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Montpellier. Un aéroport socialement et écologiquement "high-cost"


A propos d'un article "publicitaire" de Midi Libre sur l'aéroport de Montpellier
 
L'article ci-dessous de Midi libre sur la nouvelle stratégie de développement de l'aéroport de Montpellier est significatif de la logique purement marchande qui anime les promoteurs dudit développement : sans surprise il n'y a chez eux aucune réflexion en termes d' impact antiécologique, rien sur la contribution du transport aérien au réchauffement climatique (soit 2% des émissions de gaz carbonique tous secteurs confondus et 13% de celles liées aux activités de transport dans le monde). 

Tout n'est, dans ces lignes, que réduction des coûts et des tarifs adaptés au marché pour une logique de toujours plus de flux aérien avec, fort logiquement, une polarisation sur le low-cost qui a largement fait ses preuves, pour ce qui nous concerne via Ryanair, sur sa politique antisociale (surexploitation de son personnel et atteintes au droit du travail), la baisse de ses prestations passagers avec, y compris, des prises de risques inconsidérés sur la sécurité des vols (limitation des approvisionnements en carburant) sans parler de son recours goulu aux financements publics par un chantage permanent à la délocalisation

A partir des informations disponibles (1), le statut de SA, de  Société Anonyme (Midi Libre pressé d'aller au fond de ce qui est, il est vrai, la pratique commerciale, parle tout court de "société privée" !), obtenu en 2009 par l'aéroport de Montpellier, devrait amener à s'interroger sur la démission des collectivités territoriales et de l'Etat par rapport au tout marchand qui est présenté dans l'article. L'actionnariat de la société anonyme se répartit en effet comme suit : "60 % Etat, 25 % CCI de Montpellier, 7 % Département de l'Hérault, 6,5 % Région Languedoc Roussillon, 1 % Communauté de Communes du Pays de l'Or, 0,5 % Montpellier Agglomération". La conclusion est claire : l'actionnariat public hégémonique est au service d'une logique commerciale privée consacrée par sa gestion de CCI !

On notera, en lien avec ce qui précède, les "anomalies" sur les contrats passés entre l'aéroport de Montpellier, et par voie de conséquence les collectivités de financement public composant son actionnariat, et Ryanair [c'est nous qui soulignons]: "Comme pour la majorité des contrats passés entre les aéroports régionaux français et Ryanair, les contrats signés entre les deux parties prévoient des aides financières versées par l’aéroport. A 9€ par passager, la subvention atteindrait 4,5M€ de 2002 à 2006

En 2010 comme en 2009, le conseil régional qui finance la Chambre de commerce et d’industrie de Montpellier, a versé environ 2 millions d’euros à Ryanair..

Le rapport de la cour régionale des comptes pointe certains avantages accordés exclusivement à Ryanair : « Au niveau tarifaire, il est observé que les redevances aéronautiques ont été forfaitisées pour Ryanair alors que les autres compagnies qui desservent la plateforme de Montpellier sont soumises aux dispositions des guides tarifaires qui ne prévoient le régime forfaitaire que pour les aéronefs non commerciaux de moins de six tonnes. La redevance « passager » a été fixée en 2002 à un niveau inférieur à celui du guide tarifaire applicable de 2,78 € HT. Elle a été plafonnée alors que le guide tarifaire ne prévoit pas une telle disposition. Enfin, le contrat ne précise pas si les tarifs sont hors taxes ou taxes incluses. » [...] La chambre souligne également une irrégularité concernant les modalités commerciales, en notifiant qu'« aucun bon de commande n’a été émis par le concessionnaire » pour demander à Leading Verge l’exécution des prestations décrites dans le marché et en déterminer la quantité. Ce qui constitue une irrégularité compte tenu que « cette situation est contraire à l’article 11 du code des marchés publics 2001 (…) les marchés publics sont des contrats écrits. L’acte d’engagement, les cahiers des charges et, le cas échéant, les bons de commande, en sont les pièces constitutives. »

De plus, la chambre régionale des comptes souligne que « Plusieurs éléments conduisent à penser que le soutien multiforme, apporté par la Chambre de commerce et d’industrie de Montpellier et l’aéroport de Montpellier directement ou indirectement au travers des marchés avec Leading Verge, pourrait constituer une aide directe à la compagnie irlandaise Ryanair.


Voilà, en quelques mots, de quoi éclairer ce que l'article, finalement bien complaisant envers l'aéroport de Montpellier, laisse dans l'ombre : la logique de marché dans la gestion de l'aéroport de Montpellier amène les structures publiques de la SA à contourner le code des marchés publics !

En ces temps de crise, les sirènes du développement du trafic aérien cherchent à faire oublier l'urgence qu'il y a à mettre le cap sur un choix écologique et social de diminution du transport aérien et de défense, par reconversion corrélée, des emplois de ce secteur. Il va de soi que seul un passage en service public des transports, induisant lui-même une cohérence avec une révolution "mentale" et économique dans le choix des modes de transports, pourrait permettre de sortir du mirage, tout compte fait high-cost pour la majorité de la population, proposé par l'aéroport de Montpellier. C'est ce qui se joue, dans la perspective d'une incontournable transition énergétique impliquant des ruptures radicales avec l'existant, à travers l'opiniâtre résistance des manifestants à l'Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes (en région nantaise) face au gigantesque déploiement policier engagé par le gouvernement...écolosocialiste ! Résistance qui appelle notre solidarité à leur endroit mais aussi notre propre résistance à l'argumentaire, relayé par Midi libre, du président du directoire de la société aéroportuaire de Montpellier qu'un Vinci, le principal bénéficiaire de l'aéroport nantais, ne désavouerait pas. 

Illustration : 

Montpellier. Le modèle de l’aéroport sur les rails de la mutation pour être plus attractif
KARIM MAOUDJ
Midi Libre 05/11/2012, 06 h 00

Plombé, ces dernières années, par des conjonctures pas toujours favorables, l’aéroport Montpellier Méditerranée n’a eu d’autres choix que de réagir. Conforté par son nouveau statut de société privée, adopté en juin 2009, il a revu toute sa stratégie de développement, sous l’impulsion de Cyril Reboul, président du directoire de la société aéroportuaire.

Ce changement d’orientation s’est appuyé, fort opportunément, sur le phénomène des compagnies à bas coût. Ont ainsi pris place sur le tarmac montpelliérain les plus dynamiques : Ryanair, Esasy Jet, Transavia, puis, plus récemment, Air Arabia (qui détient l’exclusivité sur le Maroc) et, depuis septembre dernier, Volotea, la nouvelle venue dans le ciel européen. La position de l’opérateur historique qu’est Air France évolue. Même si elle assure plus de 60 % du trafic, la compagnie nationale est chahutée de toutes parts. D’autant que le modèle low-cost ne cesse de s’adapter pour plus d’efficacité.

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