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Carcassonne. Pilpa. "Un jour, il faudra se mettre hors la loi, occuper l'usine et bloquer les machines"




7 janvier : Carcassonne. Pilpa : le boulot ne reprend pas pour tous (La Dépêche)

 
Carcassonne. Pilpa : retour à l'usine et au combat

(La Dépêche, le 4 janvier 2013) 

Inquiets mais toujours soudés, les Pilpa ont repris hier le chemin de l'usine et de l'assemblée générale./Photo DDM, Sylvie Leclercq. ()
Inquiets mais toujours soudés, les Pilpa ont repris hier le chemin de l'usine et de l'assemblée générale./Photo DDM, Sylvie Leclercq. 

Six mois. Depuis le 5 juillet et l'annonce du plan social censé aboutir au licenciement collectif des 124 salariés de l'usine Pilpa, six mois se sont passés. Et hier, à l'heure de la reprise du travail, l'heure était à la remobilisation. Car en dépit des diverses procédures qui leur ont permis de continuer à travailler six mois de plus, il s'agit aujourd'hui de maintenir la cohésion des salariés.

À en juger par l'affluence lors de l'assemblée générale d'hier, les salariés font toujours front commun. Même si certains sont tentés d'aller négocier en solo - sans résultat pour l'heure, comme cette employée pour qui les discussions demeurent vaines depuis un an - un petit pécule de départ.

Reste que le discours des représentants du personnel a pris hier un ton plus musclé. Le mépris affiché par le directeur général du groupe R & R Ice Cream, Lionel Rolland, dans son dernier courrier en réponse à la Direction du travail (lire notre édition du mercredi 2 janvier) n'y est sans doute pas étranger. [voir ici la position de la Direction du travail]

«Nous, on produit ; eux, ils cassent, martèle Rachid Aït-Ouakli, délégué CGT. Il faut tout faire pour qu'on puisse continuer à travailler le plus longtemps possible. S'il le faut, nous attaquerons le PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) en justice». Christophe Barbier, le secrétaire du comité d'entreprise va plus loin : «Il faut défendre l'outil de travail. Envisager d'aller dans l'usine pour protéger les machines, se mettre hors la loi s'il le faut.»

On n'en est pas encore là. Mais le rapport de force est en train de se tendre. D'autant que dans ses vœux à l'entreprise [...] Lionel Rolland persiste à dire que le site de Carcassonne n'est pas rentable et considère la fermeture du site de Carcassonne en ces termes : «Nous n'avons malheureusement pas d'autre alternative.»

Or, observe le délégué CGT Maxime Jarne, «ils sont capables d'investir 77 M€ pour racheter une entreprise en Italie».

La rapacité des actionnaires d'Oak Tree, le fonds de pension américain actionnaire majoritaire du groupe, n'a semble-t-il pas de limites.




Au tribunal le 10 janvier


Prochaine étape pour les Pilpa : jeudi 10 janvier à 9 h 30 au tribunal de grande instance. Les représentants du personnel ont saisi le juge des référés appelé à trancher entre les deux interprétations de son ordonnance du 11 décembre. La direction estime qu'elle doit produire une simple nouvelle version de son plan social en reprenant la procédure là où elle avait été arrêtée le 9 novembre, date à laquelle les représentants des salariés avaient saisi la justice une première fois. Lesquels salariés pensent quant à eux, et ils sont appuyés dans cette voie par les services du ministre du Travail, que la procédure doit reprendre de zéro.



Carcassonne. Les Pilpa : "Si on négocie, on n'obtiendra rien"

L'Indépendant. Le 4 janvier2013
PHOTO/Ch. B.

Ne croyez pas que vous allez avoir vos 50 000€ avec six mois de grève !" À chaque fois qu'ils sont réunis en assemblée générale, les salariés de Pilpa ne manient pas la langue de bois. À commencer par Rachid Aït-Ouakli, délégué CGT. Hier midi, il a cité l'exemple d'une usine où "les salariés s'étaient battus deux ans avant d'obtenir 90 000€ par salarié".

Par contre, "dans une autre boîte, ils avaient cédé et n'avaient pris que 3/10e de salaire, soit le minimum légal". La plupart des Pilpa en sont aujourd'hui persuadés : chaque jour qui passe est une petite victoire. "Si on négocie maintenant, on n'aura rien. On comprend que certains d'entre vous sont dans une situation financière difficile. Mais on a un salaire qui tombe tous les mois", souligne Christophe Barbier, délégué du personnel.

"En annonçant la fermeture le 5 juillet, la direction croyait que tout serait fini fin août. On est le 3 janvier et on est toujours ouverts". Pendant les vacances, "50 % des salariés ont participé aux permanences afin de vérifier que les machines ne soient pas déménagées, précise Rachid Aït-Ouakli.
La menace était réelle, car on a appris qu'elles étaient attendues en Gironde (sur un autre site de R & R)". Tous les regards sont tournés vers la prochaine audience au tribunal de grande instance, le 10 janvier. "Si le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) n'est pas cassé sur la forme, on attaquera en justice sur le fond, prévient Rachid Aït-Ouakli. Mais un jour, il faudra se mettre hors la loi, occuper l'usine et bloquer les machines".


Les vœux du directeur


Hier, les salariés ont regardé en direct le reportage diffusé dans le journal de 13 h de TF1. Avant de l'applaudir très fort. Leur combat est médiatisé dans toute la France, ce qui leur donne du courage et de la fierté. La lecture des vœux de Lionel Rolland, directeur général de R & R France, a été l'occasion d'éclats de rire. Surtout le passage où "les efforts finiront par payer".

Aujourd'hui, c'est dans leur combat contre la direction que les salariés placent tous leurs efforts.



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