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RMC, taille (petit) patron
par Denis Perais, le 4 décembre 2012 (Acrimed)


L’émission « Bourdin & Co », diffusée sur RMC, qui se présente pourtant comme une radio ouverte au débat, est loin de réserver la même place aux « petits » patrons et à leur salariés. Et ce, au moment même où les 4,6 millions de salariés évoluant dans les très petites entreprises (les TPE) vont pouvoir, pour la première fois (du 28 novembre au 12 décembre), voter pour des syndicats qui les représenteront dans des négociations avec leurs employeurs. Un constat édifiant.



Pleine lumière sur les « petits » patrons

Le 19 novembre à 6 heures 48, Jean-Jacques Bourdin confessait : « Vous le savez, ici, nous sommes à l’écoute des PME, des TPE. » Effectivement, « l’état de santé » de... leurs patrons est une préoccupation constante de plusieurs des chroniqueurs de la station. En témoignent par exemple les « Trophées PME - Bougeons-nous » que RMC organise tous les ans depuis 2010, et qui ont été remis cette année le 22 octobre au Théâtre Marigny à Paris par Jean-Jacques Bourdin en personne.

Le 7 novembre déjà, Jean-Jacques Bourdin montrait que l’avenir de ces entreprises l’émeut tellement qu’il se « lâchait » littéralement en lançant la chronique économique de Nicolas Doze : « Les TPE [...] sont accablées de charges et de documents administratifs dans lesquels elles se noient ».

Ce dernier, lors de sa chronique économique du 28 novembre s’étranglait que l’on puisse demander des contreparties au crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi (CICE) qui va quand même permettre d’alléger de 4 % en 2013 et de 6 % en 2014 - aux frais du contribuable - la masse salariale payée par les entreprises : « On doit faire confiance aux entreprises. »

Une semaine plus tôt, le 21 novembre, à 6 heures 48, au téléphone avec un artisan albigeois se plaignant de l’augmentation de la cotisation foncière des entreprises (CFE), payée par les entreprises à certaines collectivités locales pour compenser la suppression de la taxe professionelle, Jean-Jacques Bourdin, volait à son secours : « On s’en occupe, on va balancer une pétition [...] C’est injuste [...] on va être le détonateur. »

La pétition n’a pas eu besoin d’être lancée puisque le Sénat adoptait le 27 novembre un amendement au projet de loi de finances 2013 leur donnant satisfaction : « Les communes et communautés qui le souhaitent pourraient ainsi revoir à la baisse les bases minimum de CFE qui avaient été définies pour 2012, lors de délibérations des conseils municipaux ou communautaires en 2010. » [...]


Lumière tamisée sur les salariés 

En revanche, il est plus rare d’entendre les journalistes et chroniqueurs de la station se mettre à la place des... salariés de ces petites et moyennes entreprises. Ainsi, s’il arrive à l’émission « Bourdin & Co » de leur donner - avec parcimonie - la parole, nous ne l’avons jamais entendu prendre fait et cause pour l’amélioration de leurs conditons d’emploi qui ne sont guère reluisantes.

Pourtant, de nombreuses publications officielles de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), ou de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi (DARES) révélent la sous-qualification des emplois dans les TPE ; des salaires sensiblement moins élevés avec une forte proportion de travailleurs rémunérés au niveau du salaire moyen interprofessionnel de croissance (SMIC) ; la place importante tenue par le travail à temps partiel qui pénalise en priorité les femmes ; un recours beaucoup plus fréquent aux contrats à durée déterminée et aidés ; et enfin, un accès beaucoup plus difficile à la formation professionnelle.

Mais quand la station se penche sur leur sort, c’est pour dire qu’il faut qu’il... perdure ! Ainsi, le 26 juin, dans sa chronique économique, Nicolas Doze, s’abritant derrière l’argument d’autorité d’« experts » dont les noms ne nous sont pas dévoilés, était catégorique au sujet de la hausse du SMIC : «  Économiquement, ce n’est pas moi qui le dit, les hausses sont néfastes, ce sont des conclusions qui ont été menées par des quantités d’économistes et notamment des économistes très sociaux ». Nicolas Doze ne manquant évidemment pas de déplorer que les premiers perdants, « ce sont d’abord les très petites entreprises.  » [...]

Ce contraste entre la place accordée aux « petits patrons » et à leur salariés n’est finalement pas si surprentant que cela, RMC ayant fait des premiers une cible éditoriale et commerciale prioritaire. Elle créée néanmoins une distorsion notable : la caisse de de résonance qui leur est ainsi offerte favorise leur vision de la société mais aussi leurs intérêts, au détriment de ceux des salariés .

