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L'université passe sous l'emprise des nouveaux...jésuites !


 Le croisement d'experts, de responsables universitaires et de membres des cabinets ministériels depuis vingt ans rappelle les jésuites qui, entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIIIe siècle, devenaient, dès qu’ils le pouvaient, les confesseurs et conseillers des princes

 

Par Jean-Louis Fournel 

 
Avertissement au lecteur

Tribune à lire toutes affaires cessantes, y compris par ceux qui, désireux de comprendre ce qui se joue à l'université et dans la recherche, se retrouvent souvent désemparés par la "technicité" des données propres à ce monde. Le propos est ici clair, voire pédagogique, et, ce qui ne gâche rien, des plus pertinents dans l'analyse proposée de ce qui dans les réformes gouvernementales successives dessine à marches forcées l'université libérale dont rêvent le patronat et la droite, y compris la gauche de gouvernement qui s'y rattache. Le tout contre les personnels et les étudiants. Contre ce que l'on attend d'une université de service public.
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Comme c’est souvent le cas au moment de la rentrée universitaire on a vu s’affronter ces derniers temps deux discours qui peuvent sembler, à une première analyse un peu hâtive, trop bien rodés : à l’autosatisfaction ministérielle ou présidentielle attendue (je parle ici des présidents d’université et de Comue) ferait ainsi pendant la demande, parfois taxée un peu dédaigneusement de «syndicale», de «moyens» supplémentaires et de créations d’emplois pour le service public. 

De façon un peu lasse et désabusée les citoyens assisteraient sans y prêter une grande attention à un jeu de rôles bien connu dans lequel chacun ferait son travail et réciterait sa partition au bon moment sans que l’impact sur la réalité ne soit décisif. Si ce n’est que nous ne sommes plus dans l’apparent business as usual pour une raison assez simple : les réformes radicales qui ont marqué la période 2006-2013 (en gros du pacte pour la recherche à la loi Fioraso en passant par la loi LRU (libertés et responsabilités des universités) et la réforme du CNRS et des grands établissements) font sentir un peu plus leurs effets chaque année sur les trois questions clés du budget, de la place et de la conception de la recherche, et, enfin, des structures de gouvernement.

Pour ce qui est du premier point, on assiste à une fragilisation systématique des budgets des universités ou des grands établissements, une fragilisation suffisamment durable pour que la CPU (Conférence des présidents d'université) en appelle à ouvrir les deux boîtes de Pandore des frais d’inscription et de la sélection (à savoir le socle même de l’accord de 2007 entre l’Unef et Valérie Pécresse qui permit de faire passer la loi LRU sans trop de problème auprès des étudiants). Chaque année, de nouvelles universités annoncent leur incapacité à équilibrer leur budget sapé par la dévolution de la gestion de la masse salariale : elles sont contraintes de geler des postes par dizaines et de rogner sur leurs dépenses de recherche pour continuer à assurer (mal) leur première mission à savoir l’accueil des étudiants dont le nombre a recommencé à augmenter. Dans ce cadre-là, les fameux «postes Fioraso», ces 1000 emplois annuels créés pour l’ESR depuis 2012, relèvent de fictions, employés qu’ils sont à boucher les trous de budgets structurellement déficitaires. Quant au produit des «investissements d’avenir», dont on ne cesse de nous rappeler quel effort de la nation ils représentent au bénéfice supposé de l’ESR, chacun sait désormais, y compris leurs thuriféraires les plus acharnés, qu’ils induisent des dépenses énormes de la part des bénéficiaires (dépenses supérieures souvent aux sommes attribuées) et donc de nouveaux facteurs de déséquilibre budgétaire et d’inégalités croissantes entre les formations. Cliquer ici

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