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Région. Hôpitaux en souffrance...Les offres de soins doivent échapper aux comptabilités importées du privé !

 
Languedoc-Roussillon : des hôpitaux menacés d’asphyxie
S. GUIRAUD (avec agences Midi Libre) 04/02/2013 
 [Illustration NPA 34]


Alors que Nîmes et Montpellier viennent de trouver des fonds sur les marchés, d’autres peinent à financer leurs investissements.

"Il y a trois ou quatre ans, les banquiers se battaient pour financer nos investissements. Aujourd’hui, on a du mal à trouver des liquidités." C’est pourtant l’heureux directeur d’un établissement relativement épargné par la crise qui parle.

Mais l’argent se fait rare pour des centres hospitaliers de plus en plus endettés, qui ont du mal à financer des investissements indispensables à leur performance et leur attractivité. Pour preuve, le soulagement de 16 CHU, dont Nîmes et Montpellier, lorsqu’ils ont décroché il y a trois jours un emprunt de 228 M€ sur les marchés.

"C’était très important qu’on réussisse cette relance" Philippe Domy, directeur du CHU de Montpellier

"C’était très important qu’on réussisse cette relance au tout début de 2013", s’est aussitôt félicité Philippe Domy, président de la conférence des directeurs généraux de CHU, et directeur général du CHU de Montpellier.

Cette année, ce paquebot de 11 000 salariés a été contraint de geler 297 postes (sans licenciement) sur deux ans pour éponger un déficit de 19 M€. Indispensable pour "redresser la situation de l’établissement à court terme", s’est justifié le DG, début janvier. "La seule solution pour permettre au CHRU de mener ses projets ambitieux." Cette année, 70 M€ d’investissement sont prévus.

Ailleurs dans la région Languedoc-Roussillon

Ailleurs, on ne manque pas moins d’ambition : à Bagnols-sur-Cèze (Gard), la moitié des services a déménagé l’an dernier dans un nouvel hôpital ; une opération identique est en cours à Perpignan. À Carcassonne, il faudra attendre 2014. Et le CHU de Nîmes qui a investi 140 M€ (et créé 250 emplois) depuis 2007, en programme autant d’ici cinq ans, "tout en étant à l’équilibre", précise le DG Jean-Olivier Arnaud, qui s’inscrit "dans un cycle vertueux".

Ce n’est pas toujours le cas. À Rodez, accusé par la chambre des comptes d’avoir vu trop grand pour son nouvel établissement, le niveau d’endettement cumulé atteint 100 M€. Ailleurs, pas évident de rassurer les banquiers, seul recours des “petits” hôpitaux, privés d’accès aux marchés.

"Les organismes bancaires, frileux, ne répondent plus aux besoins du centre hospitalier", accuse le député-maire PS de Carcassonne, Jean-Claude Pérez, alors que le directeur de l’hôpital de la ville, Bernard Nuytten, a dû démentir, il y a quelques jours, des rumeurs de "cessation de paiement" et des risques d’interruption de chantier du nouvel établissement. Reste à trouver 36 M€.

À Lunel (Hérault), engagé dans un plan de redressement, les banques viennent de refuser de financer 12 M€ nécessaires au déménagement de l’hôpital.

Face à la crise encore, la direction de l’hôpital de Millau a été confiée cet été au DG de Montpellier, entorse aux sacro-saintes frontières entre deux régions, pour tenter de renouer avec la croissance et faciliter l’accès aux liquidités. "C’est unique en France", souligne l’Agence régionale de santé de Midi-Pyrénées. Encore une fois, il y avait urgence.


La sanction Moody’s

Après la dégradation, l’été dernier, de la note des CHU par l’agence Moody’s au nom des difficultés financières de certains établissements, l’emprunt de 228 M€ accordé à 16 CHU est une “bouffée d’oxygène”. L’emprunt a été conclu facilement au taux de 3,65% sur des marchés obligataires attentifs à la certification des comptes et au niveau d’endettement. Philippe Domy admet que le financement des investissements des hôpitaux a subi des "tensions" en 2012.

L'article sur le site de Midi Libre

 La position du NPA


Nouvelle politique hospitalière ou aménagement de la loi Bachelot ?

