A lire ci-dessous
Il aura suffi que les professeurs des écoles parisiennes déclenchent une grève particulièrement bien suivie pour que resurgisse la vieille obsession du "corporatisme" des enseignants. La droite a usé jusqu'à la corde de ce ressort du dénigrement pour faire passer des réformes qui ont conduit à une véritable régression des conditions de travail des personnels.


En ces temps de contre-réformes libérales-capitalistes tueuses des logiques de service public, l'idée que la défense des intérêts matériels d'un enseignant (son salaire, l'organisation de son temps de travail, etc.), outre qu'elle participe de la commune condition de salarié, puisse être étroitement indexée sur la défense des conditions d'étude des enfants, est totalement escamotée par la gauche de gouvernement et ses relais médiatiques, acquis au primat du marché et à l'utopie aberrante de la compatibilité de celui-ci avec l'intérêt général : la conclusion de l'éditorial du Monde suffit à mesurer combien toute une pensée se donnant à voir progressiste, moderne, ouverte, pragmatique, décomplexée, libérée des chaînes idéologiques, reste ancrée dans les pires archaïsmes d'une diabolisation insultant au demeurant les règles élémentaires de l'argumentation :
"Il est vrai que le maire de la capitale a annoncé son intention d'appliquer la réforme à la rentrée prochaine. Vrai aussi que les instituteurs parisiens craignent de perdre dans l'affaire un privilège qui remonte à la monarchie de Juillet : ne pas enseigner la musique, les arts plastiques et l'éducation physique, pris en charge, à Paris,
par des enseignants "municipaux". Vrai encore qu'il leur est demandé de
(re)travailler une demi-journée de plus, sans augmentation de salaire.
Vrai, enfin, qu'ils tentent d'entraîner les parents dans leur combat.
Disons-le tout net : ce corporatisme étriqué est lamentable."
Le bluff rhétorique de l'anaphore ("il est vrai") ne devrait pas masquer que ce qui est vrai est que l'éditorialiste n'a rien à faire de la vérité d'une condition enseignante dont les articles ci-dessous et les liens que nous leur adjoignons, témoignent qu'elle a subi une dégradation intolérable. Intolérable, du moins, si l'on garde le cap d'une Education Nationale dont l'intérêt premier est qu'elle soit au service des...élèves. Le Monde, Julliard, Peillon, Hollande, Ayrault, comme hier Allègre ou Jospin et tous ceux qui participaient de l'inoubliable "gauche plurielle", sont/étaient, la vérité c'est aussi cela, en consensus de fond avec la droite. Les quelques miettes de Peillon sur les emplois ne rattrapent aucunement les dégâts du sarkozysme et deviennent même, oh paradoxe et perversion de la gauche social-libérale, un moyen de faire baisser la garde sur la poursuite de la politique de dérégulation austéritaire du service public d'éducation. Le tout sur fond d' alignement structurel sur les desiderata du patronat dont l'assomption par le gouvernement du rapport Gallois n'est que la pointe émergée de l'iceberg.
Alors, qu'on se le dise, en ce jour de mobilisation des fonctionnaires, ces "nantis" (pris pour cibles, en réalité, à travers les enseignants grévistes de Paris) dont parlait le "giscardien" Raymond Barre, l'accusation de corporatisme qui vient d'être posée sur la scène sociale est un indicateur irrécusable : celui que la gauche qui nous gouverne est de droite, que, comme la droite, elle voit, au fond logiquement, dans la mise en action des personnels une menace pour ses projets politiques et qu'elle n'attend de la population qu'une seule chose : la soumission aux dits projets !
Il revient donc, en premier lieu, au mouvement social de combattre la droite, quels que soient les masques dont elle s'affuble, de déjouer toutes les stratégies d'atermoiement qui spéculent sur un chimérique redressement à gauche des Hollande-Ayrault, de se constituer enfin en opposition déterminée, autonome dans son organisation afin de rassembler au-delà des clivages politiciens et d'appareils, contre eux, en opposition donc à un gouvernement qui tient beaucoup de ces tristes pitres antipopulaires que furent Zapatero ou Papandréou.

Antoine (ancien président de comités locaux de la FCPE 34 et syndicaliste enseignant, membre du NPA 34)
(1) Personne ne devrait avoir oublié que Claude Allègre,
basculement hautement significatif de ce qu'est l'essence du
social-libéralisme, a intégré, durant ces dernières années, avec les
Kouchner, Amara, mais aussi Jouyet (retourné, lui, occuper de hautes fonctions "à gauche", auprès de son grand ami Hollande !) le fan club de Nicolas Sarkozy ...
Jean-Pierre Jouyet occupe aujourd'hui le poste de Directeur général de
la Caisse des dépôts et consignations sur décision de la Commission des
Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat. Il est également devenu
président de la Banque publique d'investissement (BPI) et, c'est à ce titre qu'il s'est exprimé sur le canard boiteux qu'était le site de Florange (Arcelor Mittal).
L'Hérault du jour du 31 janvier 2013
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