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Ces anti-système.. au coeur du système !


La bataille (politique) des mots




 Face à la gauche, tellement passée à droite (loi "travail" ouvrant sur un long etc.) et même aux frontières de son extrême (Etat d'urgence, sécuritarisme/policiarisation, islamophobie...) qu'elle s'en trouve liquéfiée...ils/elles entonnent les trompettes de la rupture : peu importe qu'ils aient été précurseurs dans les politiques antipopulaires menées aujourd'hui, seulement confrontés à avoir été débordés sur leur droite (François Fillon, premier ministre de Sarkozy); peu importe qu'ils aient été les inspirateurs les plus actifs de ces mêmes politiques "socialistes" aux noms si chatoyants d'hyperlibéralisme que sont l'ANI, le CICE ou au label si oxymoriquement enfumeur qu'est la loi "travail" (Macron). Peu importe que malgré sa différence sur l'Europe avec les deux premiers et le gouvernement, son parti ait été tenté, avant de reculer in extremis, d'en rajouter (lire ici) sur les dérégulations inscrites dans la loi "travail" et qu'elle tire tout l'échiquier politique vers elle sur l'immigration avec l'enrobage raciste qu'elle donne à cette question (Le Pen).

Antisystème donc Fillon (lire ici), Le Pen (lire ici) ou encore Macron, qui n'hésite pas à monter le ton avec son appel, rien que ça, à...la Révolution :  (lire ici et lire ici)

     




         

Ils et elles participent en fait du paradoxe systémique antisystémique : celui par lequel le capitalisme, en proie à une crise majeure, mais au fond, classique, de son fonctionnement, active tous les ressorts de sa domination pour casser ceux des classes subalternes et relancer sa course aux profits : en particulier par son irruption iconoclaste dans ce champ politique, parmi d'autres, mais doté d'une spécificité essentielle pour organiser la désorientation et la maîtrise des esprits, le champ lexical. Là où les mots "démocratie", "liberté", "droits", "égalité", "justice", accrochés, par la magie des consensus de Trente Glorieuses, à la pacification des rapports sociaux, semblaient avoir désactivé pour toujours tout retour de flamme de la lutte des classes, voilà que le Capital, prenant de court le Travail, casse les liens acquis, fixés, entre les mots et les choses. Depuis lors la lutte de classe, en réalité bien présente jusque là mais de relative basse intensité, a été radicalisée mais à l'initiative du premier et met dans les cordes le second qui ne parvient pas à décoder la nouvelle donne. Et, pour cause, les mots restent les mêmes mais plus les choses qu'ils signifiaient : la démocratie c'est désormais le coup de force permanent; la liberté, la répression des libertés; les droits, des obligations négatrices des droits, sauf celui de se taire et de consommer toujours plus ou de plonger dans la frustration de ne pas pouvoir s'adonner à la chose par défaut de solvabilité; l'égalité, une équité inéquitable; la justice, la consécration des injustices... Exit l'Etat Providence inadéquat au nouveau cycle du capital et au rapport de force établi grâce aux connexions internationales configurant ce nouveau totem qu'est la "mondialisation" et inaugurant le nouveau (dés)équilibre entre les classes. 

La novlangue dans la prémonition visionnaire d'Orwell a bien été au rendez-vous des années 80, à ce détail près que c'est le Capital qui l'a chipée aux totalitaires d'en face qu'il a vu s'effondrer dans ces mêmes années (lire ici) : tout à sa malléabilité congénitale, le "système", par lequel le Capital ordonne son pouvoir, a ainsi organisé un putsch contre les mots en en retournant le sens... Et cela dans l'effet, comme dans l'orwellien 1984, de la mise en marche d'une dynamique totalitaire, "douce" encore comparée à ce qu'elle préfigure et dont il n'est pas forcément judicieux de penser qu'une Marine Le Pen en soit le vecteur nécessaire... Un Sarkozy, un Valls, un Cazeneuve, un Fillon et, qui sait, un Macron, peut-être le plus serti d'audace dans l'opportunisme, dans la capacité à dire l'inverse de ce qu'il fait, à faire le contraire de ce qu'il dit, conformément à l'amoralisme intrinsèque du Capital avec lequel il est le plus directement connecté ... tous et toutes sont, il faudrait commencer à l'envisager sérieusement, des Big Brother en puissance.
Potentialité signée par leur revendication actuelle d'un positionnement antisystème prosystème aux conséquences sociales et politiques désastreuses : une telle énormité manipulatoire peut, doit faire craindre le pire !

Ne l'oublions pas, Trump "combat résolument le système" ! C'est dire !

2017 n'est certes pas 1984. Aujourd'hui, grâce aux foucades d'un Canard Déchaîné, souvent grâce au travail déconstructeur de Mediapart et de quelques autres, une parenthèse s'est ouverte qui permet de mesurer, à large échelle, l'escroquerie de l'imposteur fillonesque de l'antisystème. Mais ne nous leurrons pas, tellement la désorientation politique est grande, sans capacité de notre part à faire rebondir la seule option susceptible de porter l'alternative politique, la mobilisation sociale, demain (qui, comme ne dirait pas Macron, est en marche aujourd'hui), il pourrait être trop tard. Nous serions alors en 1984...

Antoine

Pour certain-es, Hamon et Mélenchon seraient, chacun à leur façon, sans nécessairement qu'ils énoncent le mot, antisystème. Tous deux cependant, dans l'instant où ils déclarent "rompre", restent dans le cadre systémique fondamental, le cirque électoral, dont les diverses primaires sont le prélude dépolitisant ! Le premier parce que, quoi qu'il dise, fasse et finasse (et les mots là aussi déjouent), il se plie, jusqu'à en avoir gouverné, sans rien renier, en consonance avec elles, aux règles du parti qui "fait" le système avec la droite. Le second en arborant, sur fond d'une calamiteuse mitterrandolâtrie, le mot emblème d'une citoyenneté étatiste-républicaine lestée d'une histoire largement antipopulaire que la revendication actuelle d'insoumission ne parvient guère à neutraliser sérieusement; c'est ce qu'il nous a été donné de voir récemment, pour ne prendre que cet exemple, par la complaisance républicaine dudit leader envers des policiers manifestants, ayant tout juste remisé les matraques et autres gazeuses dont ils ont usé jusqu'à plus soif contre les opposant-es à la loi "travail", et réclamant que leur soit octroyé encore plus de capacité de répression (lire ici).

Note : je découvre, après avoir écrit ce billet, cet article du Monde « 1984 » de George Orwell est en tête des ventes aux Etats-Unis qui mentionne l'innovation trumpienne, paradigmatiquement orwellienne (en n'oubliant pas que l'auteur de 1984 n'était pas son Big Brother !), des "faits alternatifs" ! Oui, Orwell mérite qu'on le convoque comme analyseur de notre temps...

"Le mot libre existait encore en novlangue, mais ne pouvait être employé que dans des phrases comme « le chemin est libre ». Il ne pouvait être employé dans le sens ancien de « liberté politique » ou de « liberté intellectuelle ». Les libertés politique et intellectuelle n’existaient en effet plus, même sous forme de concept. Elles n’avaient donc nécessairement pas de nom." (George Orwell:1984 - Appendice - Les Principes du Novlangue)  

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