Entre 2003 et 2007, sous le nom de « plan Hôpital 2007 », s’est mise en place une contre-réforme globale du système de santé qui a été complétée par la loi Hôpital Patients Santé et Territoires (plus connue sous le nom de « loi Bachelot). Le pivot de cette réforme est la tarification à l’activité (T2A).

L’hôpital ne reçoit plus un budget lui permettant de remplir ses missions, il est rémunéré d’après sa « production »… de soins. Grâce à une tarification identique, hôpitaux et cliniques commerciales peuvent être mis en concurrence. La T2A constitue aujourd’hui l’essentiel (75 %) des ressources des hôpitaux généraux.

Le gouvernement affirme vouloir redonner sa place à l’hôpital et reconnaitre par un financement spécifique ses missions de service public. Il a annoncé sa décision d’abandonner en 2013 la « convergence tarifaire » entre cliniques commerciales et hôpital public, qui les mettait directement en concurrence alors qu’ils n’accueillent ni les mêmes malades ni les mêmes pathologies.

Toute mesure sérieuse en ce sens devra être soutenue, mais au-delà des annonces, le changement risque là aussi d’être bien mince. La tarification à l’activité ne sera pas supprimée mais aménagée. Le fonctionnement du service public sur le modèle de l’entreprise, avec pour premier critère la rentabilité et la productivité, est donc maintenu.

Redonner sa place à l’hôpital supposerait de lui en donner les moyens, c’est-à-dire mettre fin à la cure d’austérité qui lui est imposée et qui se traduit par des budgets insuffisants, des suppressions d’emplois, l’obligation d’emprunter auprès des banques pour rénover le matériel et les infrastructures. Or le PLFSS 2013 poursuit la même ligne d’austérité budgétaire que les gouvernements précédents. Il entend même imposer à l’hôpital 657 millions 
d’économies supplémentaires. Ce qui signifiera de nouvelles suppressions d’emplois, « compensées » par 4 000 « contrats d’avenir » précaires et non qualifiés.

Les restructurations, les fermetures de lits et de services voulues par la loi Bachelot vont donc continuer. Cette loi ne sera pas abolie mais seulement aménagée. Le gouvernement se situe là également dans la continuité en affirmant sa volonté de cantonner l’hôpital à des missions restreintes, en lui substituant des dispositifs libéraux (maisons médicales…) ou médico-sociaux. Moins de service public, plus de secteur libéral, commercial ou de médico-social à bas coût, telle est son orientation, C’est pourquoi le pouvoir des ARS (Agences régionales de santé), pivot de la loi Bachelot, est maintenu.

Plus que tout discours, la vérité de la politique gouvernementale se trouve dans les chiffres du PLFSS 2013 : une augmentation de 2, 7 %, c’est-à-dire 2, 5 milliards supplémentaires d’économies sur les dépenses d’assurance maladie. Sarkozy, lui, préconisait 2, 5% !3

Une résistance européenne

Pour la santé, la « règle d’or » et l’austérité c’est donc maintenant ! Ce gouvernement, comme ses homologues européens de gauche et de droite, est engagé dans la même politique de restriction des soins accessible à tous, de marchandisation et de privatisation de la santé.

Cette politique doit être combattue, au même titre que l’ensemble de la politique d’austérité de ce gouvernement. Ce n’est pas seulement l’affaire des professionnels de santé, mais celle de tous les salariés, de leurs syndicats interprofessionnels, du mouvement social et des partis. C’est le mérite du collectif « Notre Santé en Danger »4, dont le NPA est membre, de poser les bases de cette résistance.

C’est dire aussi l’importance de fédérer la mobilisation au niveau européen autour du réseau européen contre la marchandisation et la privatisation de la santé, à l’origine de la première semaine d’action coordonnée sur cette question en Europe, qui a eu lieu du 1er au 6 octobre 2012. 

L'intégralité de l'article  

Soins gratuits et service public de santé




Franchises médicales, extensions des dépassements d’honoraires, déremboursement de médicaments, loi Bachelot, toutes ces réformes ont pour objectif de transformer la santé en activité lucrative entièrement livrée au privé. Nous nous opposons à cette logique en défendant une santé pour touTEs ainsi que la constitution d’un véritable service public de santé.




 


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