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Université Montpellier 3. "À partir du moment où nous ne pouvons plus recevoir tout le monde...


... entre le tirage au sort et la sélection, je préfère la sélection"... Et entre la peste et le choléra? Et entre Sarkozy et Hollande ?


[A lire ci-dessous  A notre avis]

Université d’arts, lettres, langues, sciences humaines et sociales, l’université Paul Valéry – Montpellier III a beaucoup fait parler d’elle en raison de ses difficultés financières en 2013-2014. Sa présidente, Anne Fraïsse, revient sur ces difficultés et les conséquences qu’elles ont sur l’accueil des étudiants tout en demandant qu’on réfléchisse à comment, sinon les sélectionner, mieux réguler leurs flux.


A notre avis

Comme à son habitude, Anne Fraïsse parle sans détour et s'essaie à mettre les points sur les i : cette façon de se positionner lui a valu de jouer un rôle important ces derniers mois pour essayer de bousculer la logique austéritaire du gouvernement et trouver un ballon d'oxygène à son université au bord de l'étranglement financier (taper Paul Valéry sur le moteur de recherche du blog). D'aucuns ont pu croire qu'il y avait là un bon coup à jouer pour mener une lutte efficace en se mettant dans le sillage de ce trublion des ordonnancements policés de la politique universitaire. Pourtant, très vite, sont apparues les limites du personnage qui, de par ses options politiques (proches du PS) déclarées au détour un peu contourné d'une lettre ouverte rudoyant pourtant le candidat Hollande ("Êtes-vous trompé à ce point sur les attentes de ceux qui vous soutiennent pour croire qu’ils souhaitent vous voir poursuivre la politique qui depuis 5 ans torpille notre enseignement supérieur. " Lire ici) mais aussi et surtout de par sa fonction en dernière instance de bonne gestionnaire des choses de son université, jouait en fait une partition de simple pression sur le gouvernement pour qu'il "évolue" : partition forte en gueule, si l'on nous permet l'expression triviale, mais partition cherchant seulement à "limiter la casse", à reporter les échéances et n'ayant, au bout du compte, rien réglé sur le fond. Toutes choses se payant, d'une part, d'une hostilité toujours plus affirmée envers une mobilisation de "ses" étudiants gênant sa "manoeuvre" tacticienne et, d'autre part, d'un assez minable enterrement de la hache de guerre  (le vote du budget de la fac) dans des locaux rectoraux protégés policièrement de la fronde étudiante : si la survie de l'antenne de Béziers avait été acquise, rien sur les financements et sur les garanties concernant les formations, les emplois, les inscriptions d'étudiants, etc. n'avait été obtenu. 

L'entrevue accordée au Monde confirme ce virage pragmatique et "adaptationniste" vis-à-vis du gouvernement vitupéré sans ménagement dans un passé assez récent : adoptant un profil bas, mêlant déploration sur les méfaits d'une politique universitaire, qu'au demeurant elle désapprouve toujours, et parler vrai critique du gouvernement qui, en porte-à-faux, tourne désormais à vide, notre battante en est réduite à rentrer dans le rang de la pire des façons. Elle ne voit en effet rien d'autre à opposer à Fioraso et à la bande à laquelle elle appartient que l'instauration de la sélection (avec étape préalable de chasse aux "faux étudiants" et à ceux qui, n'ayant pas le niveau, empêchent de prendre les autres), une sélection seulement amortie, en guise de piteuse échappatoire, par la rhétorique du "ça ne peut pas continuer comme ça"! 

Ce choix de la sélection, ce n'est, ni plus ni moins, qu'un alignement sur ce qui pourtant est à la racine des difficultés de son université, de toutes les universités, un alignement sur la volonté des grands décideurs capitalistes européens et français, de droite comme de "gauche", de Pécresse à Fioraso, d'en finir avec les "archaïsmes" d'une université de service public, d'une université a priori au service de tous les étudiants et dont nous pensons qu'il faut dépasser ledit apriorisme mystificateur  mais "par la gauche", pas par la droite comme proposent les socialistes et comme, malgré ses états d'âme, assume notre bonne présidente ! Car le fin mot de l'affaire c'est la logique dépolitisée de la gestion imposant ses contraintes incontournables qu'Anne Fraïsse se résout à incarner assez platement au regard de son "explosivité" antérieure : c'est la tactique d'occupation des "espaces" de responsabilité se proposant d'infléchir dans le bon sens, s'il le faut par quelques coups de gueule, "de l'intérieur" du système, la politique gouvernementale et dont le résultat est, on le voit, l'infléchissement et la neutralisation de toute volonté réformatrice. Cette entrevue consacre l'échec de cette méthode pseudo-réaliste, elle démontre ce qu'il y a d'illusoire, en ces temps de crise structurelle du capitalisme et des réponses que celui-ci est décidé à imposer, à biaiser avec la réalité des rapports de force : qui ne s'oppose pas à une austérité universitaire visant à faire basculer les formations et la recherche sous la coupe patronale (voir ici), devient vite, à coups de finasseries institutionnelles, un pion de ladite austérité. 

Même si certainss diagnostics que pose Anne Fraïsse sont justes, retenons qu'ils ne sont plus, dans l'économie générale de son discours, que les résidus de ce qui fut velléité de défense du service public ! Fioraso pourra se frotter les mains : elle a dorénavant à l'université Paul Valéry une présidente qui a déposé les armes et qui, en bougonnant, fait "ce qu'il faut" pour que "ça aille de l'avant". Les "socialistes" n'en demandent pas plus, voire apprécient que les personnalités bouillantes brouillent les cartes en faisant la démonstration que la révolte vire inéluctablement à l'eau tiède ! 

Il n'y a donc pas d'autre choix, pour les personnels et les étudiants, que pousser les feux de la lutte,  que continuer à travailler à construire, sur la durée, une contestation, autonome vis-à-vis des "responsables", aussi portés de bonne volonté contestatrice qu'ils puissent apparaître à un moment donné. Ceci est une donnée importante du bilan de la dernière forte mobilisation de l'UM 3 qui doit se persuader qu'elle a opéré une pause, seulement une pause : les intermittents, les cheminots et tant d'autres lutteurs sociaux nous montrent la voie... Nous avons en face une politique d'ensemble qui restructure à la hache (de "gauche") la société pour plus de privatisations, de dérégulations, d'inégalités, de précarités, etc. L'université n'échappe pas à ces destructions-destructurations-restructurations au service du capital : cela se traduit par une aggravation toujours plus forte des conditions d'étude et de vie des étudiants, par une exclusion accrue de nombreux jeunes du droit aux études (lire ici la lettre de la liste soutenue par le NPA 34 aux dernières municipales à une association d'étudiants). Les chercheurs et les enseignants aussi se retrouvent toujours plus percutés par ces choix. Pour difficile qu'il soit, c'est bien le chemin de la lutte qui doit être emprunté (1) dans une perspective de convergence entre universités mais aussi avec les salariés, les sans-travail et tous ceux que cette politique social-libérale matraque ! Dans l'immédiat saluons les prémices de la mobilisation qui se fait jour en faveur des emplois de la recherche publique : lire ici

(1) Les luttes étudiantes sont un véritable test de ce que les présidences, y compris "progressistes", sont prêtes à faire pour que les cours aient lieu coûte que coûte (y compris par demande d'intervention policière) au nom du droit à aller en cours... et pour que, de fait, vu l'impuissance des réformistes de l'intérieur à couper les filets qui les enserrent, les contre-réformes gouvernementales poursuivent leurs agressions ... contre le droit aux études pour tous.


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NPA 34, NPA

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