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Montpellier. René Revol (PG), déjà en 2010 la tentation...


... aujourd'hui la consécration ? Quid de la politique d'alternative et de rupture ?


Avertissement au lecteur : on trouvera, à la suite de ces lignes, ce que, avec le titre ci-dessus, j'avais été amené à écrire... en 2010 dans l'ancien blog du NPA 34 à propos de celui qui avait conduit, à peine quelques mois auparavant, la liste pour les élections régionales A Gauche Maintenant ! (AGM !) regroupant le Front de Gauche, le NPA et d'autres groupes à la gauche du PS. Avec un score approchant les 10 % mais ne permettant pas de se maintenir au second tour, AGM ! put cependant se targuer d'avoir mené une superbe campagne de terrain qui laissait augurer un bel avenir unitaire (hélas brisé par le Front de Gauche dès 2011 à l'occasion des élections cantonales). 

Cette liste avait réussi à exister malgré le lourd double obstacle d'une candidature socialiste, celle d'Hélène Mandroux, maire de Montpellier, soutenue nationalement par Solférino (Martine Aubry), à laquelle s'opposait violemment le président de Région, Georges Frêche, le "dictateur des bords du Lez", qui avait fini par être exclu du PS. On notera, à quatre ans de distance, la récurrence des lignes de fracture dans le PS avec aujourd'hui l'opposition Saurel/Moure mais aussi et surtout celle d'un épisode surprenant qui concerna au premier chef la gauche à la gauche des socialistes. 

En effet, tout auréolé d'avoir conduit AGM ! sur la base d'une totale défiance à l'égard dse deux variantes du social-capitalisme, René Revol (membre du PG et donc du Front de Gauche) n'hésita pas pourtant à postuler, en décembre 2010, à une vice-présidence de l'Agglo de Montpellier ... en se félicitant au passage que les majoritaires, frêchistes et socialistes solfériniens (pourtant élevés eux aussi au frêchisme, ce qui explique ce qui suit), se soient réconciliés "dans le cadre d'une nouvelle gouvernance" ouverte à la "diversité des élus". Son voeu ne fut pas exaucé mais comment ne pas faire le rapprochement de cette démarche "très institutionnelle-consensuelle" avec le succès que vient de consacrer, enfin, l'accession du personnage, au saint Graal d'une vice-présidence, sous la houlette, toute en "bonne gouvernance", n'en doutons pas, du "dissident" socialiste Philippe Saurel ? Chacun tirera les conclusions qu'il voudra de cette constance de René Revol dans l'activation de ce qui de fait s'apparente à un jeu bipolaire de "radicalité de rupture avec (contre) le PS/volonté de "bonne gouvernance" avec celui-ci (et/ou ses "dissidents")". Jeu a priori peu compatible avec l'orientation nationale affichée par son parti, le PG.  

C'est pour aider à mettre en perspective ce qui s'est passé il y a à peine quelques jours à l'Agglo de Montpellier (lire ici), qu'on peut inviter à lire ci-dessous  ce que j' exprimai de l'incident de 2010.

Antoine
L'Hérault du jour du 1er décembre 2010


La lecture de L'Hérault du Jour du 1er décembre a provoqué la réaction critique d'un militant du NPA. On lira, à la suite de cette tribune libre, l'article auquel il est fait référence.
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Tout d'abord un rappel : nous avons mené aux dernières Régionales, le NPA et diverses formations à la gauche du PS dont le Parti de Gauche de René Revol, une campagne dynamique et clairement sous le signe de la rupture avec la droite, le frêchisme et le social-libéralisme. René Revol était la tête de liste d'A Gauche Maintenant ! (AGM !). Le résultat, malgré la déception de ne pas pouvoir être au 2e tour, a été considéré par tous comme particulièrement satisfaisant. Il a même été proposé qu' autour de la politique menée par le Conseil Régional sous l'emprise renforcée de Frêche, les diverses composantes d'AGM! développent ensemble un positionnement régulier qui soit en continuité avec les contenus politiques d'indépendance de la campagne des Régionales (1).

Pour diverses raisons, dont il faudra bien un jour discuter publiquement, cette perspective de continuer AGM ! est entrée en hibernation et l'on remarque même que c'est la logique du Front de Gauche (FdG) qui semble accaparer les énergies de nos partenaires, PCF et PG. Leur esprit unitaire vis-à-vis du NPA se réduit à lui faire une aimable invitation à une discussion construite depuis la logique interne du FdG autour de son "programme partagé". Nous avons été obligés de rappeler (2) que ce n'est pas ainsi que l'on procède, qui plus est, quand on a mené une campagne unitaire commune sur un programme de convergence discuté et approuvé sans a priori de parti. Nous avons dû rappeler que la moindre des choses était, malgré la mise en veilleuse évoquée plus haut, de repartir des acquis d'AGM !, comme il avait été convenu que nous procèderions. Que pourraient penser, sinon, tous ceux qui ont cru dans AGM ! et qui découvriraient que cette campagne était un "coup" politique sans lendemain !

Tous ces éléments reviennent au premier plan quand nous lisons dans L'Hérault du Jour que René Revol demande "que sa sensibilité soit représentée dans l'éxécutif [de l'Agglo]". Sa sensibilité serait-elle celle du seul Parti de Gauche ? Du Front de Gauche ? Exit donc, en tout cas, AGM ? Car bien évidemment René Revol ne se serait pas permis de faire cette demande au nom d'une liste qui précisait dans son protocole d'accord : " Vu l’orientation social-libérale de Europe Ecologie et du Parti Socialiste, même sans Frèche, la participation à des exécutifs avec ces formations ne peut s’envisager que s’il y a un rapport de force conséquent et si des éléments significatifs et importants de notre programme de premier tour sont repris dans l’accord programmatique qui sert de base à cette participation, chaque élu restant toujours libre, à tout moment, de son vote " !

