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La santé marchandisée...

Une nouvelle génération d'antiviraux révolutionne le traitement de l'hépatite C. Mais le prix de ces médicaments empêche leur généralisation.

Gilead contre le reste du monde… En mettant sur le marché un traitement révolutionnaire de l’hépatite C, le Sovaldi, au tarif de 1 000 dollars le comprimé, Gilead sciences, société californienne de biotechnologie, leader des antiviraux et des traitements du sida, a déclenché une guerre de brevets planétaire et une fureur internationale. 

Au moins sept pays ont refusé les brevets du Sovaldi. Médecins du Monde s’oppose aussi au brevet européen du médicament, et accuse les autorités sanitaires d’« organiser le rationnement » des traitements. L’Inde et l’Égypte (le pays du monde le plus touché par le virus) ont entrepris de fabriquer des génériques cent fois moins chers que le produit de Gilead. La firme est devenue la cible emblématique des ONG et des collectifs de patients, dont certains ont qualifié Gilead de « Hep C criminal », « criminel de l’hépatite C ».

Les attaques n’empêchent pas Gilead de prospérer : depuis le lancement du Sovaldi fin 2013, suivi en 2014 de l’Harvoni, combinaison du premier et d’une autre molécule, la société a engrangé plus de 16 milliards de dollars de bénéfices avec ses traitements de l’hépatite C. […]


Les critiques de Gilead estiment que la société a déjà largement récupéré sa mise et devrait désormais baisser fortement ses tarifs. C’est là que la logique financière se heurte à celle de la santé publique. Car le jackpot pharmaceutique est ici associé à un progrès thérapeutique majeur. Avec le Sovaldi et l’Harvoni, Gilead a inauguré une nouvelle génération de traitements contre le virus de l’hépatite C (VHC), que l’ensemble des spécialistes considèrent comme une révolution. […]
Interrogé par Mediapart, un médecin généraliste, qui soigne des patients atteints du VHC, estime pour sa part que seul le prix des nouveaux traitements empêche, en France, de traiter tous les sujets infectés : « Médicalement, c’est justifié de traiter les patients les moins atteints et de leur éviter ainsi le risque d’une maladie grave du foie, dit ce médecin. Ce n’est pas très facile d’expliquer à un patient : “On aimerait bien vous traiter, mais on est obligé d’attendre, pour des raisons qui sont plus économiques que médicales.” À cause du prix, on est obligé de faire entrer le patient dans un circuit surveillé. Si le traitement coûtait 1 000 euros pour trois mois, on ne se poserait pas de questions. Ces médicaments sont simples à prescrire et à utiliser, il n’y a pas beaucoup d’effets secondaires. On n’est pas obligé de limiter la prescription aux services spécialisés, on pourrait l’ouvrir aux médecins de ville. Notre système de santé peut absorber les patients, le problème est économique. »

« On n’est pas dans une logique de santé publique » 

Cette analyse s’oppose à la rhétorique du ministère de la santé qui parle d’un « encadrement » de la prescription et d’une « organisation optimale » du suivi des patients. Médecins du Monde conteste aussi ce discours : « Les autorités avancent la nécessité d’une montée en charge progressive, soutiennent que le système de santé ne peut pas absorber immédiatement tous les malades, etc., commente le docteur Jean-François Corty de Médecins du Monde. Ce sont des éléments rhétoriques qui ressemblent à ce que l’on a déjà entendu à propos du traitement du sida en Afrique. On prétexte la complexité des traitements pour mettre en place des instances de contrôle et restreindre la prescription. En réalité, on n’est pas dans une logique de santé publique, mais dans une contrainte financière. Le prix impacte un système de santé de moins en moins solidaire. » […]

On se trouve devant le paradoxe qu’une révolution thérapeutique, reconnue par l’ensemble des professionnels, est freinée par des impératifs budgétaires. Cette analyse a conduit Médecins du Monde à s’opposer au brevet européen du Sovaldi, estimant que la stratégie de Gilead oblige les pays de l’Union européenne, à commencer par la France, à « organiser le rationnement » et à différer le traitement de milliers de patients qui pourraient en bénéficier. 
Pratiquement, on envisage aujourd’hui de traiter environ 20 000 patients par an en France dans les deux ou trois prochaines années. Pour Médecins du Monde, il faudrait à bref délai en soigner 128 000.

Certes, les patients « mis en attente » ne courent pas de risque à court terme, et peuvent même rester dans un état stable pendant de longues années. De plus, une bonne surveillance clinique permet de détecter une éventuelle aggravation de l’infection chronique. Mais est-il satisfaisant de laisser exister un risque, même limité, que l’on pourrait éliminer ?

Même si Médecins du Monde ne réussit pas à faire tomber le brevet européen, il est probable qu’à moyen terme, les prix baisseront. « Sous la pression, Gilead et ses concurrents finiront par donner des licences, pronostique notre généraliste. Les labos ont cinq ans pour rentabiliser leurs produits. » Dans l’intervalle, les patients qui n’ont pas d’atteinte sévère et leurs médecins ont un moment difficile à passer… Cliquer ici pour accéder à l'intégralité de l'article (réservé aux abonnés)

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