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Montpellier. L'AG Populaire, un atout précieux pour la lutte contre la Loi Travail ...


... et pour esquisser les voies de l'alternative à la société "pourrie" capable de sécréter un tel projet de loi !

 A lire ci-dessous Notes sur l'AG Populaire de Montpellier et l'agenda des actions sur Montpellier


Communiqué "Convergence des luttes" (AG Populaire de Montpellier) lu aux présent-es à l'occupation du Centre Dramatique National de Montpellier (lire ci-après)
 
Le projet de la « Loi Travail » a été la casse sociale de trop. Ce combat devient le point de convergence de toutes celles et tous ceux qui ne supportent plus les politiques d'austérité, les mesures liberticides, les lois anti-sociales, les grands projets inutiles, les discriminations, l'exploitation totale de la planète et de ses ressources, au prix d'une pollution sans nom, du mépris des peuples et des générations à venir et d'un dérèglement climatique qui menace désormais la vie même. 

Après la pétition [qui a participé à lancer la mobilisation] et, en complément des grosses manifestations qui ont ponctué le mois de mars, débutent des assemblées populaires et s'amorce le mouvement des « Nuits Debout ». Ce front social et politique doit permettre la construction d'un rapport de force suffisant pour non seulement imposer le retrait de la Loi Travail mais également pour nous donner l'élan nécessaire pour balayer les contre-réformes passées et en cours, les grands projets inutiles, retrouver le chemin de la conquête sociale et permettre au-delà de poser les questions essentielles : quel travail ? Quelle production et quelle consommation sont-elles nécessaires, souhaitables et compatibles avec nos choix, nos vies et l'avenir de la vie même sur terre ?

Mais pour obtenir cette première victoire décisive (une victoire d'étape), le retrait de la Loi Travail, que l'on pourrait aussi nommer la loi "Capital" tant elle est représentative d'un capitalisme qui se croit désormais tout permis, l'ensemble des forces du mouvement social, qui se rendent bien compte que c'est la même logique qui dicte la Loi Travail, les lois sécuritaires, le traitement réservé aux migrant-Es, la destruction des services publics, la bétonisation de nos territoires…, doivent unir leurs énergies. Les différentes luttes doivent entrer en résonance.   

C'est pourquoi nous proposons aux syndicats, aux associations, aux collectifs, aux assemblées étudiantes et lycéennes qui se battent au quotidien contre cette logique de participer aux assemblées populaires, aux commissions et aux activités des Nuits Debout. Ensemble nous pourrions ainsi débattre et échanger sur le fond, mais surtout coordonner nos initiatives afin de créer le rapport de force nécessaire à un changement radical de société. (Texte adopté à l'AG du samedi 9 avril en ouverture de la Nuit Debout de Montpellier, texte amendé en commission Convergence des Luttes et validé par l'inter-commission de ce mercredi 13 avril)  

Agenda "Convergence des luttes" de cette fin de semaine

- Manifestation des étudiant-Es et des lycéen-nEs - 11h - Université Paul Valéry (route de Mende) suivi d'un repas partagé sur la Comédie et d'un départ vers la préfecture à 13h pour rejoindre les salarié-Es en grève.

Vendredi 15 avril

- Soutien à la mobilisation des professionnel-lEs de la petite enfance contre la délégation de service public (en gros la privatisation des structures actuellement municipales) - 9h - Mairie de Montpellier

Samedi 16 avril

- 18h - Comédie - AG populaire Nuit Debout
 

Notes sur l'AG Populaire de Montpellier

A l'image du bouillonnement général qu'a provoqué, partout dans le pays, le projet de Loi Travail, l'Assemblée Générale Populaire, qui s'est mise en place à Montpellier dès la première manif de riposte le 9 mars, a réussi le tour de force de s'inscrire dans la durée : de toute évidence elle répond à un besoin, celui de ces dizaines, parfois de ces centaines de personnes, qui se retrouvent régulièrement au kiosque Bosc de l'Esplanade ou à la place de la Comédie toute proche. Ce besoin c'est celui de constituer un espace autonome, décroché de ceux que la routine institutionnalisée, y compris celle d'une partie de la gauche radicale, valide comme étant l'espace, au singulier emblématique, de la politique ! Ici la parole libre, la parole de chacun-e, respectueuse de celle des autres, réglée par des procédures souples d'échanges, s'épanouit, semble parfois se perdre dans l'expression de l'utopie de l'alternative, là immédiatement, à la société des Hollande, Valls, Sarkozy, Fillon, Le Pen; mais parole qui revient inlassablement à l'idée que c''est en envoyant à la poubelle la Loi Travail que se créeront les conditions d'une mobilisation d'ensemble se donnant pour objectif de changer de paradigme social, politique, écologique, etc.

