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Les retraites. La prochaine agression du gouvernement est dans les tuyaux...


Faut-il réformer les retraites pour rassurer les marchés financiers ?

Publié le 27/02/2013 dans Rue 89


Illustration :La Bourse de Paris (COLLECTION RIBIERE/SIPA)

Les réformes successives des retraites – en 1993 pour le régime général du privé, en 1996 pour les régimes complémentaires, en 2003 pour la fonction publique, en 2007 pour certains régimes spéciaux et 2010 pour tout le monde – devaient assurer l’équilibre des différents régimes. Il n’en a rien été.

L’allongement de la durée de cotisation (portée désormais à 41,5 ans), le recul de l’âge du droit à la retraite (62 ans) et celui de la pension à taux plein (67 ans) ne pouvaient qu’aggraver le chômage, surtout dans une période de crise.

Les conditions de retraite de tous les anciens salariés se dégradent progressivement, particulièrement celles des femmes, dont le déroulé de leur vie active a été et est marqué par la précarité, le chômage intermittent ou durable et les bas salaires.

La baisse des pensions a en effet été organisée par la prise en compte de 25 années pour calculer le salaire de référence dans le privé, par l’indexation des pensions sur les prix au lieu des salaires, par la montée en puissance de la Contribution sociale généralisée (CSG). Que propose la future réforme ? 


Des hypothèses peu réalistes

 

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) fait état d’un besoin de financement du système de retraite, pour l’année 2011, de 14 milliards d’euros, dont 2,6 milliards pour les régimes complémentaires. Sans préciser que la crise prive les caisses de retraite d’environ 13 milliards d’euros de cotisations en 2011.
Le COR estime que, si la législation reste constante, le retour à l’équilibre ne pourra être atteint que vers 2040. Mais tout dépend du rythme de la croissance économique et de celui de la productivité. Or, les hypothèses du COR sont peu réalistes. Mais elles préparent la mise en condition des esprits pour mener une énième « réforme » des retraites.

Quelles sont les prémices de cette future réforme ? Le Medef a posé ses jalons en ouvrant une négociation avec les syndicats sur les retraites complémentaires. Il propose que, à partir du 1er avril 2013 et au moins jusqu’en 2017, la valeur du point servant à calculer la pension complémentaire soit relevée de 1 point de pourcentage de moins que la hausse des prix, soit une baisse de 5 % du niveau de vie des retraités.
Les pensions de réversion passeraient de 60 à 56% de la retraite complémentaire du conjoint décédé, et seraient attribuées à partir de 60 ans seulement, au lieu de 55 actuellement dans l’Arrco (organisme fédérateur des institutions de retraite complémentaire). Les femmes, déjà fortement discriminées au travail, apprécieront. Le Medef préconise en outre un recul de l’âge de la retraite complémentaire d’un trimestre par an à partir de 2019.


Le gouvernement veut faire payer les retraités

 

Le gouvernement, par la voix du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, a approuvé la proposition de désindexer les pensions par rapport à l’inflation. Il s’en inspirera pour les régimes de bases. Et, aussitôt, le cabinet du Premier ministre a laissé entendre qu’il fallait faire payer les retraités en augmentant leur CSG et leur impôt sur le revenu.

Ce sera une pièce supplémentaire de la politique d’austérité. La baisse des pensions des actuels retraités et le durcissement des conditions futures de leur accès à la retraite sont le moyen choisi par les gouvernements passés et l’actuel pour diminuer le poids des retraites dans la richesse produite.

Pourtant, le COR a chiffré à une fourchette de 0,5 à 1,6 point de PIB la hausse des cotisations nécessaire afin d’assurer l’équilibre en moyenne sur 2012-2040. Pourquoi une hausse aussi faible n’incite-t-elle pas à réfléchir davantage à l’accompagnement de la hausse des besoins sociaux par une hausse des cotisations ?
On touche le tabou le plus important du financement des retraites et, au-delà, de celui de toute la protection sociale. Les réformes passées ont écarté toute mesure qui aurait pu remettre en cause la répartition des revenus entre capital et travail, imposée depuis l’avènement du capitalisme néolibéral.


Un bon système de retraite est possible

 

C’est donc sur ce point que doivent porter le débat public et l’action sociale et politique. Si l’on veut pérenniser et renforcer le système de retraite par répartition, il faut modifier la répartition primaire des revenus dans les entreprises afin de dégager des ressources supplémentaires pour les caisses de retraite au fur et à mesure des besoins.
Deux moyens sont possibles :

  • augmenter le taux de cotisations dites patronales ;
  • élargir l’assiette des cotisations sociales à l’ensemble de la valeur ajoutée.
L’énormité du déplacement du curseur entre salaires et profits au détriment des premiers a été telle qu’elle justifie ce supplément, somme toute modeste, de prélèvement : que sont 0,5 ou 1,6 point de PIB par rapport aux 5 à 6 points gagnés par le capital depuis trente ans ? 


La menace de perte de compétitivité n’est pas crédible devant l’exposé de ces chiffres, d’autant plus que cette modification peut très bien se faire à prix constants si un encadrement des profits est décidé. Voilà donc situé le problème : il faut choisir entre mener une vraie politique sociale et rassurer les marchés.


