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Région. Aqua Domitia, un test politique pour la gauche écosocialiste...


"Ma détermination est intacte de développer Aqua Domitia" (Christian Bourquin, président de région)

Malgré les multiples problèmes rencontrés par le projet de transfert d’eau du Rhône de Mauguio jusqu’à Narbonne, le dernier étant le retrait du conseil général de l’Hérault, Bourquin persiste et signe. (article de Midi Libre) : Aqua Domitia reste dans les...tuyaux des programmations de la Région.

C'est l'occasion pour le NPA 34 de rappeler son opposition à un projet qui voit la composante essentielle du Front de gauche, le PCF, toujours en majorité de gestion régionale avec les socialistes, participer d'une opération engagée sur un semblant de concertation avec la population et qui, comme le rappelle Eau Secours 34, "ne s’attaque pas à la crise de l’eau en Languedoc-Roussillon et contribue à l’aggraver". Midi Libre nous informe que, à la dernière séance du Conseil régional, l'élu communiste Henri Garino n'a pas pu faire mieux que s'inquiéter que " l’Hérault se désengage".[...] Inquiétude partagée par l’UMP Fatima Allaoui." (lire ici). On comprendra mieux le sens de cette attitude en lisant la déclaration du même Garino en avril 2012 qui approuvait sans détour "les conclusions du débat public [sur Aqua Domitia] et [s'inscrivait] pleinement dans ce schéma régional de l’eau et dans la préparation des assises régionales de l’eau" (lire ici)

Pour saisir tous les enjeux d'Aqua Domitia nous reproduisons ci-dessous le positionnement d'Eau Secours 34, une association qui a le grand mérite de fournir des approches d'expertise permettant de clarifier les enjeux sociaux, économiques, écologiques et politiques que la gestion régionale, résolument social-libérale, souhaiterait escamoter. On retiendra pour mémoire qu'Eau Secours 34 déclare que son objectif est "d'une part, d'aider les usagers héraultais à faire valoir leur droit à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement et, d'autre part, de défendre l'idée que l'eau, bien commun, ne saurait devenir une source de profit pour des entreprises privées." Ce qui devrait, si l'on peut dire, couler de source pour tout anticapitaliste ou tout antilibéral conséquent ! 

On trouvera à la suite de ces documents d’Eau Secours 34 l’analyse que le NPA 34 fait des implications proprement politiques, pour l’écosocialisme, de la mise en oeuvre du projet d’Aqua Domitia.

 Eau Secours 34 et Aqua Domitia

 

Qu'est-ce que Aqua Domitia ?

 

Aqua Domitia est le nom donné à l’infrastructure qui permettra le transfert d’eau du Rhône de Mauguio jusqu’à Narbonne.

C’est le conseil régional du Languedoc-Roussillon via la société d’économie mixte locale BRL qui déploiera et exploitera cette infrastructure constituée de 5 maillons et de canalisations secondaires. Le coût des maillons est estimé à 140 millions d’euros et celui des canalisations secondaires à 120 millions d’euros.

L’eau du Rhône (polluée par les pesticides, métaux lourds et PCB) servira à l’irrigation agricole et surtout à la production d’eau potable dans l’Hérault et l’Aude.

Le débat public Aqua Domitia

 

Le débat public organisé par la Commission Particulière du Débat Public comme le veut la loi s’est déroulé du 15 septembre au 29 décembre 2011. Il s’est caractérisé par une faible participation du public, un désintérêt des médias et un accaparement de la parole par les élus favorables au projet.

En plein débat public, Claude Allet, le directeur général de BRL, a démissionné pour raisons de “divergences stratégiques et institutionnelles avec les élus régionaux”. 

Eau Secours 34 a participé au débat public et a publié un cahier d’acteur indiquant les raisons de son opposition au projet: Aqua Domitia ne s’attaque pas à la crise de l’eau en Languedoc-Roussillon et contribue à l’aggraver

La Commission Particulière du Débat Public a rendu publics son compte-rendu et son bilan le 8 février 2012.

Le Conseil Régional et BRL ont fait part de leur décision de poursuivre le projet le 19 avril 2012. Les conditions de poursuite du projet ne tiennent absolument pas compte des remarques et critiques qui ont été émises durant le débat public, comme si celui-ci n’avait pas eu lieu.

