À la Une...

Police-Justice, une histoire d'amours incestueuses...


2008. Draguignan. Un policier l'abat d’une balle dans le dos, il est acquitté. 2014, la Cour européenne des droits de l’Homme condamne la France dans cette affaire pour « non -respect du droit à la vie »
 
 Lundi 6 mars commence le procès en appel du policier accusé d’avoir tué Amine Bentounsi en 2012. On recense de très nombreuses victimes mortelles causées par un acte policier. Mais les coupables sont soit relaxés, soit condamnés à un simple sursis. Reporterre dresse une liste, sans doute incomplète, des procès impliquant les forces de l’ordre.

Rennes, correspondance 

Lundi 6 mars commence le procès en appel du policier accusé d’avoir tué Amine Bentounsi, le 21 avril 2012 à Noisy-le-Sec (93), d’une balle dans le dos. Au cours du premier procès en janvier 2016, la défense des forces de l’ordre s’est littéralement effondrée. Comme le relate le compte-rendu d’audience du Parisien, le témoin clef, le policier qui aurait assisté à toute la scène s’est affalé à la barre, avouant n’avoir rien vu. Pourtant, le policier accusé a été acquitté.

Certaines affaires sont médiatisées comme les décès de Zyed et Bouna en 2005 à Clichy-sous-Bois, Adama Traoré à l’été 2016, ou Rémi Fraisse, tué lors d’une mobilisation contre la construction du barrage de Sivens à l’automne 2014 - et dont l’instruction est close sans aucune mise en examen. Mais de nombreux cas ne sont pas suivis par la presse. Et il est alors difficile de recenser le nombre de victimes, de procédures judiciaires et de peines prononcées. Cliquer ici


Extrait du procès en appel en cours  du policier accusé d’avoir tué Amine Bentounsi. Verdict attendu ce vendredi. (twitté par Sihame Assbague, militante féministe et antiraciste*)





 Ils tuent, ils mentent...
L'avocat général "cadre" le procès : « La police nationale est la gloire de la France ! Ce n’est pas parce qu’on vous demande des comptes dans cette affaire que l’on ne fait pas confiance à la police ».

L’agent de police Ghislain Boursier avait affirmé avoir vu la victime pointer une arme sur son collègue juste avant que celui-ci ne tire. Seul témoin à accréditer la thèse de la légitime défense, en dehors du policier accusé, acquitté en première instance.

Face à la reconstitution démontrant qu’il ne pouvait pas voir « la scène finale » d’où il se tenait et confronté aux versions des autres témoins, Ghislain Boursier avait fini par avouer au cours de l’enquête que non, il n’avait pas « vu de ses yeux vus » Amine Bentounsi braquer Damien Saboundjian. Du moins pas au moment crucial : celui où son coéquipier a tiré, à quatre reprises, sur le fuyard recherché pour s’être fait la belle en permission. 

Alors pourquoi le gardien de la paix de 40 ans, dont treize ans d’ancienneté dans la police nationale, a-t-il menti ? « Je ne sais pas », répète-t-il à la barre. Le président le sermonne. « On pourrait penser que vous vouliez le couvrir. Seulement, en disant que vous étiez là où vous n’étiez pas, ça devient suspect, et ça se retourne contre la personne [accusée]. » L’avocat de la partie civile tonne et lâche sa sentence : « Vous êtes un menteur », avant de déplorer qu’il n’ait même pas été sanctionné. Cliquer ici
 
 *A propos de Sihame Assbague, cet article de notre camarade Julien Salingue Bruno Roger-Petit traque les « fachos » : polémiste ou faussaire ?


Ayant provoqué des "blessures de guerre" et menti, le policier bénéficie de sursis !

