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Municipale de Montpellier. Un désaccord entre le Front de Gauche et le NPA à clarifier


La pomme de discorde du second tour de l'élection

L'Hérault du jour du 31 janvier 2014 

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A notre avis

L'article ci-dessus de L'Hérault du jour appelle certaines précisions :
  • il est fait allusion à la rupture des discussions entre le NPA et le Front de Gauche visant à constituer une liste unitaire sur Montpellier en termes suggérant une sorte d'équidistance dans la responsabilité de cette division mais cette équidistance se défait vite cependant puisque ce n'est que le point de vue du Front de Gauche qui s'exprime au long de l'article par ses représentants (Hermet, Ressiguier, Moncharmont), les propos de Martine Granier, pour le NPA, n'ayant droit qu'à 3 lignes;
  • l'explication de la division que donne le responsable d'Ensemble par la dialectique de la complexité/complication des choses de la politique et de l'isolationnisme du NPA ne résiste pas à un examen sérieux de ce qu'ont été les discussions unitaires : c'est en effet l'"isolationniste" NPA qui a initié entre juin et juillet ces discussions et qui, en signe d'ouverture pragmatique, a accepté que le Front de Gauche puisse organiser, en cas de score inférieur à 10% des voix au soir du premier tour, une fusion technique avec la liste socialiste de Jean-Pierre Moure mais, rappelons-le, pour autant que le cap politique du premier tour était maintenu;  c'est-à-dire l'opposition totale à la politique des socialistes tant au niveau local qu'au niveau national (gouvernemental). Le NPA - il est vrai probablement que là devait se nicher le poison isolationniste traqué par Ensemble - retirerait ses candidats d'une fusion technique que, pour lui, il refusait ! Dans le cadre d'un accord politique maîtrisé avec le Front de Gauche, il était acquis que ce double positionnement se ferait sans aucune polémique : il devait revenir au Front de Gauche d'expliquer comment une fusion technique avec la liste socialiste pouvait acquérir une crédibilité si, dans le même temps, comme formulé dans l'accord avec le NPA, elle devait s'accompagner du maintien de l'opposition aux dits socialistes... Le NPA, quant à lui, devait expliciter qu'une opposition radicale à la politique d'un Jean-Pierre Moure, emblématiquement dessinée par sa décision antidémocratique, antisociale et antiécologique d'enterrer l'idée de la régie de l'eau à l'Agglo, n'autorisait pas, avec un minimum de crédibilité, qu'une opposition de gauche figure sur sa liste. Même par fusion technique... Cette divergence exprimée sans éclat de voix n'aurait entravé en amont aucune campagne unitaire et, en aval, au soir du premier tour, aurait laissé les électeurs libres de choisir entre deux décisions opposées mais respectueuses de l'autre et ne reniant en rien l'acquis d'une mobilisation pour une alternative radicale au PS. Voilà pour l'"isolationnisme" du NPA !
  • on voit cependant que, pour le Front de Gauche, à la réflexion,  cela a dû apparaître particulièrement "complexe-compliqué", pour reprendre les termes de David Hermet, d'envisager une fusion technique avec Moure par "opposition maintenue" à lui. D'où, dans le laborieux texte d'Ensemble et dans les propos tenus par Muriel Ressiguier ou Roger Moncharmont dans L'Hérault du jour, le glissement opéré de la fusion technique vers l'accord programmatique avec le PS au second tour, malgré la possibilité de se maintenir à 10% des voix, glissement qui explique que, pour le coup, en effet, il n'était plus possible de poursuivre ce qui avait été engagé et acquis avec le NPA et qui excluait toute signature d'un accord de fond avec des gens, les socialistes, qui au niveau local ou national mènent une politique de droite. Une politique de droite présentant au demeurant la spécificité régionale d'être semée ici des pratiques des coups tordus héritées du frêchisme (1). Une phrase comme celle-ci d'Ensemble : "Maintien, fusion technique, fusion programmatique, difficile de trancher  définitivement, par principe et par avance, avant même de connaître les résultats du premier tour, comme le demande le NPA." est un véritable virage de ce courant, se proclamant anticapitaliste, du Front de gauche et est en totale contradiction avec ce qui était acquis dans les négociations avec le NPA : un accord programmatique que l'on pourrait obtenir, imposer, au social libéral Moure relève de la même utopie que si Jean-Luc Mélenchon, lequel se garde bien de  le proposer aujourd'hui, s'essayait à l'envisager avec François Hollande (2). Muriel Ressiguier recourt à la même idée d'"un accord programmatique" dont elle évite d'esquisser sur quoi il aurait des chances de porter  : sur la régie publique de l'eau ? Sur le refus du financement des entreprises privées ? Sur une réelle démocratie de participation (pardon d'avoir à être pléonastique) des habitants ? Sur le recentrement radical du budget sur des choix sociaux, comme le logement, les transports, au détriment des opérations foncières et immobilières type boulevard du Jeu de Paume ? Quant aux communistes "indépendants du PS" contre les "ralliés" Michel Passet and Co, on découvre qu'ils se sont fendus d'une lettre à Jean-Pierre Moure sollicitant sa "volonté de chercher le rassemblement de la gauche en prenant en compte les objectifs, etc." Le seul obstacle à l'unité étant que les communistes ralliés soient toujours ...  ralliés à la liste PS ! Ce type de positionnement, il faut le redire clairement n'a absolument rien à voir avec ce qui était en discussion avec le NPA et qui portait sur "l'opposition de gauche" à construire contre Moure et Hollande. Par les déclarations que nous lisons dans le texte d'Ensemble sur son blog, comme par celles parues dans L'Hérault du jour, sans oublier la fameuse clause "cachée" (en tout cas à la presse et au NPA) du Conseil National du PCF révélée par Montpellier journal, nous saisissons la portée du tournant opéré par le Front de Gauche de Montpellier au cours des négociations menées avec le NPA : l'opposition au PS ... "jusqu'au bout" aura été l'égarement d'un instant, le temps de ces discussions avec le NPA. L'échéance électorale se rapprochant, le temps des choses sérieuses... avec le PS est venu : l'opposition de gauche ce sera pour le premier tour, pour le second, si le PS le veut bien, ce sera ... l'opposition à la rupture avec le PS. Pour cela rien de tel qu'agiter le poussiéreux épouvantail de l'isolationnisme du NPA et l'angoissante possibilité que la droite puisse prendre la mairie... à la gauche (3). Car le fin mot de l'histoire, malgré la difficile gymnastique d'un David Hermet, c'est que, pour le Front de Gauche, le PS, unlimited-Jean-Pierre Moure, c'est, tout compte fait, encore la gauche... et, qu'à partir de là, il peut participer du barrage à la droite et à l'extrême droite (au NPA nous pensons que ce barrage est, comme démontré par bien des élections partielles, un véritable boulevard politique offert à celles-ci). Voilà qui devrait, à n'en pas douter, intéresser toutes ces victimes du social-libéralisme qui ne voient guère en quoi celui-ci se différencie du droitier-libéralisme de Domergue, Sarkozy, etc.
  • le NPA est donc amené à constater que le Front de Gauche est incapable, en l'état actuel des choses, celui pourtant d' un contexte d'urgence sociale extrême, de s'émanciper complètement du PS : au pire, il s'allie, du moins pour certains de ses membres éminents appartenant toujours à la coalition, dès le premier tour avec lui, au mieux, sous son label officiel, il cherche à faire cette union (programmatique si..; technique si...) au second tour, accréditant toujours ainsi, contre l'évidence, que ce parti puisse finir par être partant pour une politique de gauche ! Ruinant par là-même aussi les chances d'une unité large antiaustéritaire construisant une gauche radicale indépendante de ce jeu politicien dont le PS, par cette alternance qui tue l'alternative, est un des piliers majeurs. C'est pourquoi, avec sa proposition de liste indépendante, le NPA s'adresse à tous ceux, y compris dans le Front de Gauche ou proche de lui, qui sont désireux de mener ensemble une campagne sur Montpellier actant, en toute cohérence, une rupture totale avec le PS pour qu'une chance soit laissée à une politique tout aussi totalement alternative à ce que ce parti, depuis des années, impose au peuple.
Antoine


