Rencontre avec un sociologue ennemi n°1 de la "fachosphère" installé dans le Gard
Attention ! Dangereux sociologue gauchiste en approche ! Le directeur de recherche au CNRS,
“Monsieur sociologie de la délinquance” et chouchou de la presse écrite
nationale, continue de faire le buzz sur internet en devenant la cible
préférée de certains sites considérés comme extrêmes.
"Je ne joue pas avec les émotions"
La raison ? Il dissèque et démonte les thèses hypersécuritaires,
tendance raciste, quitte à se faire ensuite tailler en pièces lui-même.
"Je n’ai pas de carte dans quelque parti que ce soit, et je ne laisse
pas transparaître mon opinion politique dans mes études, réplique
Laurent Mucchielli. La politique n’a rien à faire dans la sociologie. Je
ne joue pas avec les émotions. J’aborde les problèmes scientifiquement.
Froidement. Tout le contraire de ce que je peux voir en ce moment."
"“La France Orange mécanique” ? Un bel ouvrage de propagande" selon Laurent Mucchielli
Dans sa ligne de mire, un livre polémique qui caracole en tête des ventes. La nouvelle bible de Marine Le Pen,
qui n’hésite pas à le sortir sur les plateaux télé pour appuyer ses
idées politiques : La France Orange mécanique de Laurent Obertone.
"Un pas de plus dans les clichés, assure l’expert. Vous servez pendant
20 pages des faits-divers sordides, vous évoquez ensuite des
statistiques partielles indiquant que certaines minorités commettent
plus de violences que d’autres, puis vous déroulez vers votre but
initial : votre idéologie d’extrême droite… Un outil de propagande
merveilleusement bien construit."
"Je ne suis pas une girouette"
Un coup de gueule relayé médiatiquement qui a fait de celui qui est né
(il fallait le faire) en mai 68, l’ennemi numéro 1 de la “fachosphère”.
Accusé de servir toujours sa même soupe, "la violence et la perception
de la violence diffèrent", depuis 10 ans, et de faire partie de cette
caste d’intellos parisiens complètement déconnectés de la réalité.
Pourtant, c’est bien dans son village du Gard qu’il nous reçoit.
De Paris, c’est la banlieue qu’il connaît le plus pour y avoir vécu
pendant ses études. "Mes deux enfants et trois beaux-enfants vont dans
des établissements publics, sans dérogation pour aller dans telle ou
telle école. Quant à mon discours… Je ne suis pas une girouette. Je ne
vais pas changer pour faire plaisir."
Depuis 1997, date de son entrée au CNRS, Laurent Mucchielli explique
simplement vouloir chercher "là où il y a des problèmes." En étudiant
longuement un phénomène précis. Sans intention de donner une couleur à
son message.
" La violence a toujours existé"
"En 2005, avec d’autres sociologues, nous constatons comme tout le monde
l’embrasement des banlieues. On ne va pas y faire une enquête pour
contredire un élu qui a déclaré que c’était lié à la polygamie. C’est
juste notre job. Après, c’est évident que les résultats ne servent pas
certaines causes politiques. Mais vous savez, je peux vous démontrer le
même processus d’entrée dans la délinquance chez des jeunes de mon
village que chez des jeunes de banlieues."
Alors pourquoi cette soudaine sensation de montée en puissance de la violence ?
"C’est l’effet mass media, assure Mucchielli. La presse écrite régionale
faisait déjà ses choux gras sur les faits-divers au XIXe siècle. Ce
qui change c’est que la télé s’y est mise dans les années 80. Permettant
au Gardois de savoir ce qui se passait à Lille. La violence a toujours
existé. La société des siècles précédents était bien plus violente."
Analyse froide
Le sociologue affirme qu’après, la proximité, internet et
l’instantanéité, déjà développée en radio, ont fini d’accroître ce
sentiment. Insidieusement, l’interrogation s’installe : les
journalistes, tous des salauds ? "Quand un journaliste dénonce
l’hyper-violence d’un fait, c’est normal. Lorsqu’il ajoute que c’est une
tendance qui se développe, c’est faux."
Mucchielli ne condamne pas. Il analyse. Froidement.
Le Gard à l’étude
Installé depuis maintenant 5 ans dans un petit village gardois, il
enseigne à Aix-en-Provence. En gardant toujours un oeil sur son
département d’adoption. Son dernier livre, Vous avez dit sécurité?, a
été publié aux éditions nîmoise Champs social. C’est aussi à
Bagnols-sur-Cèze qu’il poursuit actuellement une vaste enquête sur la
délinquance et sa perception.
L'article sur le site de Midi Libre
Le blog Délinquance, justice et autres questions de société de Laurent Mucchielli
Son blog surMediapart
Son site
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