Le 12 / 09 / 2016 

Extrait 

La preuve par l’image

Les images sont diffusées à l’audience [Voir ici]. Le silence se fait. Les corps frissonnent. Le malaise est présent chez les policiers venus soutenir leur collègue. La première vidéo est glaçante. Une scène au milieu d’un groupe de lycéens. Au fond, un nuage de lacrymo. Les jeunes rigolent : « Hey, on se croirait en Afghanistan. » Puis on voit un jeune homme, sweat noir à capuche, marcher vers une poubelle. Il commence à peine à déplacer la poubelle, qu’il la lâche, se plie en deux, puis fait quelques pas en titubant, visiblement sonné. Une voix s’inquiète : « Hey, il a reçu un truc à la tête ! Oh, qu’est-ce qu’il a ? » Puis c’est la panique.

La scène de la deuxième vidéo se déroule quelques minutes après. Elle est prise depuis un appartement au-dessus de la rue. On y voit quelqu’un, manifestement blessé, soutenu par deux autres personnes. L’auteur de la vidéo interpelle : « Hey, les enfants, ça va ? » En bas, c’est Geoffrey, soutenu par ses camarades. Pas par des policiers – présents sur la vidéo à quelques mètres à peine. Non, ce sont dans un premier temps des gamins qui emmènent leur copain à pied en le soutenant par les épaules à la pharmacie du coin. Un gamin qui vient de recevoir en pleine pommette une balle en caoutchouc de quatre centimètres, projetée à la vitesse d’un TGV, et dont les fabricants disent qu’elle fait « l’effet d’un uppercut de champion de boxe ».

La vérité est donc celle-ci. Un policier qui a volontairement fait usage d’une arme dangereuse sur un môme de seize ans qui ne le menaçait pas. Qui l’a très gravement blessé à la tête. Qui ne l’a pas secouru. Qui a menti une première fois pour invoquer la légitime défense de son geste, et une deuxième fois en disant qu’il avait porté secours au gamin. 

Des blessures de guerre 

Aux urgences, les médecins annoncent aux parents de Geoffrey que ce dernier doit être transféré, car ils ne sont pas formés aux blessures de guerre. […]

Au bord de l’erreur judiciaire 

Cinq ans après le drame, nous y sommes donc. Lors de l’audience, les paroles du procureur à l’égard du policier sont graves : « L’impression que ça donne, c’est que vous tirez dans des conditions discutables et vous semblez rédiger un procès-verbal qui vient justifier l’usage de votre arme. (…) Sans ces vidéos, nous étions peut-être au bord d’une erreur judiciaire. » 

Le policier a été condamné pour violences volontaires sur mineur et pour faux et usage de faux à un an de prison avec sursis, un an d’interdiction d’exercer et deux ans d’interdiction de port d’arme. Les faits sont extrêmement graves pour une personne dépositaire de l’autorité publique, supposée représenter la loi. Cliquer ici



Hier la droite ... 
En 2009 le  rapport d'Amnesty International titrait "brut" ...
 

 ... Aujourd'hui la "gauche"

 
« Aujourd’hui, les forces de l’ordre françaises jouissent d’une relative impunité lorsqu’elles sont responsables de violences qui violent les principes de proportionnalité et de nécessité. » (Aline Daillère, responsable France à l’ACAT) Lire ici

 

A lire aussi

21 février 2017. Etat d’urgence, crise de l’accueil des réfugiés, ventes d’armes, discriminations des Roms… revue de détail d’un sombre bilan en matière de droits humains. 

La France vit sous état d’urgence depuis plus d’un an. Un état d’exception qui menace les droits fondamentaux. Des catégories de personnes sont particulièrement visées mais c’est toute la société qui subit cette restriction des droits et des libertés. Etat des lieux, à l'occasion de la publication de notre rapport annuel.

D’autres droits essentiels continuent d’être remis en cause ternissant le bilan de la « patrie des droits de l’homme » en matière de protection des droits. De l’accueil des réfugiés, à la lutte contre les discriminations, en passant par la nécessité de responsabiliser les ventes d’armes… les engagements manquent pour que les droits de tous soient garantis et protégés.