(2) Question à Ensemble : Jean-Luc Mélenchon relèverait-il du syndrome isolationniste quand il refuse et même dénonce (en quels termes : Mélenchon qualifie le communiste Pierre Laurent de "tireur dans le dos!) l'unité des communistes avec le PS à Paris, pour ne prendre que cet exemple ?

Sur les pratiques du "secret" qui ont cours dans le Front de Gauche (pas seulement à Paris comme nous le constatons ici avec la clause "cachée" que Michel Passet se voit obligé, suite à l'article de Montpellier journal, de publier sur le site du PCF), Jean-Luc Mélenchon n'est pas non plus tendre : "Christian Piquet annonce son ralliement aux socialistes parisiens. Au lendemain de la conférence de presse du président, c’est un reniement très triste. Il a été préparé en secret, sans informer aucun des partenaires, à aucun moment depuis que la discussion est ouverte au sujet des municipales dans la coordination nationale du Front de Gauche. Seuls informés, les dirigeants Communistes ont également tenu secrète cette information. C’est un signal de dégradation des devoirs de loyauté à la tête du Front de Gauche." (lire ici)

(3) "Son premier message [il s'agit du communiste Pierre Laurent] est le rassemblement de la gauche pour battre la droite et l’extrême droite. On n’est pas d’accord. Ce n’est pas clair, ce n’est pas lisible.» (Eric Coquerel, Parti de Gauche). Mais il est vrai que cela ne concerne que le premier tour ! (à lire ici). Certains au Front de Gauche pensent pourtant que ce positionnement est correct pour le second tour : Municipale de Cognac. Le Parti de gauche et le NPA envisagent de se maintenir au-delà de 10% des voix !

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