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Lettre ouverte aux militant-es du PCF


Pour engager le débat.


Chères et chers camarades, 
Le vote des militantEs de votre parti, les 25 et 26 novembre, a décidé à une courte majorité le soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle, après la décision opposée prise lors de votre Conférence nationale. Nous ne souhaitons pas intervenir de quelque façon que ce soit dans la vie de votre parti mais la situation nouvelle à laquelle vous êtes confrontés concerne l’ensemble du mouvement ouvrier. 

C’est la première fois qu’une telle division apparaît aussi bien dans les directions de votre parti que chez les militantEs. 

Une telle situation laisse bien des militantEs, bien des travailleurs et travailleuses désemparéEs, sans perspective alors que le PS est en train de s’effondrer sous les coups que lui portent ses propres dirigeants, plus que jamais engagés dans la gestion des affaires du grand capital. C’est cet effondrement de la gauche institutionnelle qui laisse le terrain à la droite extrême de Fillon et à l’extrême droite de Le Pen. 

C’est pourquoi nous souhaitons engager le débat avec vous, avec qui nous nous sommes retrouvés dans le mouvement contre la loi travail et que nous rencontrons souvent dans les luttes.

Précisons d’abord qu’alors que la direction autour de Pierre Laurent avait promis de rencontrer toutes les forces à la « gauche de la gauche », dont le NPA, elle ne nous a jamais rencontréEs et n’en a jamais fait la demande.


Disons-le franchement, aucune des deux positions mises au vote du PCF ne nous semble correspondre aux nécessités de l’heure. Dans les deux projets proposés, il y a un point commun, l’illusion que les élections et le bulletin de vote pourraient changer les choses. Or, toute l’histoire nous montre qu’il faut d’abord et avant tout des mobilisations de grande ampleur pour arracher des conquêtes, comme ce fut le cas pendant le Front populaire ou en 1968.

Toute l’histoire nous montre aussi que chaque fois la politique d’union de la gauche s’est retournée contre le PCF pour laisser le Parti socialiste gérer les affaires de la bourgeoisie contre la classe ouvrière et la population. Ce fut le cas avec Mitterrand, avec Jospin.

Aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon reprend cette vieille recette. En bon élève de Mitterrand, il veut bien de votre soutien pour avoir des parrainages d’élus et vos voix mais à condition de mettre votre parti dans une position de soumission à sa personne. Étrange « France insoumise » !

Jean-Luc Mélenchon ne cherche qu’à marginaliser votre parti. Il s’est servi de lui en 2012 pour aujourd’hui expliquer qu’il faut accepter son investiture et qu’il prépare déjà ses propres candidats pour les prochaines législatives. Comment « porter très fermement la parole des communistes » dans une telle campagne et avec un tel leader ? Faut-il rappeler que, malgré son opposition verbale au PS, cet ancien ministre de Jospin recule sans arrêt sur l’écologie ou les réformes sociales alors qu’il précise ses positions de soutien aux agressions impérialistes quand elles ont le soutien de l’ONU ou ses positions favorables à Poutine ou Bachar El Assad. Que son discours sur les immigrés brosse dans le sens du poil les préjugés et favorise la division au sein de la classe ouvrière.

De son côté, la proposition d’une candidature communiste était accompagnée d’une promesse de retrait en cas d’une candidature unitaire anti-austérité… De quoi parlait-on ? De la victoire d’un candidat de la « gauche » du PS en cas de primaire, sans Hollande ni Valls ? Par exemple Montebourg ? Tout cela n’est pas réaliste, car cela signifierait que le PS tirerait un trait sur sa politique des dernières décennies ! Il n’est pas étonnant de voir Filoche ou Chassaigne soutenir une position qui aurait permis d’avoir des élus aux législatives avec l’appui du PS comme c’est le cas aujourd’hui pour le groupe parlementaire ! Le PCF s’allierait avec le parti actuellement au pouvoir ?!

Dans ces deux cas de figure, la direction du parti reste prisonnière du cadre institutionnel, de la politique qui depuis 1981 a constamment affaibli le PCF au point qu’il est aujourd’hui menacé dans son existence même. 

Nous pensons pour notre part qu’il existe une autre perspective qui donne la priorité aux mobilisations, aux luttes, à la nécessité de préparer un mouvement d’ensemble du monde du travail pour inverser le rapport de forces, imposer un plan d’urgence sociale, démocratique, écologique, avancer vers une autre Europe, celle des travailleurs et des peuples.  Il existe une autre perspective, celle des luttes de classes pour en finir, dans la continuité de ce que furent les idées du socialisme et du communisme, avec ce système de plus en plus pourri qu’est le capitalisme. C’est à cela qu’il faut se préparer, les élections de 2017 ne peuvent pas apporter de solution à la crise économique, sociale et politique, à la montée de l’extrême droite. C’est la construction d’un meilleur rapport de forces entre les classes qui peut changer les choses.

Nous partageons vos aspirations communistes mais ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon qui les portera.

C’est dans ce cadre que nous avons été amenés à présenter la candidature d’un ouvrier anticapitaliste, révolutionnaire et internationaliste, Philippe Poutou. Nous militons pour le rassemblement de tous les anticapitalistes, pour une transformation révolutionnaire de la société, mais sur un discours clair par rapport au racisme, à l’impérialisme, à l’indépendance vis-à-vis des institutions.

Cette campagne est l’occasion de faire entendre une voix en rupture avec le jeu politicien et la sinistre farce des rivalités et ambitions de tous celles et ceux qui se disputent la place pour servir les intérêts du grand patronat, de la finance, une voix réellement antisystème. L’occasion aussi de porter les aspirations du mouvement du printemps et des mobilisations en cours, de leur avenir, de leurs exigences.

Nous savons comme vous que la situation est difficile et que les choix ne sont pas aisés. Mais c’est justement dans une telle période de désarroi et de repli sur soi qu’il faut à la fois rester fermes sur des positions de classe et ouverts quant aux débats nécessaires. Voilà tous les débat que nous espérons avoir avec vous.

Fraternellement,

Le comité exécutif du NPA




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