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Montpellier. Ecologie politique ou écologie politicienne ?


 "Stratégie inepte", "leaders disqualifiés"... Les noms d'oiseaux fusent à EELV mais pour quelle issue politique ?


[Lire ci-dessous "A notre avis..."]

Ambiance délétère chez les écologistes montpelliérains. Après la fusion pour les municipales avec le PS, le groupe EELV de Montpellier résistera-t-il à la défaite ? Rien n'est moins sûr. 
"Le cadavre doit être regardé avec lucidité." Dans un long communiqué, des militants écologistes déjà très critiques il y a un an quant à la gestion d'EELV à Montpellier par Mustapha Majdoul et Jean-Louis Roumégas, dressent le constat et analysent l’échec de l’alliance avec le PS aux municipales.

Points de non retour 

Ils considèrent aujourd’hui "qu’un point de non-retour a été atteint. Et de demander aux instances nationales la dissolution du groupe local et sa re-création sur des bases saines, sans cartes de complaisance." Sur ce dernier point, Nicolas Dubourg, signataire du texte, membre de la direction nationale du parti, pointe du doigt "cette section montpelliéraine, la deuxième plus grosse de France après Paris, qui a gonflé de 50 % début 2013. Cette inflation a fait passer le nombre de militants de 200 à 300."


A notre avis

Ce sont des adhérents d'EELV eux-mêmes qui portent l'affaire sur la place publique. Directement ou indirectement ils nous interpellent. Le NPA 34 n'a rien à dire sur des accusations, en attente d'être instruites par EELV, de détournement ou de gonflement de votes internes sinon  qu'elles pointent des pratiques qui, si elles étaient confirmées, accentueraient le discrédit de la politique telle qu'"à gauche" on la fait à Montpellier. Ajouté à tout ce que les composantes du Front de gauche ont récemment étalé de leurs accusations sur les dysfonctionnements de la démocratie interne, on conviendra que nous avons tous les ingrédients justifiant le rejet des "politicards" que l'abstention, voire, hélas, le vote FN, traduisent. Il n'y a pas lieu de se réjouir de ces lessives  à ciel ouvert car elles concernent des organisations qui, chacune à leur façon, affirment vouloir faire la politique autrement. Autrement, cela va de soi, qu'un PS totalement intégré dans ce que la Ve République sécrète de plus antidémocratique. Or l'affligeant spectacle qui nous est donné à voir a justement un rapport avec la façon dont tant EELV que le Front de Gauche, toutes choses égales par ailleurs, se situent vis-à-vis du PS local. L'une et l'autre organisations se retrouvent comme piégées par leur volonté, ouverte et concrétisée chez EELV, biaisée et frustrée au Front de Gauche, de se rapprocher du PS, voire de s'unir à lui (ou à son dissident, ce qui, en l'occurrence revient au même). L'une comme l'autre, instrumentalisées de fait par le parti courtisé, en viennent, nous dit-on, à recourir à des méthodes qui fleurent bon le socialisme municipal local, qui plus est, portant la patte la plus hyperboliquement manipulatoire qui soit, celle du petit père des bords du Lez, feu Georges Frêche.

Mais cette spécificité locale ne doit pas masquer les fondamentaux de stratégies politiques nationales qui cherchent à ruser avec les institutions en place en surjouant du mythe d'une gauche qui aurait gardé, malgré ses tares, son identité historique. Le déni que le socialisme, tant au gouvernement que localement, a basculé dans un social-libéralisme intégralement soumis à la logique du système capitaliste, le déni que ce basculement appelle une rupture avec une gauche de droite pratiquant, et là il y a de la logique, une politique de droite continuant avec zèle la précédente,  ces dénis en cascade obèrent toute tentative de créer une politique authentiquement de gauche, donc nécessairement en rupture radicale avec le PS. Rupture à laquelle se refusent, d'une part, EELV, qui, tout en sortant du gouvernement, vient d'accorder majoritairement sa confiance parlementaire à Manuel Valls, et, d'autre part, certaines composantes du Front de Gauche, votant contre Valls à l'Assemblée Nationale mais cherchant à s'allier à ces écolos qui se réaffirment toujours socialocompatibles (Mélenchon) ou ayant reconduit les alliances locales avec le parti dudit Valls (PC) !

La logique du système, sa très grande malléabilité, rendent pourtant illusoire de prétendre rompre avec ce qui chez lui structurellement reconduit...

Les avatars internes d'EELV et du Front de Gauche sur Montpellier sont, de ce point de vue, une partie émergée de l'iceberg de cette grave inconséquence politique qui consiste à rester, quoi que l'on dise par ailleurs sur la rupture énérgétique ou sur le refus de l'austérité, sur orbite socialiste au nom d'une conception archaïque et non fonctionnelle, du moins par rapport aux projets émancipateurs revendiqués, de l'idée de gauche.  Cette orbite induit immanquablement la satellisation politique de tout "partenaire" des Moure ou Saurel et la déviation vers les pratiques de coups fourrés contre la démocratie dont vit le système qu'ils servent avec fidélité depuis des années, quoi que nous serine "l'homme nouveau" qui vient de prendre la mairie  (et qui n'aura pas tardé à renier une de ses idées phares de campagne en postulant à la présidence de l'Agglo !) ! 

Cela dit, ni EELV ni le Front de Gauche ne se réduisent aux mauvais jeux opportunistes de leurs appareils  : nous côtoyons assez les militants et sympathisants de ces organisations pour savoir qu'ils sont des nombreuses luttes dans les entreprises, dans les quartiers, lors de fortes mobilisations, contre, par exemple, le renouvellement de la délégation de Service Public de l'eau sur l'agglo de Montpellier. Mais est-il besoin de rappeler que le maître d'oeuvre de cette opération de privatisation n'était autre que le socialiste Jean-Pierre Moure dont les uns et les autres, sur sa gauche, se sont rapprochés dès le premier tour ou ont cherché à se rapprocher dans l'entre-deux tours de la dernière municipale ? Avec dans les deux cas la sanction impitoyable d'un échec politique d'autant plus spectaculaire qu'il s'est nourri de l'échec du candidat officiel du PS. Combien également, parmi ceux qui contestent les irrégularités de fonctionnement dans leurs organisations, veulent voir ce qu'elles doivent à une dérive politique vers un parti dont pourtant l'orientation est en contradiction flagrante avec ce que souvent les militants desdites organisations font sur le terrain ?

Le NPA 34, pour sa part, continuera de proposer inlassablement, comme il l'a fait lors de la récente séquence électorale, tout rassemblement manifestant une opposition à la politique du PS. C'est ce que portera la manifestation nationale du 12 avril. Avec quel lendemain ? Toute la question est là... qui ne saurait trouver de réponse dans des replâtrages "techniques" de la vie interne de tel ou tel parti, de telle ou telle coalition. L'espoir comme le désespoir de tant de gens appellent de toute urgence autre chose. Une autre politique délestée des scories des mauvaises "unités" de "toute la gauche" ou avec une "gauche de gouvernement" ...

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NPA 34, NPA

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