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Drapeau, Marseillaise, morale laïque : l’ordre moral au menu de l’école


 
Bernard Girard Enseignant en collège Rue 89 Publié le 25/05/2013
Septembre 2012 : pour sa première rentrée en tant que ministre de l’Education nationale, Peillon met en place les leçons de morale laïque à l’école.

Septembre 2013, pour sa seconde rentrée, Peillon met en place le drapeau tricolore dans chaque école.
La refondation du système éducatif, elle, attend toujours, sans doute pas le souci premier d’un ministre, manifestement davantage préoccupé par les effets d’annonce et, plus inquiétant, travaillé par des obsessions idéologiques qui se dévoilent au fil des mois.

Le drapeau pour « redresser » la jeunesse 

Après les députés au cours de la première lecture de la loi d’orientation, les sénateurs viennent à leur tour d’adopter un amendement gouvernemental, chaudement soutenu par la droite, obligeant chaque établissement scolaire à pavoiser aux couleurs nationales, Peillon insistant personnellement pour que la mesure soit inscrite dans le code de l’éducation. Il faut croire que la chose est importante.

Mises bout à bout, les décisions ministérielles sur la morale laïque et les symboles nationaux, indéniablement, font sens.

Elles entrent dans une logique que Peillon avait unilatéralement définie il y a quelques mois, avec des déclarations auxquelles on n’avait alors que peu prêté attention : la morale laïque, avait dit le ministre, répond à un impératif de « réarmement moral (…), de redressement intellectuel et moral », avant d’ajouter du haut de sa chaire de prédicateur :
« il faut assumer que l’école exerce un pouvoir spirituel dans la société. »
Et déjà, la patrie pointait sa triste tête :
« Nous devons aimer notre patrie (…) apprendre notre hymne national me semble une chose évidente »
Par ce « notre », il faut évidemment comprendre que chaque élève, chaque citoyen de ce pays ne peut avoir d’autre patrie que celle de Peillon.
Le drapeau à défaut de refondation 

Ce faisant, en privilégiant les symboles nationaux et des principes « à inculquer », le ministre délaisse le terrain de l’action politique pour se réfugier dans le discours moralisant, décontextualisé, coupé du temps présent comme de la réalité du terrain, refusant de comprendre que le défi auquel l’école est confrontée est d’abord un défi social.

Si l’on veut bien considérer que les difficultés scolaires de tous ordres, l’échec scolaire touchent en priorité les établissements et les élèves des quartiers défavorisés – une évidence statistique – on ne voit pas bien en quoi l’apprentissage de la Marseillaise, le drapeau ou les leçons de morale permettraient d’y faire face.

Il est faux de prétendre, comme le fait Peillon, qu’aucun ministre n’a jamais fait autant que lui pour l’Ecole, alors que son action depuis plus d’un an brille par son manque d’ambition et la pauvreté de son imagination :

  • quelques postes supplémentaires, certes, mais noyés dans la croissance des effectifs et rigoureusement rien sur les fondements d’un système éducatif qu’on sait obsolète mais que les conservateurs de toutes obédiences s’emploient à perpétuer.
  • Une réforme des rythmes scolaires renvoyée aux calendes grecques,
  • une refonte des programmes discutée dans l’ombre des bureaux ministériels,
  • l’abandon à son sort de l’enseignement secondaire pourtant mal en point,
  • des modalités d’évaluation sclérosées,
  • une administration toujours aussi autoritaire et étouffante, rien n’a changé, la lettre de rentrée fixant les orientations pour l’année 2013-2014, confortant le système dans un immobilisme dont les milieux défavorisés, dont les enfants pauvres font les frais.
Comme tous les conservateurs, Peillon néglige la réalité sociale pour se satisfaire d’un discours à visée édifiante, de « redressement moral », en réalité un discours d’ordre moral.

Le drapeau pour stigmatiser 

 

Le conservatisme du ministre, sa volonté de ne rien changer à un système scolaire fondamentalement injuste et inégalitaire, sont aggravés par sa fixation maladive sur les symboles nationaux, dont la présence renforcée dans les établissements est très éloignée des valeurs civiques qu’on leur prête bien inconsidérément.

Le drapeau, comme la Marseillaise, obéissent à une double injonction :

  • imposer de force à toute la jeunesse le dogme d’une communauté de peuple rassemblée dans la nation – un concept tellement artificiel que le législateur ne peut le défendre autrement que par le bourrage de crâne et les poursuites pénales (délit d’outrage aux symboles nationaux) ;
  • mais aussi, en faisant de cette appartenance le fondement de la vie en société, établir au sein d’un même établissement, d’une même salle de classe, une discrimination brutale entre les élèves français de souche – pour reprendre cette terminologie hideuse qui a désormais droit de cité à l’école - et ceux qui ne le sont pas.
Le drapeau à l’école, c’est cela finalement : endoctrinement et stigmatisation.

Le drapeau sur la façade de l’école ? Mais derrière la façade, à l’intérieur de l’école, vivent des centaines de milliers d’élèves dont les parents se voient refuser les droits politiques les plus élémentaires, au premier rang desquels le droit de vote.

Derrière ce symbole qui se veut fort, en tout cas médiatique, on aura quand même du mal à cacher les expulsions toujours plus brutales et massives de sans-papiers, les rafles dans les campements roms, le contrôle policier des quartiers défavorisés, la crispation sur une laïcité intolérante, des domaines où le gouvernement de Peillon, paraît-il de gauche, se vante de faire mieux que la droite.

Quand la patrie est une marâtre, on ne voit pas pourquoi ses enfants seraient tenus de la respecter, elle et ses oripeaux.

Un ministre de gauche très à droite

 

Avec cette nouvelle lubie politicienne, entre mystification et provocation, l’école n’en finit pas de payer un lourd tribut à l’égarement identitaire qui gangrène l’action politique ces dernières années.
Dans une société éclatée par la crise économique, un gouvernement sans courage ni imagination désigne l’ennemi : non pas le chômage, la pauvreté, les inégalités, la dégradation de l’environnement mais le mauvais Français ; non pas la fracture sociale mais la fracture ethnique.

Une posture typiquement conservatrice, finalement très cohérente avec les convictions affichées par le ministre de l’Education nationale affirmant sans scrupules qu’il ne voyait « pas de différence entre une morale de droite et une morale de gauche ».

Très œcuménique, ce ministre : avec la Marseillaise et le drapeau obligatoires, avec des programmes d’histoire qui restent obnubilés par le fait national, avec la préférence affichée pour l’ordre moral contre l’esprit critique, Peillon développe sans état d’âme une bonne partie du projet éducatif de l’extrême-droite.
Pour ce qui les concerne, les enseignants et leurs syndicats n’ont à ce jour pas réagi.

Le texte sur Rue 89

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