Cette AG Populaire a trouvé sa place à côté des autres structures de mobilisation que sont les intersyndicales ou les AG étudiantes, avec la particularité de constituer un creuset, encore embryonnaire, où des syndiqué-es, des étudiant-es côtoient tant d'autres occupant diverses positions sociales "subalternes" ou d'exclusion imposées par le système. Il y a en elle comme une transversalité désajustant les assignations par lesquelles nous sommes, en temps normal, renvoyé-es à l'impuissance de nos microcosmes personnels, à la délégation de pouvoir mortifère ou à la marginalisation des refus radicaux.

Structurée en commissions (convergence des luttes, artistique, communication, organisation des AG, etc.) fournies, elle est parvenue à stabiliser un large noyau de personnes appelé à devenir une force de frappe spécifique mais, dans le même temps, désireuse de s'élargir et de s'articuler, sans aucun esprit de substitution, à l'ensemble des collectifs engagés sur le terrain comme les syndicats et les associations, sans exclure la participation des adhérents des partis politiques. Par là, l'AG Populaire travaille à faire lien : lien avec ces groupements et individus dont il vient d'être question, avec les divers lieux de travail et d'étude ou ces lieux symboliques de l'exclusion/fausse intégration que sont les Pôles Emploi ou les CAF; mais aussi lien dans le temps permettant d'éviter que les rythmes de mobilisation ne connaissent ces creux qui ont fatalement conduit le dernier grand mouvement social, celui des retraites de 2010, à tourner en rond et à dilapider la dynamique mise en place. 

D'ici la grande manifestation du 28 avril appelée par l'intersyndicale, il serait fatal, entre autres pour cause de congés scolaires, de rester l'arme au pied, autant dire d'"organiser", une nouvelle fois, la démobilisation. Le sens de l'appel qui ouvre cette page est clair: il s'agit, pour l'AG Populaire, d'appuyer tout ce qui lutte et maintient la flamme des combats sectoriels (quartier de La Rèbes, Crèches, Intermittents du spectacle, travailleurs sociaux, etc.) ou de faire la jonction avec ceux et celles qui pourraient élargir de façon décisive le mouvement en cours (les chômeurs/-ses ou les habitant-es des quartiers populaires) afin que ce 28 avril signifie la relance de la contestation, sa généralisation (dans tout le pays !) avec la perspective de tout bloquer jusqu'au retrait de la Loi Capital !


Enfin, en s'inscrivant dans le processus des Nuits Debout, ce regroupement large d'"agéistes" aide à renouer avec le mouvement des places initié, il n'y a pas si longtemps, par les révolutions arabes, les indigné-es espagnols, grecs ou nord-américains, par où se crée un abcès de fixation signifiant une réappropriation "sauvage", politique mais aussi ludique, de l'espace public ! Il est à ce propos particulièrement significatif que la maire socialiste de Paris ait vu tout le contraire dans ce type d'occupation  : celui d'une privatisation de l'espace public. Contresens total qui dit bien que nous ne participons pas du même monde, de ce vieux monde d'une gauche de droite acquise à la casse du Code de Travail, singeant, par là et par tant d'autres macroneries ou vallseries, économiquement, socialement, policièrement la droite de droite et sombrant même dans la "déchéance" de piller le programme "identitaire" de l'extrême droite !

Alors vite renforçons l'Assemblée Générale Populaire de Montpellier ... comme  ailleurs : Lodève, Sète...

Antoine

Communiqué d'occupation du Centre Dramatique National de Montpellier 

par la Coordination des Intermittents et Précaires Languedoc/Roussillon


Nous, chômeurs, intermittents, précaires, décidons d'occuper cette maison nationale du peuple, de la culture et de la parole.
Nous n'empêcherons pas les spectacles, ni l'accueil du public.
Par cette occupation, alors que de nouvelles négociations sur l'assurance chômage prévoient encore des économies sur le dos des plus fragiles, nous interpellons le gouvernement.
Précarisés dans nos existences, asphyxiés dans l'exercice de nos métiers, nous ne voulons plus vivre pour survivre.
Halte aux mensonges !
Les chômeurs ne sont responsables ni du chômage, ni de la crise financière du vieux système capitaliste.
La dette n'existe pas.
La fraude, c’est celle de l’évasion fiscale, pas celle des chômeurs, qui devraient être tous indemnisés à la hauteur de la précarité que l'économie du désastre leur impose.
Inscrits dans le mouvement social contre la loi El Khomri, nous n'avons pas besoin de lois contre ceux et celles qui travaillent mais de droits plus justes pour toutes et tous.
L'Unedic n'est pas déficitaire.
Le Medef n'a aucune légitimité à siéger à l'Unedic.
Le Medef n'a aucune légitimité à diriger et cadrer les négociations sur l'assurance chômage.
Il n'y a plus de politique culturelle digne de ce nom en France.
Les annexes 8 et 10, régime spécifique d'assurance chômage de l'intermittence, ne sont pas sauvées.
Les tables de concertation, les annonces de dégels, de prise en charge de différés, ne sont que des plans de communication de la dernière chance, sans envergure et sans pensée.
Aussi, nous demandons l'application de nos propositions expertisées, chiffrées, reconnues justes et équitables, dès demain 13 avril, journée de négociations sur l'assurance chômage.
Nous demandons la séparation du Medef et de l’État.
Nous demandons la mise en place d'une politique culturelle qui entende donner la place aux poètes, créateurs, chercheurs, ouvriers du langage et au peuple qui, debout, est l'horizon.
Nous appelons toutes et tous, à occuper les lieux nationaux de l'art et de la culture, à se rassembler dans ces maisons qui sont les nôtres, pour y faire entendre notre voix, d'autres possibles, et obtenir ce que de droit.