Une année sous état d’urgence

Les attaques ou menaces d’attaques terroristes ont conduit les autorités à renouveler l’état d’urgence à plusieurs reprises, entraînant des restrictions drastiques et disproportionnées aux libertés et à des droits essentiels : droit de circuler librement, droit au respect de la vie privée, à celui de manifester.. Cliquer ici

 

Montpellier
Manif ! Pas de prison pour les inculpés du mouvement social
Samedi 11 mars à 15h
Plan Cabanes


Organisé par "AG de Montpellier contre l'état d'urgence et l'état policier"

Et encore 1



Et encore 2

A propos des manifestations de policiers d'octobre dernier...

Ce mouvement des policièr-es, en consonance directe avec la logique de classes de la mondialisation capitaliste, est intrinsèquement asocial (autant qu'antisocial) et participe clairement de la reconfiguration de l'ensemble de l'appareil d'Etat ciblant toujours plus méchamment les déviances à neutraliser, les populations à mater : avec la particularité que le constant harcèlement policier qui était déjà dédié aux quartiers populaires, ouvertement considérés comme irrécupérables par les dynamiques de ladite mondialisation libérale, est désormais élargi à l'ensemble des salariés et autres couches sociales extérieures à ces quartiers mais aussi rétives, cela s'est révélé ces derniers mois, à se soumettre à l'ordre capitaliste. On l'a vu avec le déploiement d'une violence inédite qui s'est abattue sur les opposant-es à la loi "travail" et avec les procédures judiciaires enclenchées à l'encontre de salarié-es (entre autres manifestant-es), spécialement des syndicalistes ! Tout discours sur le "service public" de la police est par là mystificateur de l'actuelle réalité policière mais aussi des possibilités qu'il y aurait actuellement à récupérer un "service policier à rendre au public" : "la police" n'en a tout simplement cure !  

A l'effet conjugué, d'une part, de la pérennisation d'un état d'urgence généralisant les alarmes antiterroristes à tout trouble à l'ordre social et, d'autre part, du recours au 49.3 comme forme de gouvernement émancipé des faux semblants de la démocratie représentative, se surajoute une "policiarisation" de la politique, prélude à une "policiarisation" de la société, dont la mobilisation de rue actuelle témoigne qu'elle est appelée à s'accentuer. En somme, en logique profonde et autonome, échappant même à ce qu'expriment et revendiquent immédiatement les policièr-es, c'est en fait un véritable corps étatique, à qui il vient pourtant d'être reconnu un rôle politique central, qui significativement se tourne, par-dessus sa hiérarchie, directement vers le pouvoir, vers le gouvernement, pour exiger que celui-ci dégage les moyens nécessaires à l'exercice de ces nouvelles missions ! Ce rapport d'interpellation directe (par l'action directe de rue parodiant les postures des "autonomes" !) du gouvernement par "sa" police, dit bien la vérité de la situation, tellement criante qu'elle en aveugle Jean-Luc Mélenchon, celle d'une police qu'on politise et qui en redemande sur ce même terrain grisant car, quoique en disent certain-es, instaurant une promotion de ses membres en les plaçant au coeur des procédures politiques. Promotion qui, pour être gratifiante, doit sortir de l'actuel bricolage des missions policières-politiques élargies mais (austérité oblige !) dépourvues des moyens afférents, pour entrer de plain-pied dans l'ère militaro-industrielle du répressif high tech ... On comprendra que dans cette dynamique, si la partie, la police, joue le rôle de révélateur du tout, l'Etat, c'est celui-ci qui doit concentrer notre préoccupation : se positionner nécessairement contre l'actuel mouvement des policiers n'a de sens que si l'on comprend que c'est le tournant toujours plus policier de l'Etat qui est l'enjeu de la situation. Tout à l'envers de ce que fait le héraut de la VIe république qui, par cet envers loufoque, balise aussi, à sa façon, "de gauche", le même chemin que tracent les Hollande, Valls, eux-mêmes à la suite de Sarkozy et sa bande de... concurrents primaires : celui du ... désarmement politique de la riposte à ce qui se dessine toujours plus, grâce à eux, comme une marche vers la lepénisation de l'Etat ! L'ensemble du billet de Flic Flac est à lire ici entre autres textes
 


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 NPA 34, NPA

Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA