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Madrid en fête aujourd'hui : mobilisation record de Podemos !


Tic tac, le compte à rebours du changement contre l'austérité a commencé ! 
Action flash de 
Podemos Montpellier aujourd'hui... 
(voir photos ci-dessous)


[A lire ci-dessous Le contresens espagnol de Jean-Luc Mélenchon


 Au cri de "Oui, c'est possible!", au moins 100 000 partisans du parti antilibéral Podemos (300 000 selon le parti, 100 000 selon la police) ont manifesté samedi dans les rues de Madrid leur volonté de changement en Espagne, à moins d'un an des législatives, après la victoire de Syriza en Grèce.  

Le parti a réussi à organiser un véritable meeting en plein centre de Madrid, avec une affluence rappelant les manifestations du mouvement des "indignés", né le 15 mai 2011 dans les même rues. Podemos évoquait le chiffre de 300 000 participants tandis que la police les évaluait à 100 000. "Le vent du changement a commencé à souffler sur l'Europe", a déclaré vers 14h30 Pablo Iglesias, le chef du parti, devant une foule compacte réunie place de la Puerta del Sol dans le centre, brandissant des drapeaux de Syriza, parti de la gauche radicale en Grèce, et républicains de la gauche espagnole.

Des discours contre "la caste" dirigeante

La foule a écouté avec ferveur Pablo Iglesias, 36 ans, et sa jeune équipe, scandant régulièrement, poing droit levé "Si se puede, si se puede!" (Oui, c'est possible!). Podemos dénonce la haute finance, l'austérité et la corruption dont est accusé l'"establishment", la "caste" dirigeante ayant laissé le peuple dans une situation "d'humiliation et d'appauvrissement". Les discours contre les "privilégiés", sourds aux demandes du peuple, se sont succédé samedi. "Les privilégiés ont rompu le pacte de coexistence", a ainsi lancé Iñigo Errejon, 31 ans, le numéro deux de Podemos. "En 2015, le peuple va recouvrer la souveraineté", a-t-il ajouté. Cliquer ici

A notre avis

Le contresens espagnol de Jean-Luc Mélenchon

Podemos a visiblement réussi son pari de rassembler des milliers de personnes (de 100 000 à 300 000 selon certaines sources) à Madrid pour lancer le compte à rebours du changement comme l'exprime avec ironie le célèbre "tic tac" popularisé par son dirigeant le plus connu, Pablo Iglesias, et largement repris en Espagne. La victoire de Syriza a, de toute évidence, servi d'amplificateur, à travers le pays, d'un effet Podemos déjà bien en marche : comme son homologue grec, mais en un temps record (en à peine un an), celui-ci caracole en tête de nombreux sondages mais bénéficie aussi d'un engouement massif dans la population, ce dont témoigne spectaculairement l'évènement du jour. 

Il n'est pas exclu que les dynamiques combinées de Podemos et Syriza favorisent la relance des mobilisations contre les politiques d'austérité dans d'autres pays d'Europe : ces deux partis ont le mérite essentiel d'ouvrir une brèche dans la chape de plomb qui s'est abattue sur les peuples grâce au consensus "droite-gauche". Ce consensus qu'on voit à l'oeuvre à travers le jeu piégé de l'alternance Hollande-Sarkozy, comme on a vu et voit ailleurs (Schröder-Merkel ou Brown-Cameron), a réussi à casser, dans l'esprit de beaucoup, l'idée d'alternative de rupture. D'où la décrédibilisation sans cesse grandissante des procédures électorales et des institutions qu'elles soutiennent. 

En France l'abstention, la montée du FN, la première faisant la force de la seconde, mais aussi l'absence de réaction proprement sociale d'ensemble, traduisent cette situation de démobilisation populaire, éclairée de ci, de là, de poussées contestataires (la dernière en Belgique) qui cependant ne parviennent pas, pas encore, à stabiliser, voire à commencer à inverser un rapport de force globalement défavorable aux peuples. Par ailleurs il faut rappeler la contribution à cet état de fait de stratégies syndicales suicidaires, car étant elles-mêmes déconnectées de toute référence aux ruptures nécessaires et engluées dans d'incroyables "dialogues sociaux", ces véritables opérateurs du dézingage des résistances aux assauts du capital. La crise des partis à la gauche des PS, ici, entre autres, le NPA et ce qui se présentait comme l'alternative à celui-ci, le Front de Gauche, ont fini d'accentuer l'assombrissement du paysage social et politique.
 
