Olivier Besancenot au 12/13 de France 3 le 28-10-2012
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On vit ici. On reste ici. On vote ici !
Entre l’offensive de l’extrême droite et la surenchère de la droite
« décomplexée », le gouvernement Hollande-Ayrault recule sur toutes les
promesses faites par le PS depuis de longues années sur l’égalité des
droits.Pas un jour qui ne nous réserve son lot de petites phrases
fielleuses, racistes et xénophobes.
Lundi 29 octobre sur Europe 1, Philippe Meunier, député UMP du Rhône,
se lâche, en s’indignant contre les mariages bruyants, invitant leurs
participants à retourner dans le pays de leurs ancêtres... « Ici, nous
sommes en France ! » conclut notre matamore. La droite chaque jour un
peu plus « décomplexée » après le feu vert donné par Copé et ses pains
aux chocolats, prend l’initiative du débat politique sur les questions
dites sociétales, volant la politesse à un Front national qui n’en
demandait pas tant. Cette polarisation à droite, dans la continuité de
la campagne présidentielle menée par Sarkozy, permet aujourd’hui le
passage à l’acte de groupes fascistes tel Génération identitaires
n’hésitant pas, comme à Poitiers, à occuper une moquée en construction.
Cette action raciste et islamophobe a obtenu la bienveillante
compréhension de Marine Le Pen... et du groupe d’extrême droite sioniste
Ligue de défense juive qui s’est à maintes reprises illustré par ses
attaques contre les militants défendant la lutte du peuple Palestinien
en toute impunité.
On le voit, le Rubicon est largement franchi, et la
question qui devrait se poser à toutes les organisations progressistes,
et plus largement à toutes celles et tous ceux qui se réclament des
valeurs du mouvement ouvrier, est : comment mettre un coup d’arrêt à ce
déferlement raciste, islamophobe et homophobe ? Comment contester cette
volonté d’hégémonie idéologique de la droite, nostalgique d’un ordre
moral qu’elle tente de restaurer à toute occasion ?
Les électeurs de François Hollande, dont beaucoup nourrissaient
fort peu d’illusions sur son programme économique et social – et la
situation actuelle leur a donné raison – étaient en droit d’espérer
qu’au moins sur le terrain des libertés publiques et de l’égalité des
droits, le gouvernement rose et vert mette en application certaines
propositions du candidat socialiste. Las ! Entre les rodomontades
sécuritaires de l’agité de la place Beauvau et les divers reculs dans la
mise en place du calendrier législatif du gouvernement, c’est à la
poursuite des politiques sécuritaires et liberticides que l’on assiste.
Le projet de loi sur le mariage gay ne sera ainsi présenté au Parlement
qu’en janvier 2013, passablement édulcoré, s’il n’est pas purement et
simplement abandonné ou mis aux calendes grecques. La manifestation de
Civitas du 18 novembre à Paris contre le mariage gay et contre
l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, est déjà considérée
comme le coup d’envoi de grands rassemblements réactionnaires évoqués
par Copé dans son « face à face » avec Fillon.
Mais plus encore que le mariage gay, c’est sur la question du droit
de vote pour les étrangers – encore une proposition du candidat
Hollande – que la radicalisation de la droite et le rapprochement avec
le Front national risquent de s’opérer si ceux-ci ne rencontrent pas sur
leur chemin la mobilisation des antiracistes, des antifascistes, et des
progressistes. Or, par un manque de courage politique inquiétant, ce
gouvernement semble, une fois de plus, tergiverser et n’envisager de
présenter ce projet de loi qu’au mieux... en 2014, autant dire qu’il ne
le fera pas. Si on peut entendre l’argument suivant lequel cette loi
nécessiterait une modification constitutionnelle, qui ne pourrait être
obtenue qu’après un vote majoritaire des 3/5e du Congrès (chambre des
députés + Sénat), l’abandon de l’organisation d’un référendum populaire
serait une capitulation idéologique majeure ouvrant une voie royale à la
droite et au FN.
On peut ne pas gagner les batailles que l’on mène,
mais on est sûrs de perdre celles que l’on ne mène pas. Ce n’est qu’en
s’appuyant sur la mobilisation de notre camp social et en reprenant le
combat antiraciste que l’on pourra reconquérir le terrain abandonné à
l’extrême droite. La résistance à « l’air du temps » doit se nourrir des
mobilisations telles que celles de Poitiers où une manifestation
unitaire s’est déroulée en réaction à l’occupation de la mosquée, ou à
Orange en réaction à la tenue d’une convention des identitaires. Il n’y a
pas de petites ripostes, toutes ont un sens dans la situation actuelle.
Mais il en va de la crédibilité des anticapitalistes d’être partout à
l’initiative pour mettre en place des cadres unitaires antiracistes et
antifascistes tant au niveau local qu’au niveau national... l’heure de
la contre-offensive est venue !
Alain Pojolat
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