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NPA. Il ne faut différer ni la sortie du nucléaire ni la lutte contre le changement climatique



9 mars : Montpellier : rassemblement à 14h30 place de la Comédie afin de relayer ici le message de cette journée

Sortir du nucléaire en moins de 10 ans, c'est possible !

  Non, rien n'a changé ! François Hollande avait affiché l'objectif de réduire de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique d'ici 2025. C'est ridiculement insuffisant, et de ce fait totalement irresponsable au regard des dangers du nucléaire, aggravés par le vieillissement des installations : 21 réacteurs sur 58 ont atteint (et même dépassé) 30 ans, et 25 autres les atteindront dans les 5 prochaines années. Les mesures prévues – l'arrêt de la centrale de Fessenheim et le maintien de l'EPR de Flamanville – n'aboutiront qu'à une baisse de 0, 5 %, et non les 25 % annoncés. 

Continuité pronucléaire…

Le 14 septembre dernier, à l’ouverture de la conférence environnementale, Hollande déclarait : « La France, et j’en prends ici l’engagement, se mobilisera dans la transition énergétique. Voilà le cap, la transition. Cette stratégie, elle est fondée sur deux principes : l’efficacité énergétique d’une part, et la priorité donnée aux énergies renouvelables d’autre part. » En réalité, il poursuit avec zèle la politique pro-nucléaire de ses prédécesseurs. En Inde, il joue les voyageurs de commerce pour l'EPR, et au Mali il fait la guerre pour préserver les intérêts d'Areva et l'approvisionnement en uranium des centrales nucléaires. Quant à la Banque publique d'investissement (BPI) présentée comme « la Banque de la transition écologique » sa première action est de soutenir la filière nucléaire. Dans ces conditions, il y a fort à parier qu'une bien faible partie des 42 milliards d'euros dont elle dispose sera consacrée aux énergies renouvelables.


La participation d'Europe Écologie-les Verts n'empêche ni la fuite en avant nucléaire, ni les tentations alarmantes de rouvrir la porte à l'exploitation des gaz de schiste ou de houille, ni les grands projets inutiles comme Notre-Dame-des-Landes… Au contraire, elle les cautionne. Gouverner, gérer des régions ou des communes avec le PS, c'est se soumettre avec et comme lui aux grands groupes capitalistes, du nucléaire comme Areva ou Edf, du pétrole comme Total, du béton comme Vinci.

Un plan de sortie chiffré et argumenté


Les obstacles ne sont plus techniques, tant les innovations en matière d'énergies renouvelables et de stockage sont importantes, ils sont politiques et financiers. En France comme ailleurs, c'est l'aveuglement capitaliste qui bloque l'indispensable et urgente révolution énergétique.

 
Indispensable et urgente car le risque de catastrophe grandit avec le vieillissement des centrales, plaçant l'humanité sous la menace du pire, comme en témoigne Fukushima où le désastre se poursuit. Indispensable et urgente car les effets néfastes de la radioactivité sur la santé publique sont patents malgré l'absence d'étude officielle (multiplication des cancers et des maladies de la thyroïde par exemple). Indispensable et urgente car la masse des déchets ingérables ne cesse de croître, plaçant l'humanité face à l'un des plus graves problèmes de son histoire.


Le NPA est pourtant le seul parti politique à proposer un scénario de sortie du nucléaire. D'autres partis – PS, UMP, PCF et FN – sont pour le maintien de l'atome, LO et le PG n’en parlent pas, et EÉLV propose de façon complètement irresponsable une sortie en 20-30 ans, ce qui revient à attendre la pénurie d'uranium ou la catastrophe.