C'est dans ce triste contexte que la lumière venue de Grèce et d'Espagne relance désormais l'espoir que, oui, "nous pouvons" renverser les politiques d'austérité et remettre sur les rails les mobilisations. Le danger est cependant que cette reprise possible du cycle contestataire se voie d'emblée parasitée par le confusionnisme politique généré par le cycle de démobilisation antérieur. Prenons-en pour preuve ce que Jean-Luc Mélenchon et le PG tentent de faire avec Podemos. Bien avant de faire le voyage de ce jour à Madrid pour s'afficher avec Pablo Iglesias, l'ancien candidat du Front de Gauche a la présidentielle s'est annexé le phénomène Podemos, comme il s'est emparé du phénomène Syriza pour en faire sa chose politique. 

Il n'est certes pas interdit de se revendiquer d'expériences politiques qui permettent de tirer les leçons des échecs que l'on a subis et qui ouvrent sur des mutations vers des choix politiques nouveaux supposés apporter enfin l'efficacité recherchée. Mais ce n'est pas cela qui se passe avec Jean-Luc Mélenchon. Nous avons développé ailleurs (voir ci-dessous A lire aussi) que la caractéristique essentielle de Podemos, mais c'est le cas aussi de Syriza, par-delà leurs bien réelles différences, est qu'ils se sont construits sans leur PS, mieux, contre leur PS respectif ! Pour Podemos, le PSOE fait partie de la "caste" qu'il combat ! Syriza n'a pas eu de mots assez durs contre un Papandréou qui a capitulé en rase campagne devant les injonctions de l'UE à renoncer à toute consultation démocratique de son peuple sur les mesures d'austérité imposées. 


Or, malgré ses diatribes bien connues contre le "capitaine de pédalo" ou "Hollandréou", Jean-Luc Mélenchon et, avec lui, tout le Front de Gauche, y compris ses anticapitalistes de la GA, ont assumé, une fois passée la présidentielle, les compromissions, sur certains votes ou par quelques bienveillantes abstentions parlementaires, du PCF avec le gouvernement socialiste, plus social-libéral que jamais, ou encore les coalitions réalisées par celui-ci avec le PS dans les collectivités territoriales. Rien à voir ni avec "l'idée" Podemos ni avec "l'idée" Syriza. La rupture, qu'à la dernière élection municipale, le PG a faite avec le PC et son renouvellement d'alliances avec les socialistes, aurait pu signifier que le premier s'était rapproché du schéma politique des alter ego supposés d'Espagne ou de Grèce. Il n'en est pourtant rien : dans le cadre confusionniste maintenu d'un Front de Gauche, véritable auberge ... espagnole politique des alliés et des non alliés du PS, le PC et le PG, main dans la main malgré tout, travaillent à la recherche d'un nouveau type d'alliances. D'une part, avec les socialistes "frondeurs", mais fidèles au PS, et, d'autre part, avec les acrobatiques écologistes d'EELV sortis du gouvernement pour mieux réaffirmer leur  soutien de fond au  dit gouvernement et leur attachement à l'idée d'alliance durable avec le PS. 

Cette opération s'est même paradoxalement concrétisée dans le récent meeting parisien de soutien à Syriza, à la veille des élections grecques qui allaient consacrer la victoire de celui-ci : Autain (Ensemble), Laurent, Mélenchon mais aussi Duflot (ex ministre d'Ayrault), des frondeurs du PS, Nouvelle Donne...Le mundillo des tenants d'une nouvelle union de la gauche applaudissaient Syriza ! Le paradoxe c'est que Syriza, comme Podemos, n'ont jamais mis en oeuvre un tel travail de rassemblement avec l'équivalent de membres de partis comme le PS et EELV, au mieux ponctuellement critiques de certaines mesures gouvernementales, le plus communément partisans de les rectifier ou les corriger ... en redressant l'orientation les inspirant. Sans ruptures politiques ni organisationnelles. Ni Syriza, ni Podemos ne se sont jamais encombrés d'approcher d'éventuels frondeurs du Pasok ou du PSOE pour la raison évidente qu'ils n'étaient pas ou n'auraient pas été sur leurs positions radicales de rupture avec ces partis ! Et la présence, sans invitation, de quelques responsables socialistes à cette manifestation de Madrid ne change rien à l'affaire. Elle peut, à l'image de l'action des frondeurs français en direction du Front de Gauche, participer de la logique, non nécessairement consciente chez ses initiateurs, de "se placer plus à gauche" pour constituer le leurre, illusoire aujourd'hui, qu'il pourrait, le cas échéant, exister des ponts entre le PSOE et Podemos ! Ponts par lesquels la moindre tentative d'y prendre pied ferait sombrer, corps et biens, la radicalité du second.