Réjouissons-nous, de l'argent il y en a : au Panama.

Coordination des Intermittents et Précaires Languedoc/Roussillon

Montpellier, le mardi 12 avril 2016.


A lire dans la dernière Lettre d'Information du NPA 34

     Inattendu, générationnel et vivant, le mouvement que lance Nuit debout est irrécupérable par les managers de l’insoumission et du radicalisme régimenté. Mais il offre à la gauche sociale une chance unique de faire sa propre révolution. […]
    La première occupation de place s’est déroulée le 31 mars, à l’issue d’une journée de manifestation contre le projet de loi El Khomri. Depuis, la place de la République à Paris ne désemplit pas et plusieurs autres villes ont connu un phénomène similaire. […]
    Les politiciens qui recherchent désespérément "leur" mouvement social ne récupèreront rien. Le propre d’un collectif horizontal comme celui-ci est qu’il n’a que faire des tribuns qui représentent. Il entend bien se représenter tout seul. À quelques exceptions près, ce mouvement est générationnel : ce sont les jeunes qui prennent la parole. Ils parlent leur langue, communiquent selon des moyens qui leur sont propres et débattent selon des modalités qui leur appartiennent.
    Ils ont raison, car qui écoute cette jeunesse en temps ordinaire ? Qui respecte ces jeunes qu’on envoie étudier dans des facs insalubres, qui connaissent la galère des petits boulots, des emplois précaires et du chômage ? Que cette jeunesse se méfie des partis et des professionnels de la politique est donc compréhensible.
    Ce que les managers de l’insoumission et du radicalisme régimenté ne comprennent pas, c’est que ces jeunes n’ont que faire de l’élection présidentielle sous la Ve République. Ils la voient pour ce qu’elle est : une farce plébiscitaire qui nourrit les ego démesurés de certains prétendants. […]
    La révolte qui vient partira, comme en mai 68, de la jeunesse. Peut-on imaginer un nouveau Mouvement du 22 mars ; ce mouvement étudiant antiautoritaire, d’inspiration libertaire fondé à l’université de Nanterre ? Nuit debout est certes le reflet de son époque. Pourtant, les deux collectifs ont en commun un goût prononcé pour la démocratie directe, l’autogestion, le débat et la non-violence. Ils partagent la même méfiance instinctive à l’égard du pouvoir hiérarchique.
    C’est là que se situe le caractère potentiellement révolutionnaire du mouvement. Les jeunes manifestants s’emparent de sujets que la vieille gauche française a toujours méprisés : les libertés individuelles menacées par l’État (combien de dirigeants de gauche dénoncent l’institutionnalisation des violences policières ?) ; le respect de la diversité culturelle et religieuse (à cela, la vieille gauche préfère les discours abstraits sur la citoyenneté et elle sous-estime le racisme et l’islamophobie), ou encore l’arbitraire et la corruption politiques.
    Ces jeunes ont compris qu’un agenda social convaincant ne pourra pas prendre forme dans un pays dont l’atmosphère est viciée par l’autoritarisme, la violence d’État et le racisme (extrait de Nuit debout : une rupture culturelle avec la vieille gauche).
    La convergence des luttes est une idée à la fois si simple et si difficile à fonder : comment unir autant de luttes que de personnes ? Cette question stratégique est au cœur de la Nuit debout, à ce point intime qu'elle n'est encore qu'effleurée du bout des lèvres par les participants à l'immense assemblée populaire. […]
    La convergence des luttes reste encore un blasphème politique pour ceux dont les postures rigides déguisent parfois mal une forte personnalisation des idées. Il faudra [pour déjouer ces rigidités et libérer la dynamique convergente des luttes] déconstruire les chapelles politiques, démissionner leurs petits clergés querelleurs et renoncer aux puritanismes dogmatiques. Allant dans ce sens, la Nuit debout invente ses propres outils pour défricher le terrain et invite chacun à venir se faire maçon et architecte pour poser les fondations d'une nouvelle cathédrale populaire et démocratique (extrait de Nuit Debout, le rêve éveillé d'une convergence des luttes).



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Jan Schmidt-Whitley : "Je suis le photographe qui a pris cette photo. je tiens à préciser que la fille n'est pas une manifestante; elle déjeunait dans un café qui a été encerclé par les forces de l'ordre. Ensuite elle s'est pris une giclée de lacrymo, ce qui l'a énervée. Elle l'a dit de manière un peu crue mais justifiée aux policiers. Pour toute réponse, l'un deux s'est avancé et l'a éclatée."
 


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