La question que nous adressons à René Revol est en fait multiple :

. quel est le sens d'une démarche qui, comme nous venons de le lire, contredit l'orientation unitaire d'indépendance politique des Régionales ?

. où est, en effet, même en envisageant qu'il ne s'agisse que de la position du PG, "le rapport de force conséquent" et où sont "les éléments importants du programme" qui permettraient d'entrer dans un exécutif qui marque en fait la victoire totale du frêchisme local (Moure à l'Agglo relayant la victoire de Bourquin à la Région) sur le socialisme canal Solférino (Mandroux) ?

. quel sens politique y a-t-il, si l'on en croit L'Hérault du Jour, à appeler, comme le fait René Revol, au dialogue entre les frères ennemis Mandroux et Moure, dont on a pourtant précisé inlassablement, aux Régionales, qu'ils représentaient, tous deux, des dérives politiques de la gauche gestionnaire du capitalisme ? Pire encore, fallait-il se féliciter "qu'ils se soient entendus", alors que cela s'est fait (inévitablement) dans le plus pur style des arrangements de cuisine des appareils, pour présenter la candidature à la présidence de l'Agglo de l'un, l'ultrefrêchiste Moure, et, à la vice-présidence, de l'autre, l'aubryste Mandroux ? Quelle est cette conception de l'indépendance politique qui en vient à compter, avec une approbation complaisante, les points du camp dont, à juste titre , on prétend (on prétendait ?) se démarquer pour incarner une autre politique ? Et l'on pourrait poursuivre en citant cette ode affligeante de René Revol à la "nouvelle gouvernance ...plus collective et respectueuse de la diversité des élus" qu'annoncerait la sainte alliance qui se place à la tête de l'Agglo. Quelle découverte : le frêchisme coalisé avec le sociallibéralisme serait donc miraculeusement devenu sensible à une expression heureuse de la diversité politique à gauche ? Il s'ouvrirait ainsi, tout naturellement, à une gauche de gauche qui continuerait à rejeter ses reniements, qui sont toujours là, que ce soit sur le positionnement en faveur d'Israël contre les Palestiniens (avec, comme pointe émergée de l'iceberg, l'appui de la Région à Agrexco), sur le financement des écoles privées, sur les aides aux entreprises privées, sur l'absence de gestion publique de l'eau, etc. ? Comment oser envisager que, sans rapport de force, sans aucune reprise, de leur part, d'éléments de notre programme (et pour cause!), puisse émerger, avec tous ces apparatchiks du frêchisme et du "mandrousisme", "une politique de gauche pour notre territoire contre les logiques dominantes" ! Quelle déraison ! Quelle dérision ! Quelle mauvaise blague faite à ceux qui nous ont entendu dire, il y a moins d'un an, le contraire avec AGM !

Alors, disons-le, demander, comme le fait René Revol, dans la continuité de ce qu'il faut bien appeler son ouverture vers cette gauche de gestion que nous avons combattue ensemble aux Régionales, demander une vice-présidence, ne peut être interprété que comme la culmination d'un magistral brouillage des lignes de partage politique. Ce brouillage dont la gauche "capitaliste" est friande et qui lui permet d'espérer ratisser sur sa gauche (voir son refus, dans la rue, de la réforme des retraites) et sur sa droite (voir son acceptation, au Parlement de l'allongement de la durée de cotisation pour lesdites retraites!).

Soyons clairs, René Revol, créditer les partisans du frêchisme sans Frêche, mais toujours, plus que jamais, frêchistes, et les acolytes locaux des Aubry, DSK, Royal, etc. des vertus du type respect du pluralisme et capacité à rompre avec les "logiques dominantes", c'est discréditer ses propres déclarations sur la nécessité d'être autrement à gauche, d'être tout simplement de gauche. Cela annonce, si cela n'est pas rectifié, un suicide politique. Ce sera sans le NPA qui garde le cap d'une alternative au capitalisme et à ses fourriers de gauche tout en défendant la même unité que lors des Régionales : une unité la plus large pour les luttes, qui refuse les accommodements politiques préparant les dévoiements de ces mêmes luttes. Il y aurait, à ce propos, à méditer sérieusement sur la perpétuation, à gauche, des héritages mitterrandiens (3), en particulier de sa capacité à phagocyter les plus fougueuses volontés de rupture et à les faire platement digérer par l'ordre établi !

Voilà, René, des remarques et quelques questions d'un camarade de combat politique qui, lors des Régionales, a approuvé que soient transcendés les habituels clivages entre nos partis pour qu'il soit clair, pour de larges fractions de la population qui subit les agressions du capitalisme sarkozyste, qu'à la gauche du PS, pouvait naître une union pour l'alternative, non pour l'alternance. Si tu maintenais ta démarche actuelle, tu quitterais inéluctablement la première pour la seconde. Avec les dommages politiques que cela entraînerait et dont se réjouiraient, à l'unisson (forme dévoyée de l'unité!) les sarkozystes, les frêchistes et le PS. En somme l'ordre dominant...aux passerelles politiques si multiples qui érigent les impasses pour la libération des populations et où, bien entendu, nous n'avons rien à faire.

Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)

(1) Texte d'après-élections : Poursuite de l’action commune des composantes d’A Gauche Maintenant! Lien inopérant.

(2) Montpellier : le NPA ne s’inscrit pas dans le « programme partagé » proposé par le Front de Gauche. Lien inopérant.

(3) Héritage mitterrandien lui-même recycleur d'autres héritages de compromission politique. On notera en passant l'inquiétante persistance du responsable national du PG, Jean-Luc Mélenchon, à se réclamer de Mitterrand !

L'Hérault du jour (01-12-2010)



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