À la Une...

Montpellier : une expulsion locative musclée au Petit Bard

(La Marseillaise.fr)

Devant l’immeuble, la tension monte avant l’évacuation.
Photo Redouane Anfoussi

Près d’une centaine de policiers ont été mobilisés ce mercredi au Petit Bard et cinq personnes ont été interpellés lors de l'expulsion d'un couple de personnes âgées. Mercredi 25 septembre au Petit-Bard, la tension est montée lors d’une expulsion locative. Alors qu’un huissier, accompagné de policiers, procédait au déménagement forcé de deux locataires ACM, André Alain âgé de 70 ans et sa femme, 65 ans, l’association Justice pour le Petit-Bard s’est interposée. Prévenus au dernier moment, les militants se sont rendus dans l’appartement pour comprendre la situation et empêcher une expulsion sans relogement. « On ne peut pas laisser ces personnes âgées, dont André qui est cardiaque et sous tutelle, se laisser faire expulser comme ça. Il faut trouver une solution pour qu’elles ne deviennent pas des énièmes SDF », s’exclame Hamza Aarab, de Justice pour le Petit-Bard. Tandis qu’une dizaine de personnes, dont les membres de la famille du couple expulsé, refusent de quitter l’appartement, le locataire fait un malaise cardiaque nécessitant l’intervention des pompiers. Avec les soins, ce sont près d’une centaine de policiers qui sont alors dépêchés sur place tandis qu’une cinquantaine d’habitants du quartier se mobilisent devant l’immeuble. De l’intérieur retentissent des cris.
L’une d’entre elles sort de l’immeuble en invectivant la police : « Ils frappent les femmes là-haut. Ils ont frappé ma grand-mère, ma cousine, ma tante ». Dounia est la petite-fille du couple expulsé : « En rentrant, j’ai découvert qu’il y avait des flics chez moi et qu’on était à la rue. Ça fait trente ans que mes grand-parents sont là, sûrement qu’ils n’ont pas payé mais il faut trouver une solution. On va faire quoi avec nos cartons dans la rue ? » A sa suite, ce sont les membres de l’association qui quittent l’immeuble, excepté Guillaume Leconte, l’un des responsables, interpellé pour outrage. « Ils ont promis de le libérer », confie Hamza. Les discussions sont houleuses, les policiers s’équipent de flashballs, casques et boucliers et donnent l’ordre d’évacuer le Cours Charles Peggy. Les habitants sont poussés vers un passage étroit, contraints de reculer. Pas assez vite apparemment. Un coup de matraque et un coup de bouclier atteignent une jeune femme, une bousculade s’ensuit, un ou deux jets de projectiles, mais l’échauffourée s’arrête heureusement là. Deux habitants s’en tirent avec des contusions. Devant l’immeuble, sont évacués au compte-gouttes cinq personnes menottes aux poignets, interpellées pour outrage et rébellion. Trois sont des membres de la famille, la quatrième est Guillaume Leconte, on ignore l’identité de la cinquième personne. Quatre seront envoyées en garde à vue tandis que la dernière sera relâchée. Vient le tour des personnes expulsées de quitter l’immeuble. Une paire de skis dans les bras, André Alain va jusqu’à sa voiture, libre mais désormais sans toit. Dans son bilan, la préfecture fait état de « trois policiers blessés dont deux mordus » et justifie son intervention : « Cette expulsion fait suite à une décision de justice datant du 25 juillet 2012 en faveur du bailleur ACM. Ce couple ne payait plus de loyer depuis novembre 2012 et il n’a répondu à aucune convocation pour entretien de conciliation. Un huissier a réalisé une première tentative d’expulsion classique qui a été infructueuse alors il a demandé le concours des forces de police. Les moyens ont été calibrés en fonction de la situation sur place. » Pas sûr que les habitants l’entendent de cette oreille.  
Hélène Gosselin



Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA