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Perpignan. Le chemin encore long et cabossé de la lutte contre l'homophobie...

  
Cette homophobie quotidienne qui gâche encore la vie des gays et lesbiennes en Roussillon 
 Estelle Devic (L'Indépendant, le 16 mai 2013

  PHOTO/Photo Harry Jordan

 
De l'homophobie 'ordinaire' que gays et lesbiennes subissent au quotidien depuis des années à celle, beaucoup plus violente, réveillée ces derniers mois par les débats autour du mariage pour tous, la communauté homosexuelle ne coule pas encore des jours tranquilles à Perpignan. En cette journée de lutte mondiale contre l'homophobie, elle se mobilise donc pour faire avancer 'la cause'. Et le chemin est encore long.

Si dans le département, les homos n'ont pas été la cible d'agressions violentes comme on a pu le voir ailleurs en France, certains n'en restent pas moins isolés et confrontés à de nombreuses difficultés. À tel point que l'association 'Le Refuge' va prochainement ouvrir une antenne à Perpignan afin d'accueillir les jeunes homosexuels rejetés par leurs familles. Pour l'instant, jeunes et moins jeunes se tournent vers LGTB66, une association créée il y a cinq ans "pour rompre l'isolement", explique notamment son président Stéphane Lossilla. L'idée, c'est de faire comprendre aux homos que leur sexualité n'est "ni un drame, ni une fatalité".

Au départ, il s'agissait surtout de créer du lien en organisant des rendez-vous festifs et conviviaux. Puis, petit à petit, l'association a adopté un ton plus militant. "L'enjeu, c'est d'avancer dans l'égalité des droits et ainsi de permettre aux homos de s'assumer", reprend Frédéric Gonano, membre actif de LGTB66. Une mission bien difficile. Au quotidien, avancée des droits ne signifie pas pour autant avancée de la société. La preuve avec le débat sur le mariage pour tous "qui a libéré la parole" des plus virulents et, sans doute, bridé certains homos. "Je pense notamment aux jeunes qui sont en train de se poser des questions sur leur sexualité. Aujourd'hui, lorsqu'ils entendent certains messages de haine, ils ont du mal à se dire et à dire aux autres qu'ils sont homosexuels", reprend Stéphane Lossilla.

Les termes violents prononcés jusque sur les bancs de l'Assemblée Nationale ces derniers jours résonnent encore avec force au sein de la communauté. "Être comparé à des animaux, des assassins d'enfants, c'est dur. Ces gens nous considèrent comme des êtres inférieurs, c'est difficile à vivre y compris pour ceux qui ont revendiqué leur homosexualité", expliquent les deux militants.

 Si ces prises de position très dures sont, peut-être, à mettre sur le dos de la peur de l'inconnu, il n'en résulte pas moins un sentiment de mal-être qui persiste. Et une peur de l'inconnu qui demeure également pour les homos. Notamment dans les rapports avec les autres, au travail par exemple. "Vous ne débarquez pas sur votre lieu de travail en déclarant que vous êtes homosexuel. C'est de votre sexualité dont il s'agit. Certains n'en parlent jamais et s'isolent. Impossible pour eux de discuter avec les collègues à la machine à café". Les autres, ceux qui 's'assument', sont également prudents dans leur manière d'aborder le sujet. "Pour parler des personnes avec qui on vit, on dit : 'mon ami' ou 'ma moitié'". Une solution pratique pour dire la vérité sans brusquer les interlocuteurs.

"Et encore, en ville, c'est beaucoup plus facile. Dans les petits villages, les homos subissent le poids de la religion et des traditions. Pour eux, s'assumer est très compliqué. Ils vivent souvent dans le non dit. Les voisins se doutent bien qu'ils sont homos mais personne n'en parle". Une vérité tue parfois lourde à porter. "À LGTB66, nous avons reçu des jeunes hommes qui avaient été agressés dans des lieux de rencontre homos. Ils n'ont jamais osé porter plainte par crainte de la réaction des policiers. Et par honte aussi". Le chemin de la lutte contre l'homophobie est décidément très long. Et cabossé. Comme encore trop de jeunes hommes et femmes. Pas facile d'assumer son homosexualité au quotidien.

L'article sur le site de L'Indépendant 

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