Béziers. Une élection partielle sur fond de guerre interne à l'UMP et de paupérisation croissante de la population...
A Béziers, le FN fait son beurre sur le dos de l’UMP
(Mis à jour: )
L'université d'été du FN en septembre 2012. (REUTERS)
Reportage L’extrême droite tente de profiter du psychodrame à droite lors d’une législative partielle dans l’Hérault.
«Encore ! C’est si bon…» Le Front national adore le psychodrame de l’UMP. «Tricheurs un jour, tricheurs toujours», se
délecte France Jamet, au milieu de militants dans sa permanence
électorale de Béziers. La candidate frontiste à l’élection législative
partielle de la 6e circonscription de l’Hérault, qui se
tiendra les 9 et 16 décembre, a vite trouvé le thème central de sa
campagne. Ce sera haro sur l’UMP, qui «montre son vrai visage dans cette bataille d’ego et ne pense qu’à ses petits pouvoirs quand tant de Français souffrent». Le
parti d’extrême droite a décidé de faire de cette bataille un test
national, symbole de sa capacité à substituer son offre politique à
celle «d’une UMP décrédibilisée». La députée Marion
Maréchal-Le Pen est attendue fin novembre, Louis Alliot, numéro 2 du FN
et compagnon de Marine Le Pen, va s’impliquer fortement et la patronne
du Front pourrait, elle aussi, faire le déplacement.
Triangulaire. Sur ce territoire qui englobe Béziers,
des villages viticoles et caresse le bord de mer, Marine Le Pen a viré
en tête devant Nicolas Sarkozy et François Hollande lors du premier tour
de la présidentielle. La communauté pieds-noirs est importante, le
chômage 5 points plus élevé que la moyenne nationale, et la
paupérisation d’une partie de la population s’aggrave. Aux législatives,
une triangulaire FN-UMP-PS avait été fatale au député sortant, Elie
Aboud (UMP), battu de 10 voix par la socialiste Dolorès Roqué. Saisi cet
été par l’UMP, le Conseil constitutionnel a pointé des irrégularités et
fixé un nouveau scrutin. La faible participation attendue (40% tout au
plus) en décembre, rend ce vote aussi ouvert qu’incertain. Même si les
partielles ne profitent traditionnellement pas au FN, ses militants
locaux sont remontés. Ce jour-là, à Béziers, tous affirment avoir reçu
des signaux de sympathisants UMP «écœurés par les magouilles»
et prêts à les rejoindre. Information invérifiable puisque le FN ne
donne pas leurs noms. Mais Emile Antoine, 66 ans, assure avoir accueilli
«pas plus tard que ce matin à la maison deux jeunes, fervents de Sarkozy, qui voteront pour nous». La chasse à l’électeur UMP dépité est aussi la priorité de Constance Calandri, 21 ans, qui écume les campagnes «et les territoires abandonnés où ne vont jamais nos concurrents». A entendre cette jeune directrice de campagne, «il n’y a même pas besoin de trop en rajouter sur le discrédit de l’UMP… Avec ce qui se passe en ce moment, le fruit est mûr». Et son voisin de faire rire l’assistance en rebaptisant l’UMP, «Union des menteurs professionnels».
Pour Pascal Loubet, étudiant en droit et suppléant de la candidate FN, «il
n’y a plus aucune raison de croire en l’UMP. Ils étaient déjà divisés
sur l’idée de la France, les voilà fracturés avec leur guéguerre des
chefs». France Jamet, la candidate et présidente du groupe FN de la région Languedoc-Roussillon, leur répète ce mot d’ordre : «Copé, ce n’est que du vocabulaire ! Il a le discours du FN, mais la pratique du PS quand il vote le traité européen.»
Vindicte. Jean-François Copé est justement attendu
le 3 décembre à Béziers pour un grand meeting de soutien à son ami Elie
Aboud, médecin d’origine libanaise. Très liés, les deux veulent
démontrer que le pugilat en cours à l’UMP n’aura pas d’incidence sur
leur électorat et que le FN reste tenu à bonne distance. Dans la 6e circonscription
de l’Hérault, Copé a obtenu dimanche 68,5% des voix des militants UMP.
Mais Elie Aboud assure que son ex-attaché parlementaire et sa secrétaire
«ont fait campagne pour François Fillon».
Ce truculent personnage se dit persuadé que «l’angle d’attaque du FN contre la bataille interne à l’UMP ne prendra pas». Selon lui, «les gens s’en foutent, car ils ont bien d’autres préoccupations». Certes, il est «très agacé par les petits chefs assoiffés de caméras». Mais c’est surtout la vindicte du FN à son égard qui l’inquiète : «Ils ont la haine contre moi et ce que je représente. Leur seul objectif est de m’abattre.» Avec le renfort de la folle machine à perdre UMP ?
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Certaines villes du Sud de la France connaissent une
situation économique très dégradée avec un niveau de chômage élevé, une
proportion de population immigrée relativement importante, comme Nîmes
(29 % de pauvres), Perpignan ou Béziers (32 %) ainsi qu’Avignon (30 %).