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Région. Une guerre des ports en vue sur fond de financements publics "pharaoniques" ?




Des décisions économiques à fortes incidences écologiques et sociales sans consultation de la population
 
Languedoc-Roussillon : la région a-t-elle besoin de deux grands ports ?


OLIVIER SCHLAMA Midi Libre 01/02/2013 

Le port de Sète emploie actuellement 1 800 personnes.
Le port de Sète emploie actuellement 1 800 personnes. (VINCENT ANDORRA)

Plus de 500 M€ pour Sète et Port-la-Nouvelle, dont une large part de la Région qui mise sur leur complémentarité.

Trois cents millions d’euros à Sète, 200 M€ promis à Port-la-Nouvelle et 30 M€ à Laudun-l’Ardoise (Gard) : les investissements pharaoniques, grandement financés par la Région, coulent à flots pour les ports. Mais les avis divergent sur leur pertinence. Indispensables pour les uns. Trop tardifs pour d’autres : les opérateurs n’ayant pas forcément intérêt à s’amarrer à Sète, port généraliste, sorti de leurs radars depuis longtemps.

Une concurrence qui fera "deux perdants" (Yves Baudrand)

Pire, les deux principaux ports, distants de 120 km à peine, n’auraient rien à gagner dans cette course à l’armement, sinon une concurrence qui fera "deux perdants", comme le dit le Sétois Yves Baudrand, président du syndicat des importateurs de bois tropicaux. "Notre trafic a chuté de 60 % en deux ans à cause de la crise, mais aussi des tarifs portuaires. Dans le même temps, le président Bourquin semble privilégier La Nouvelle."

"Peut-on courir deux lièvres à la fois ?" (Christophe Charlon)

Lors du dernier conseil portuaire, en novembre 2012, les acteurs économiques du port de Sète ont été appelés à "soutenir" le développement de La Nouvelle. "A moyen terme, ce sera la mort de l’un des deux", formule Christophe Charlon, président régional des transporteurs routiers. "Peut-on courir deux lièvres à la fois ?", feint-il de questionner. "La deux fois deux voies vers l’autoroute A9 n’est pas finie ; le terminal de transport combiné n’est plus utilisé, certaines grues sont à bout de souffle...", critique un opérateur qui ajoute : "L’établissement public qui gère le port a 80 salariés et un seul commercial qui ne peut pas faire des miracles."

"Sète à un potentiel de 9 millions de tonnes" (Christian Bourquin)

Responsable de SEA-invest (47 salariés à Sète), spécialisé en marchandises diverses et vrac, qui a investi 6 M€ dans un nouvel entrepôt, Loïc Texier estime, lui aussi, "discutables les investissements à Port-la-Nouvelle. Ses trafics sont concurrents de Sète. On va couler les deux ports". "Avec 3,5 millions de tonnes (- 2 %), le port de Sète et ses 1 800 emplois s’en sort bien. Barcelone, par exemple est à - 15 %", rétorque Christian Bourquin. Le président PS de la région s’arc-boute sur un maître-mot : "confiance", comme il l’a dit lors de ses vœux à Sète pour lequel il ambitionne "un trafic de 9 millions de tonnes". Les armateurs doivent être en confiance pour créer des trafics dans nos ports, "complémentaires et non concurrents".

"Le projet de La Nouvelle ne me convainc pas" (Eric Brassart)

"La confiance, c’est le b.a.-ba du trafic maritime", renchérit Eric Brassart, directeur du port de Sète en 2006, désormais directeur général de la Serm de Lyon, pilote de vastes réalisations. "Le projet de La Nouvelle ne me convainc pas. Sète, dit-il, a un gros potentiel. La Méditerranée est sous-utilisée à cause de l’archaïsme des ports jusqu’en 2000. Mais ça change. Tout va dépendre de la situation en Égypte et de la possibilité accrue ou non d’emprunter le canal de Suez."

Les céréaliers se frottent les mains

Présents dans les deux ports, les céréaliers se frottent en tout cas les mains. Centre Grains a dépensé 26 M€ pour un silo (plus 10 M€ de la Région pour adapter un quai). "A La Nouvelle, avec les Silos du Sud, nous traitons des céréales du Lauragais et à Sète vers le Rhône et la Saône", explique Hervé Cifaï, directeur des deux sociétés. "La Nouvelle, c’est 1 600 emplois, directs et indirects." Avec de belles perspectives. Idem pour Lafarge, dont la capacité de production de ciment dans le port audois est de 750 000 tonnes dont une partie sera transportée par cabotage dans une usine de transformation flambant neuve du port à Sète. "Nous sommes spécialisés en céréales, pétrole et clinker à Port-la-Nouvelle, rappelle le maire Henri Martin. On ne fera jamais de passagers comme à Sète par exemple. Au final, il y aura une saine émulation."


Quel marché ?

"Le marché est assez grand pour tous nos ports", défend Christian Bourquin, prenant exemple sur les céréales : Sète travaille avec la Bourgogne, La Nouvelle avec le Lauragais. "La Méditerranée joue un rôle essentiel dans l’équilibre des échanges entre les USA et l’Asie", ajoute-t-il, précisant qu’à Sète, port devenu "attractif, fiable et compétitif", un concours a été lancé pour réaliser un pôle passagers de niveau national à 65 M€.


La Nouvelle veut décoller, Sète se remet à flot

A Port-la-Nouvelle (au 14e rang national sur 40), le projet est gigantesque : la Région veut y créer un avant-port pour des navires de 225 mètres. En espérant ainsi faire économiser aux navires qui arrivent du canal de Suez cinq jours de navigation, au lieu de continuer leur route par Gibraltar pour remonter jusqu’aux pays du nord de l’Europe. Les 200 M€ nécessaires, dont 140 M€ de la Région, permettraient la création de 1 600 emplois ! La Région espère un chiffre d’affaires de 220 M€ en 2030 contre 41,5 M€ (1).

Sète peine à créer de l’emploi

Sète, elle, se remet à flots avec trois grues, un portique, des terre-pleins ; allonge plusieurs quais, refait totalement un bassin, etc. Mais peine

à créer de l’emploi. La crise, bien sûr mais aussi des coups durs : la faillite d’Agrexco qui devait exploiter un frigo géant à 6 M€, payé par la Région, l’arrêt du trafic conteneurs vers les Caraïbes et la suspension durant cinq mois en 2012 des lignes vers le Maroc.


(1) Débat public en cours. Renseignements : www.debatpublic-pln2015.org 

L'article sur le site de Midi libre 

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Un blog à consulter :celui du  collectif audois Nopalme : http://nopalmepln.tumblr.com/

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