Une décennie pour changer


Contrairement à ce que véhicule une partie du mouvement écologiste traditionnel qui a tendance à faire la morale aux travailleurs sans s’en prendre aux vrais gaspilleurs, nous analysons comme possible, avec une réelle volonté politique, d’arriver en 10 ans maximum à une situation où la production d’électricité soit majoritairement issue des énergies renouvelables et où la part d’énergies fossiles soit stabilisée et amorce sa baisse. Nous disons 10 ans maximum car en réalité nous pourrions aller encore plus vite en supprimant ou en réduisant fortement certaines industries inutiles et voraces en énergie, comme l’armement, une partie de la chimie, de l’agroalimentaire, etc.


Notre scénario nécessite certes une véritable révolution énergétique, mais le territoire français possède tous les atouts : énormes potentiels dans l’éolien (sur terre et en mer), le solaire, le bois, l’hydraulique, l’hydrolien, etc. Les chiffres présentés ci-contre montrent dans quels secteurs des économies d’énergie sont possibles et quels sont les potentiels en énergies renouvelables.


Reprendre le pouvoir de décision


Bien entendu, englués dans leur logique de profit à court terme, la plupart des industriels sont incapables de réaliser ces investissements salvateurs. La logique du marché ne permet pas d’amorcer la révolution  

énergétique dont l’humanité a besoin car les investissements sont lourds et les capitalistes raisonnent en profit à court terme, ignorant les effets sur l’environnement. En outre, la plus-value réalisée pour l’exploitation des énergies fossiles comme pour le nucléaire est énorme (extraction, transport, transformation, distribution…) et l’abandonner, même progressivement, est contraire à la logique du capital.

Il est donc clair que nos objectifs ne pourront être atteints que par des mobilisations conjointes d’envergure, regroupant les salariéEs de l’énergie et l’ensemble des usagers. Il faudra nous réapproprier collectivement le pouvoir de décision, d’organisation de la production et de contrôle de l’énergie. Et pour y parvenir, il n’y a pas d’autre solution que l’expropriation des groupes privés capitalistes qui font la loi aujourd’hui et n’accepteront jamais les mesures de sauvegarde de l’humanité que nous préconisons



Notre scénario en chiffres

Notre scénario de sortie du nucléaire se fonde sur des hypothèses basses et raisonnables, et s’appuie sur des rythmes déjà tenus dans d’autres pays.


1 Lutte contre le gaspillage


Sur les quelque 500 TWh consommés en France chaque année, nous proposons d’en économiser 125 en 10 ans : par l’arrêt des activités nucléaires (20 TWh), la rénovation des équipements pour éviter les pertes en ligne (8 TWh), la fin de l’aberration écologique constituée par le chauffage électrique (40 TWh), le renforcement des normes des appareils électriques (17 TWh), la rénovation de l’éclairage domestique et public (20 TWh) et l’imposition de normes dans l’industrie et le commerce (20 TWh sur les 140 consommés).


Cette ambition (25 % en 10 ans) est somme toute modeste quand on voit que le Japon, grand pays industrialisé, a réduit sa consommation de 15 % en une seule année ! Il faut d’ailleurs préciser que ces chiffres sont des minima, bien d’autres études étant plus ambitieuses : le scénario Négawatt – 124 TWh dès 2020 hors suppression du chauffage électrique et 197 TWh dès 2030 ; et l'étude Global Chance (de Benjamin Dessus) – 130 TWh dès 2020.


2 Maintien de la production actuelle non nucléaire, soit environ 140 TWh


Il s’agit des barrages hydrauliques (60-70 TWh), de l’éolien et du solaire déjà installés (11-12 TWh) et du thermique non renouvelable, comme les centrales à gaz ou au charbon qui pourraient commencer à disparaître à la fin des 10 années (60-70 TWh actuellement).


3 Production massive d’énergie renouvelable


Éolien (135-140 TWh), solaire (25-30 TWh), micro-hydraulique (9-10 TWh), énergie de la mer (10-15 TWh). Ces chiffres en apparence ambitieux sont en réalité tout à fait atteignables en suivant des rythmes un tant soit peu volontaristes, déjà atteints par ailleurs. Et répétons-le, il s’agit là d’hypothèses basses et raisonnables.