Jean-Luc Mélenchon est bien silencieux sur ce qu'il advient en ce moment du parti frère du Front de Gauche, Izquierda Unida (IU), qui est immergé dans une crise le plaçant, selon certains, au bord de l'éclatement. Plongé dans les mêmes contradictions que le Front de Gauche gérant les Régions avec le PS, IU n'a pas hésité à s'allier avec le PSOE pour gérer austéritairement la Communauté d'Andalousie. Pour tout dire l'émergence de Podemos a mis à nu le talon d'Achille de ce regroupement constitué autour du PCE comme le Front de Gauche l'est autour du PC. Hier très attaché à IU, Mélenchon s'est désormais entiché de Podemos (tout en faisant le geste de se faire accompagner pendant son séjour espagnol de son ami Garzón, candidat désigné par IU pour les prochaines élections générales). Cruel pour IU mais surtout politiquement peu sérieux !

En effet, en se revendiquant une nouvelle fois, dans la liesse madrilène de ce jour, de Podemos, Mélenchon fait oublier ce qu'il en est de son propre bilan politique, de ses choix d'hier mais aussi d'aujourd'hui (y compris celui d'une 6e République dépourvue de correspondant décisif dans le profil politique d'un Podemos qui a décidé par exemple de ne pas porter, du moins dans l'immédiat, la revendication de "retour à la République"). Ces choix n'ont strictement rien à voir avec la démarche d'un Podemos assumant ouvertement ce que le Front de Gauche n'a jamais été capable de faire, qu'il n'est toujours pas capable de faire : rompre avec le PS, avec toutes ses fractions, courants et sous courants, et les partis à lui inféodés (EELV) et se rassembler avec les forces d'alternative radicale et elles seules (Podemos comprend les militants d'Anticapitalistas, cofondateurs du parti, dont le NPA est proche !). 

Précisons que, selon nous, Podemos comme Syriza, à l'approche du pouvoir pour l'un, et désormais dans l'exercice du pouvoir pour l'autre, ne sont pas prémunis du risque de dévier de ce qu'ils ont fait jusqu'à aujourd'hui et de finir sur une embardée politique :  le risque de ne pas aller jusqu'au bout des ruptures nécessaires et, paradoxalement, de retrouver le syndrome qui a travaillé, d'emblée, le Front de Gauche et l'a mené à son échec actuel, le syndrome du pseudoréalisme et de la composition avec les contraintes du vieux monde. Toutes choses qui peuvent, au demeurant, se mettre en place sans qu'il soit nécessaire de faire alliance avec des PS qui, à l'image du Pasok, peuvent se retrouver totalement marginalisés (moins de 5 % des voix aux dernières législatives). Surtout si le mouvement social ne parvient pas à se construire comme un acteur autonome de son propre destin, garant que ses propres revendications ne seront pas stérilisées par des arrangements électoralistes. D'où qu'ils viennent !

Voilà toutes les bonnes raisons de rester vigilants, y compris face à ce qu'il faut bien appeler des tentatives de récupération politique, voire de recyclage politicien, d'expériences d'alternatives réelles dont la pierre de touche (ou condition nécessaire quoique non suffisante) reste le rapport aux PS, à ses fractions et à ceux qui leur sont stratégiquement attachés, parfois de façon problématique mais sans rien changer sur leur lien de dépendance. 

Le NPA garde, lui, le cap de ces ruptures nécessaires, incontournables avec lesquelles aucune démarche d'unité ne peut biaiser. Cela lui a valu d'être marginalisé et affaibli, ce que certains dans Podemos ou Syriza ont eu eux aussi à assumer, souvent pendant de longues années, sous les mêmes ricanements qu'ici de ceux qui ne voient d'issue que dans des unités larges. Même quand elles s'accommodent de dérives graves. La proposition du NPA reste toujours, sauf infléchissement de son congrès qui a cours en ce moment, de constituer une unité de radicalité contre, eh oui, le PS et son gouvernement, contre la droite et l'extrême droite. Une unité avec le Front de Gauche, à condition qu'il puisse s'affranchir de ses tractations internes politiciennes, mais aussi unité avec LO, AL et tous ceux qui veulent aider à lancer une dynamique de remobilisation populaire pour rompre avec l'austérité. Pour travailler aussi à construire un autre monde que celui du capitalisme, ce qui est la condition pour que ce refus de l'austérité ne s'enlise pas dans les simulacres d'alternatives et ne signe de nouveaux terribles échecs !

Antoine

Podemos à Montpellier en parallèle avec Madrid...

Cliquer sur la première photo pour agrandir et lancer le diaporama

 Sur les affiches brandies devant le consulat d'Espagne : Hors d'Espagne aussi nous pouvons !

Podemos Montpellier s'est mobilisé à travers les rues du centre ville pour dire sa solidarité avec la Marche du Changement organisée ce même jour à Madrid par Podemos. Parmi les slogans scandés : Madrid, Athènes, Montpellier, solidarité contre l'austérité ! Podemos, Podemos, contra la austeridad/Nous pouvons, nous pouvons contre l'austérité !

 

 


 

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