Ne s’agirait-il pas aussi, avec l’appui quotidien des « chiens de garde » médiatiques de la station, Jean-Claude Bourdin, Éric Brunet et Nicolas Doze notamment, de peser sur les orientations économiques et sociales prises par le gouvernement ? Et de tenter ainsi de l’influencer pour favoriser les intérêts directs du propriétaire de... RMC et du groupe Nextradio TV, Alain Weill. Un patron dont les méthodes particulièrement brutales avec ses salariés, avaient été mises en évidence dans une enquête publiée dans Télérama ?

Des méthodes qui ne gênent visiblement pas Jean-Jacques Bourdin, qui est non seulement un conseiller d’Alain Weill depuis 2001, mais aussi, aujourd’hui, l’un de ses proches : à l’occasion d’une conversation très confraternelle avec Guillaume Erner de France Inter et Christophe Ono-dit-Biot du Point, il avouait ainsi le 22 décembre 2010 aux auditeurs de l’émission « Souriez, vous êtes informés » sur la radio publique qu’« on est devenus très amis avec Alain », concédant au passage : « Parfois, je prends parti. »
Parfois seulement ?

L'article intégral sur le site d'Acrimed 



La position du NPA sur les TPE

  • LEGISLATION DES TPE/PME
5.    Quelles actions envisagez-vous de mettre en place pour renforcer le poids des TPE/PME dans l’économie française ?

Le renforcement du poids de TPE/PME dans l’industrie n’est pas une fin en soi, il n’est positif que si :

  • Il ne signifie pas le dumping social mis en place dans le cadre de la sous-traitance industrielle ;
  • Les conditions de travail de ses salariés y soient correctes.
6.    Envisagez-vous de revoir la fiscalité des entreprises (notamment des TPE/PME) ?

La fiscalité actuelle favorise les grands groupes, au détriment des TPE/PME
Le taux de l’impôt sur les sociétés a baissé ces dernières années : de 45 % en 1986, il est passé à 33,3 % actuellement. Mais il y a en plus une foule de mesures dérogatoires (profitant notamment aux grandes entreprises, comme le « bénéfice mondial consolidé » ou « l’intégration fiscale »). En 2010, le taux réel d’imposition des bénéfices des sociétés est bien inférieur à son taux officiel, et il est carrément dégressif selon la taille des entreprises. En 2010 : 18 % en moyenne, et derrière cette moyenne : 28 % pour les entreprises de moins de 10 salariés, 13 % pour les entreprises de plus de 2000 salariés, 8 % pour les entreprises du CAC 40 ! Evidemment tous ces cadeaux fiscaux sont autant de profits et de dividendes supplémentaires pour arrondir la pelote des actionnaires.

Nous voulons :

  • Annuler les cadeaux fiscaux aux privilégiés depuis disons 2000 (de Jospin à Sarkozy) : ce serait immédiatement récupérer au moins 100 milliards d’euros ;
  • Rendre l’impôt beaucoup plus progressif d’un côté, favoriser le travail et non le capital et les patrimoines financiers et immobiliers, favoriser les travailleurs et pas les rentiers, les héritiers et les spéculateurs.
Tiré de Les propositions de Monsieur Philippe Poutou (JuriTravail.com)

Partout [dans les régions gérées par la gauche] se sont multipliées les aides et subventions aux entreprises, ainsi que les exonérations de « charges » sous couvert de favoriser l’emploi – exactement comme le fait le pouvoir central. Si les plans en question ne dépassent jamais quelques dizaines de millions d’euros par an, leurs auteurs se vantent que « l’amorçage » régional permet, par « effet de levier », de décupler les financements (en provenance de l’État, de l’Union européenne et d’autres collectivités territoriales). Selon le vice-président communiste en charge de l’action économique en Île-de-France, un plan de 60 millions d’euros mis en œuvre en 2009 aurait entraîné des aides d’un montant total de 450 millions (Regards sur l’Île-de-France, décembre 2009, page 11). En Bretagne, les 53 millions de subventions régionales accordés depuis 2006 au pôle de compétitivité Automobile se seraient traduits par un financement public global de 1, 5 milliard.

Les bénéficiaires sont des PME « compétitives », donc travaillant de préférence comme sous-traitantes de grands groupes, des entreprises plus grandes et des multinationales, dont celles du CAC 40. 

La gauche dans les régions : un néolibéralisme saupoudré de social et d’écologique


- Interdiction  les licenciements. "Pas d'interruption du contrat de travail ni de suspension de la rémunération tant que le salarié n'a pas retrouvé un travail équivalent. Si l'entreprise en a les moyens, c'est à elle de prendre en charge le salarié. Sinon c'est au patronat collectivement d'assurer la garantie de l'emploi : le salarié sera pris en charge par un fonds de sécurité de l'emploi [financé par les entreprises]"

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Hier à 13 h, devant l’hôtel d’agglo, les professionnels ont fait savoir leur mécontentement au sujet de la Contribution foncière des entreprises. (Photos R. DE HULLESSEN)

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