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Carcassonne. Les Pilpa à un tournant de leur lutte. Solidarité !


"Nous allons continuer à nous battre"

La situation des Pilpa est difficile et l'arrivée des lettres de "reclassement" est un évènement dur à accepter sans émotion, voire sans coup de blues, après des mois d'une lutte acharnée pour sauver les emplois. On relèvera cependant l'écart entre, d'une part, la tonalité "morose" de l'article ci-dessous de Midi Libre mettant l'accent sur l'accablement ressenti par des salariés devant des reclassements attentant à leur condition de vie et participant de la stratégie d'agression de la direction et, d'autre part, ce que laisse entrevoir la vidéo accompagnant l'article (à voir sur le site du quotidien), une volonté maintenue de se battre malgré tout (la phrase qui fait notre titre est prononcée par le salarié interviuwé). Nous respectons le choix rédactionnel de la journaliste, mais un article est un objet soumis aux lectures critiques, au sens le plus constructif du mot, et qu'il nous soit permis d'estimer qu'un titre "le cœur est gros mais on continue la lutte" était peut-être le plus approprié. Il va de soi que le soutien aux Pilpa doit être une priorité de tous et de tous les instants en pointant ce qui, dans la politique du gouvernement, est un encouragement à l'offensive patronale !

Géraldine Bourrel et Didier Clanet en compagnie des “Pilpa“. 
Carcassonne. Chez les salariés de Pilpa "le cœur est gros mais on continue le boulot"

Midi Libre PATRICIA GUIPPONI
18/11/2012

 Les lettres de proposition de reclassement sont tombées mardi. Comme le ciel sur la tête. Fracassantes. Sans surprise pour leurs destinataires, mais difficiles à avaler. Cent vingt-trois missives sommaires, froides, sans appel, envoyées aux salariés de l’usine Pilpa, fabriquant de crèmes glacées implanté depuis le début des années 70 sur Carcassonne. 

Depuis juillet, rien de bon n’est annoncé sur le devenir de l’entreprise audoise, rachetée l’an dernier, avec les trois autres sites français de la marque, par le groupe européen R & R Ice cream, dont le principal actionnaire est un fonds de pension américain. Rien à part une fermeture pure et dure. "Malgré les bénéfices générés, comme l’indique le rapport d’expertise engagé", déplore cet employé abasourdi. À peine arrive-t-il à articuler que ses collègues et lui-même font "les frais de la gestion ratée des racheteurs, de l’appétit des actionnaires. Ils nous ont trahis. Ils comptaient dès le début se débarrasser de nous."
36 offres pour 123 personnes

Les visages sont blêmes, les traits tirés. Du simple machiniste au cadre manager. Tous touchés. "Ce que l’on sait, c’est qu’il y a 8 postes à pourvoir dans les trois autres sites français : à Plouédern en Bretagne, à Dangé-Saint-Romain en Poitou-Charentes et à Vayres en Aquitaine. Ainsi que 18 emplois à se répartir en Europe : Allemagne, Pologne, Royaume-Uni, Italie", indique Didier Clanet, 55 ans. Autrement dit, 36 offres possibles pour 123 personnes. Des alternatives réduites et peu engageantes pour ne pas se retrouver à la rue. Didier a rejoint l’entreprise en 1978 : "J’y ai grandi, passé 34 années de ma vie. J’en ai vu des choses mais pas d’aussi rudes comme ce qui nous tombe dessus". Certes, son épouse travaille. Son fils vole de ses propres ailes. "Mais, j’ai encore ma fille à l’école d’infirmières. L’emprunt de la maison sur le dos." Et un âge critique pour rebondir. Surtout devant le peu de perspectives dans le marasme ambiant. "Il me reste 5 à 6 ans pour prétendre à la retraite. Je comptais rester à Pilpa, où je suis bien, jusqu’à cette échéance", relève-t-il d’un ton qu’il veut combatif, la tête haute.

Vidéo sur la page de Midi Libre (lien ci-dessous)

"On m’a fait quatre propositions de reclassement. Je n’ai pas à me plaindre"

À ses côtés, Géraldine Bourrel, 40 ans, réprime son émotion. Maman célibataire d’une fillette de 7 ans, elle occupe le poste de conducteur de machine. "On m’a fait quatre propositions de reclassement. Je n’ai pas à me plaindre quand je vois que certains n’ont pas cette chance et qu’on n’offre à d’autres que des solutions de déclassement." Pourtant, le courrier qu’elle a reçu ne scelle pas son sort pour autant : "Ce n’est pas parce que l’on m’octroie ces possibilités que je suis tranquille. Aucun poste n’est nominatif. Je ne suis pas la seule en lice et ne sais pas comment les sélections seront effectuées. Il y a 123 salariés en attente !" Et quand bien même, la jeune quadragénaire se voit mal quitter sa région d’origine et les siens. "J’ai ma vie ici, je ne me sens pas de tout reprendre à zéro ailleurs. La situation de parent seul n’est déjà pas facile même quand on a des proches pas loin. Et puis, j’ai des prêts à rembourser." Géraldine fait front. Veut se battre. Comme les autres.

"On est laminé. Je pleure pour un rien. J’ai peur d’y perdre la santé"

Tous les coudes serrés, solidaires. Même si la tension est là, les coups de gueule parfois, l’écœurement face à "l’injustice". La pile des arrêts de travail a pris de l’ampleur. "On a assigné la société en référé car ce plan de sauvegarde de l’emploi n’est pas conforme à la loi. Il doit être cassé", poursuit Didier. L’attente d’une décision judiciaire laisse flotter un vague espoir. La mince illusion de trouver un repreneur pour sauvegarder un maximum de salariés court aussi. "On est laminé. Je pleure pour un rien. J’ai peur d’y perdre la santé", avoue Géraldine. Pourtant, tous les matins, elle repart au charbon. Comme les autres. Fidèles au poste. "Le cœur est gros mais on continue. Notre boulot, on l’aime". Il faut honorer les commandes pour décembre. Les bûches de Noël.

L'article sur le site de Midi Libre

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