On reproche souvent aux énergies renouvelables leur absence de rendement significatif. C’est une absurdité. L’énergie grise est l’énergie nécessaire pour concevoir, fabriquer, commercialiser, installer, maintenir, démanteler et recycler les unités de production énergétique quelles qu’elles soient. Énorme pour le nucléaire, elle ne constitue aucunement un obstacle au développement des énergies renouvelables, comme les pro-nucléaires cherchent souvent à le faire croire. À titre d’exemple, et selon les estimations, une éolienne produit pendant sa vie entre 30 et 40 fois son énergie grise, un panneau solaire entre 5 et 10 fois…
 

4 Recours massif à la cogénération : 60-70 TWh minimum

Il s’agit d’un procédé aisément développable, au niveau tant domestique qu’industriel, qui consiste à produire simultanément chaleur et électricité au lieu de perdre l’une ou l’autre.


La production de chaleur et d’électricité peut être obtenue par des moteurs à gaz (potentiel minimum de 12 TWh), des turbines à gaz ou à vapeur, et des piles à combustible, ou à partir de bois ou de biogaz (potentiel minimum de 18 TWh).


Enfin, le remplacement des chaudières à gaz ou au fioul dans l’habitat par des installations de cogénération pourrait produire un minimum de 35 TWh.


5 Recours aux techniques de stockage pour pallier l’éventuelle intermittence


Contrairement à l’idée reçue, les moyens de stocker l’énergie renouvelable existent. Pour cela, les principales sources de stockage (avec peu de pertes c’est-à-dire avec des rendements supérieurs à 70 %) sont le transfert par pompage – déjà utilisé par Edf (3 600 MW déjà disponibles) – ainsi que les nouvelles méthodes de stockage par air comprimé, déjà utilisées et qui permettent de restituer l’électricité dans les périodes de pointe ou les périodes sans vent.


Le recours à ces stations de pompage turbinage (STEP et STEP marines) renforcerait la mutualisation de l’énergie sur tout le territoire, voire au niveau européen.


Voir plus de détails, précisions et sources sur notre scénario de sortie : http://www.npa2009.org/sites/default/files/Sortirdunucléaire-site.pdf

Réponses aux pronucléaires


Voici quelques arguments pour répondre à la propagande la plus largement répandue par celles et ceux qui combattent les anti-nucléaires.


1 Sortir du nucléaire et lutter contre l'effet de serre : c'est parfaitement compatible !


Notre scénario le prouve, qui induit une baisse de 7, 3 millions de tonnes de CO2 en 10 ans malgré le maintien du thermique fossile (gaz charbon) jusqu'à la fin de ces 10 ans. Cette baisse s’accentuera largement après les 10 ans si l’on suit la voie que nous préconisons.


De plus, la lutte contre l'effet de serre doit se faire dans une logique globale, notamment au niveau des transports, principal facteur émetteur.


2 Sortir du nucléaire en maintenant les emplois existants et en en créant des centaines de milliers, c'est possible !


Tout d’abord, le démantèlement des centrales va nécessiter un grand nombre d’emplois. C’est à ce démantèlement et à la gestion des déchets que devra désormais être consacrée une bonne partie de l’énergie humaine. C’est un chantier gigantesque mais indispensable à la survie de l’humanité et qui va devoir occuper les travailleurs, du manœuvre au scientifique, pour réparer les erreurs du passé et la folie capitaliste. Les travailleurEs du nucléaire pourraient donc demeurer sur leur lieu de vie pour y contribuer, dans le cadre d’un véritable service exclusivement public non soumis aux impératifs du marché. Par ailleurs, des centaines de milliers d’emplois nouveaux seraient créés sur tout le territoire, car l’énergie renouvelable est disponible partout et en grande quantité et génère naturellement un maillage territorial de l’emploi.


Notre plan le prouve avec des projections raisonnables fondés sur les emplois créés en Allemagne. Suivre notre scénario permettrait mécaniquement de créer au moins 800 000 emplois nouveaux. De toute façon, l'argument selon lequel les emplois seraient menacés est parfaitement hypocrite quand il est employé par les pronucléaires capitalistes. En effet, ce qui est inacceptable pour eux et pour leurs profits, c'est l'idée de devoir recourir à 800 000 travailleurs pour produire la même quantité d'électricité qu'avec 120 000 aujourd'hui.


3 Sortir du nucléaire n'amputerait pas la richesse produite par les travailleurEs


En effet, les investissements prévus par notre plan sont estimés à quelque 8 milliards d'euros, soit bien moins que l'entretien des centrales existantes et la construction de l'EPR.

Pour un service public de l’énergie


Se chauffer, s’éclairer, se nourrir donc cuisiner, nécessite d’utiliser le gaz et l’électricité. De plus en plus de ménages ont des difficultés à payer leurs factures et sont contraints de se restreindre à un minimum pas vivable, ou pire subissent des coupures qui les privent du droit élémentaire à l’énergie (près de 4 millions de foyers sont en situation de précarité énergétique).


Afin de garantir ce droit, un quota de base doit être gratuit. Au-delà de cette consommation, une tarification progressive forte incitera à supprimer les abus et gaspillages. Il faut aussi vite construire et rénover pour protéger du froid et de la chaleur. Mais pour cela, l’énergie doit sortir du secteur marchand et des appétits financiers voraces des capitalistes. C’est pourquoi le NPA revendique la réquisition, l’appropriation publique et sociale des grandes entreprises du secteur de l’énergie (Edf, Gdf-Suez, Total) et de leurs profits, pour les intégrer, avec Areva, à un grand service public, décentralisé et démocratique, contrôlé par les salariéEs et la population, à tous les niveaux. Nous sommes favorables à une gestion la plus locale possible de la production et de la distribution.


Développer les services, garantir le droit à l'énergie


Les bénéfices dégagés seront réinjectés dans le service pour améliorer la qualité du service rendu et faire baisser les factures. C'est nécessaire pour sauvegarder les emplois existants, pour améliorer les conditions de travail, intégrer tous les sous-traitants et intérimaires, indispensables pour engager le démantèlement des centrales, mais aussi pour créer des centaines de milliers d'autres emplois dans le développement du renouvelable, dans les travaux nécessaires à la promotion de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie.


C’est la seule façon d’assurer à la fois le droit à l’énergie pour toutes et tous et d’interdire la marchandisation capitaliste de ce bien vital.

Pour une transition énergétique radicale


Nous refusons le choix impossible entre une belle mort radioactive ou une lente asphyxie par le réchauffement climatique.


La nécessaire sortie du nucléaire n'efface pas l’indispensable lutte contre le dérèglement climatique. Les conséquences du dérèglement climatique sont nombreuses et dramatiques : augmentation des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes…), diminution des ressources en eau dans les régions sèches et en montagne, baisse de la productivité agricole, bouleversement de nombreux écosystèmes avec l'extinction de 20 à 30% des espèces animales et végétales, augmentation du niveau de la mer et inondation de zones côtières habitées… Ces conséquences détériorent les conditions de vie et mettent directement en danger les populations les plus pauvres de la planète.
 

Contre le nucléaire et le réchauffement climatique

Pour ne pas accentuer ces risques, il est indispensable de ne pas dépasser 2°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle. Pour cela, il faut réduire dans les pays industrialisés les émissions de gaz à effet de serre de 40 % avant 2020 et de 90 % avant 2050.


Il ne faut donc différer ni la sortie du nucléaire ni la lutte contre le changement climatique, deux objectifs qui ne sont pas incompatibles et doivent même être menés de front. Car que ce soit pour sortir du nucléaire ou pour lutter contre le réchauffement climatique, la voie à suivre est la même : sobriété et efficacité énergétiques, développement des énergies renouvelables, création de services publics, en particulier pour l'énergie, les transports et le logement.


Dossier coordonné par la commission nationale écologie

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