômeurE de longue durée, c’est-à-dire inscritE depuis plus d’un an. La crise et les politiques d’austérité plongent une part toujours plus importante de la population dans la misère et fait exploser les inégalités.


L’approfondissement de la crise c’est donc, avant tout, la perte de travail, du salaire, c’est-à-dire du seul moyen de vivre pour des millions de salariéEs. Toutes les branches professionnelles sont frappées et la liste s’allonge chaque jour. Et encore ne sont connus que les fermetures et plans de licenciement qui donnent lieu à des ripostes des salariéEs. Chômage, précarité de l’emploi et pauvreté sont évidemment liés. Il y a une majorité de chômeurs pauvres mais aussi de plus en plus de salariés dans cette situation. Depuis dix ans, les bas salaires, les contrats précaires, les mauvaises conditions d’emploi ont augmenté. Près de 2 millions de travailleurs se retrouvent sous le seuil de 60 % du revenu médian en 2009. Face à ce chômage de masse, la seule réponse du gouvernement Ayrault-Hollande est de nous parler de la baisse « du coût du travail », de la flexi-sécurité… Thèmes si chères à la droite et au patronat.


C’est une catastrophe qui s’annonce, et ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise, mais aux capitalistes. Conjurer cette crise nécessite de s’attaquer au pouvoir patronal et de défendre les intérêts de la majorité de la population. Il y a urgence : à grande crise, grands moyens ! Il faut d’abord défendre l’emploi, partager le travail pour travailler tous et toutes, interdire les licenciements. Il faut arrêter les plans de suppressions d’emplois dans le secteur public et, créer des centaines de milliers d’emplois publics. Le nouveau gouvernement nous dit, nous répète, depuis le 6 mai dernier, qu’il faut se serrer la ceinture, que chacun et chacune doivent faire des efforts sous prétexte de la dette et de la réduction des déficits. Nous les accusons de poursuivre la politique responsable de la crise. Il faut leur enlever le contrôle de l’économie et imposer la nationalisation du système bancaire et de crédit sous le contrôle des travailleurs, des usagers et de la population. Cette crise montre, une fois encore, le coût économique et social de la domination capitaliste. Il faut en finir avec ce système !


L’autonomie pour la jeunesse, pas la précarité !

Première mesure en faveur de la jeunesse, le gouvernement Ayrault va créer les « emplois d’avenir ». La loi est passée à l’Assemblée et au ZSénat et les premiers emplois seront ouverts à partir du début novembre.
Le gouvernement compte aller vite pour tenter d’enrayer le chômage des jeunes, cette mesure se destinant en particulier aux jeunes peu ou pas qualifiés vivant dans des zones urbaines ou rurales défavorisées.
Les emplois d’avenir ce sont des emplois subventionnés en grande partie par l’état (jusqu’à 75 % du salaire pris en charge par l’état pour le secteur non marchand) d’au maximum trois ans. Ils peuvent être signés en CDD ou en CDI. On se doute bien que dans le contexte actuel de l’emploi ce sera essentiellement des CDD. Cela signifie pour les jeunes qu’à la fin du contrat, ce sera le retour à la case départ. En effet, aussi bien pour les entreprises que pour des employeurs du secteur non marchand (qui peuvent être des entreprises avec une délégation de service public des associations ou des collectivités territoriales) le manque de moyens et la situation économique incitent à utiliser tous les mécanismes de contrats atypiques, comprenant une aide de l’État ou encore une exonération de cotisations. Le but est de chercher à réduire le coût du travail. En voilà encore une bonne occasion avec ce cadeau de Hollande aux employeurs.
C’est aussi une occasion de remplacer par des contrats précaires de vrais postes qui ont été supprimés et qui devraient être des postes de fonctionnaires. Par exemple, dans les emplois que le jeune pourra exercer, on peut trouver dans le dossier de presse du gouvernement des postes quant au tri des déchets, aux services à la personne. Autant de secteurs où il faudrait créer de véritables postes.

Les contrats de génération

Dans la même veine, le gouvernement prépare aussi la mise en place des « contrats de génération ». Le principe est simple ; en échange de garder un « senior » et d’embaucher un « jeune », l’entreprise obtient des exonérations de cotisations sociales. Là aussi, c’est encore des cadeaux aux entreprises réalisés sur la part indirecte de notre salaire : les cotisations permettant de financer la Sécurité sociale, la retraite etc…

Pas d’opposition au gouvernement contre les emplois d’avenir

Les élus de la gauche démocrate et républicaine qui comprend le PCF et le PG ont voté également pour le texte de loi créant les emplois d’avenir. Alors qu’il n’y a aucune garantie sur la pérennité de ces contrats, que c’est un dispositif spécifique de plus, le Front de Gauche choisit d’accompagner la mise en place des réformes du gouvernement. Il faut pourtant construire dès maintenant une opposition de gauche contre toutes ces mesures qui dégradent notre avenir !

Il n’y a pas un problème de « chômage des jeunes », le problème c’est le chômage tout simplement !
La classe dirigeante justifie les mesures spécifiques envers les jeunes en raison de difficultés particulières que rencontre la jeunesse. Les jeunes ont « moins d’expérience », il faut qu’ils fassent des stages, etc.
Ce discours qu’on nous rabache sans cesse n’est qu’un prétexte pour nous payer moins et nous exploiter davantage. De plus, en mettant en place des mesures spécifiques pour les jeunes, le gouvernement met en concurrence l’ensemble des salariéEs entre eux. Ce dont nous avons besoin, c’est de se battre pour défendre aux côtés des salariéEs les emplois d’aujourd’hui qui seront nos emplois de demain. C’est pour cela que nous appelons les jeunes à se mobiliser le 9 octobre pour demander la fin de tous les contrats précaires, le seul contrat devant être le CDI pour tous. De même, pour en finir avec la galère pendant nos études ou notre formation, il faut la mise en place d’une allocation d’autonomie à hauteur du Smic.



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