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Retraite

Le gouvernement est déterminé à lancer une nouvelle « réforme » des retraites. Il envisage d’aller plus loin qu’un simple aménagement du système actuel. S’inspirant du « modèle suédois » préconisé par la CFDT, il entend procéder à une « réforme systémique », le niveau des pensions n’étend plus garanti (cf Tout est à nous ! n°176).


Comme l'écrit libération : "Les retraites, un dossier qui à lui seul pourrait faire regretter aux socialistes d’avoir remporté les élections." (Les retraites s’invitent au menu des réformes)


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Le NPA 34 en débat avec nos camarades du Front de gauche (extrait d'un article publié sur ce blog lors de la présidentielle)

Nous déplorons que le Front de gauche fasse l'impasse, dans son programme présidentiel, sur la durée de cotisation requise pour avoir une retraite à taux plein : ce programme, contre ce qu'il est de tradition dans le mouvement social de revendiquer sur le sujet, ne réclame que le retour aux 60 ans et aux 75% de la base salariale pour le calcul du montant de la retraite. Rien n'est dit sur la durée de cotisation que le mouvement social (contre la volonté des syndicats majoritaires) a chiffrée à 37,5 annuités.

Ce silence du Front de gauche, en contradiction avec la volonté de transparence qu'il dit défendre, est d'autant plus problématique qu'à quelques occasions, comme on le verra dans les vidéos accessibles par les liens ci-dessous, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, ont fait le choix des 40 annuités. Sans expliquer les raisons de l'abandon des 37,5 annuités !

Cette acceptation biaisée de l'allongement du temps de cotisation enlève tout sens à la référence clé du retour aux 60 ans : en effet, obliger à cotiser 40 ans, au vu des conditions actuelles d'accès tardif au travail et du développement du chômage et de la précarité, c'est de fait, mettre les aspirants à la retraite devant un dilemme qu'aucune force de gauche digne de ce nom ne devrait proposer : soit partir à 60 ans avec une retraite incomplète, soit prolonger au-delà de 60 ans pour obtenir le taux plein ! 

Un spécialiste reconnu des retraites, Gérard Filoche, pourtant membre du PS, mais se réclamant de la radicalité sur les questions sociales, explique, pour sa part, pourquoi l'intérêt des salariés commanderait qu'aujourd'hui ce soient 35 annuités qui doivent être revendiquées. Le Front de gauche doublé sur sa gauche par un socialiste, voilà la situation incongrue à laquelle expose le renoncement à assumer dans son intégralité la logique de satisfaction des besoins sociaux, loin des calculs électoralistes qui pourraient amener le soupçon que la principale "vertu" des 40 annuités c'est de se placer tout près des 41 annuités défendues par ...le PS ! Si près de Hollande, si loin de la défense des retraites !

 
Pour sa part, Philippe Poutou, pour le NPA, réclame sans hésiter un retour au triptyque de la défense inconditionnelle du droit à la retraite :  37,5/60/75 [37,5 années cotisées/ retraite à 60 ans/avec 75% du salaire].

Quelques précisions exprimées au détour d'un échange sur le web 

Si, dans le cadre posé par le FDG, tu arrives à 60 ans en n’ayant que 35 annuités (cas de celui qui a commencé à travailler/cotiser à 25 ans) au lieu des 40 insidieusement exigées par ledit FdG, ta retraite à taux plein à 75 % reviendrait effectivement à :
140 trimestres (= 35 annuités) / 160 (= 40 annuités) X 75 % = 65,6 %.

Tu perdrais un peu moins de 10 points sur ce que tu aurais gagné si tu avais pu arriver à 60 ans avec les 40 annuités exigées. Il ne te resterait plus qu’à prolonger ton activité pour arriver au taux plein, ce qui relativise la croyance que 60 ans "serait" l’âge effectif de départ à la retraite ! Avec le FdG pour avoir ta retraite pleine, au vu de la réalité des durées de cotisation actuelles, tu es obligé d’aller largement au-delà de la barre des 60 ans. Beaucoup de "croyants" du FdG risqueraient d’être déçus quand ils constateraient que 60 ans cela signifierait une pension bien en dessous des 75 % qu’ on leur fait miroiter !

Si on rétablit les 37,5 annuités et si tu n’avais que 35 annuités à 60 ans, tu aurais :
140 trimestres (= 35 annuités) / 150 trimestres (= 37,5 annuités) X 75 % = quasiment 70 % soit - 5 points. Ce qui n’est pas satisfaisant !

Si, en revanche, on retient la proposition de Filoche, on a : 140 trimestres (= 35 annuités) = 75 %. Tu pourrais partir, pour de vrai, à 60 ans, en n’ayant cotisé "que" 35 ans, à, pour de vrai, taux plein ! Voilà ce que porte le triptyque 35/60/75 au lieu du (40)/60/75 du FdG. [40 est entre parenthèses car le Front de gauche n'assume pas publiquement, dans son programme électoral L'humain d'abord, le choix de Mélenchon et Laurent, exprimé sur les plateaux télévisés (voir liens ci-dessous), d'un temps de cotisation de 40 ans]

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