Le devenir du projet Aqua Domitia 

 

A ce jour, ni l’UE, ni l’Etat, ni l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée ne participent au financement de la construction des maillons contrairement au souhait émis par le Conseil Régional.

Le 25 avril 2012, le président du Conseil Régional annonçait avoir obtenu le feu vert de la commission européenne à l’utilisation de 6 millions d’euros de fonds Feader pour des réseaux d’irrigation de la vigne à partir des maillons.

Ce montant est à comparer au coût estimé à 120 millions d’euros pour le déploiement des tuyaux et des bornes d’irrigation à partir des différents maillons et aux 32,4 millions d’euros versés en 2012 dans le cadre de la PAC pour assurer la reconversion des vignobles du LR, dont la qualité est jugée insuffisante (en clair les subventions à l’arrachage des vignes).

Depuis, la grande machine clientéliste du Conseil Régional est en marche à travers des réunions avec les viticulteurs susceptibles de bénéficier des aides européennes.

A retrouver sur le blog d'Eau Secours 34


Extraits du Cahier d'acteur, daté du 3 novembre 2011, publié par Eau Secours 34

 Aqua Domitia nous apparaît comme une fuite en avant qui offre à l’Etat et aux collectivités locales la possibilité de continuer la même politique de développement économique et d’aménagement du territoire. [...]

Résoudre la crise de l’eau, c’est d’abord changer cette politique et non pas importer de l’eau du Rhône. 

La crise de l’eau se manifeste par un manque d’eau alors même que le bilan hydrique est largement positif en Languedoc-Roussillon. Elle est la conséquence d’une démographie non maîtrisée, d’un modèle de développement économique et d’aménagement du territoire entraînant gaspillage et pollution de la ressource en eau, d’une gestion marchande de l’eau.

A cela va s’ajouter le réchauffement climatique dont on prédit qu’il aura un impact très important sur le cycle de l’eau dans le siècle à venir. [...]

Les projections de l’INSEE à l’horizon 2040 sur lesquelles s’appuient BRL et le Conseil régional pour promouvoir Aqua Domitia ont une grande marge d’incertitude et reposent sur l’hypothèse que développement économique et aménagement du territoire continueront “comme avant”. Que vaut cette hypothèse alors que le réchauffement climatique et l’augmentation du coût de l’énergie exigent dès à présent une remise en question du modèle actuel de développement économique et d’aménagement du territoire ? [...]

Continuer le même développement touristique sur l’ensemble de la côte languedocienne déjà
largement bétonnée et confrontée à des difficultés d’approvisionnement en eau ne peut conduire qu’à une situation catastrophique semblable à celle d’une partie de la côte espagnole (conflits d’usage pour l’eau entre agriculture et tourisme, épuisement de la ressource en eau…). [...]

L’agriculture est la cause principale de pollution de l’eau en France. Le Languedoc-Roussillon
ne fait pas exception à la règle. Plus de 50% de ses eaux superficielles et 15% de ses eaux souterraines n’atteindront pas en 2015 le bon état écologique exigé par la Directive Cadre Européenne. [...]

Aqua Domitia est présenté comme une réponse publique à une demande en eau. Or, la nature de
l’entreprise BRL donne une dimension commerciale évidente au projet. Il s’agit non pas seulement de répondre à une demande mais aussi de réaliser des profits par la vente d’eau brute en l’accompagnant par une politique de l’offre. Nous sommes à l’opposé d’une gestion économe et sociale de l’eau. [...]

L’utilisation de l’eau du Rhône alourdit la facture d’eau de l’usager et ne respecte pas le principe de précaution rappelé dans la priorité affirmée en faveur des ressources en eau des nappes profondes pour l’alimentation humaine. BRL ignore ou nie les risques liés à la qualité de l’eau
du Rhône. Comment les collectivités locales qui soutiennent ce projet peuvent-elles à la fois mettre en priorité la réduction des risques quantitatifs et minimiser ceux inhérents à la qualité de l’eau ?

Le Conseil régional s’est appuyé sur l’expertise de BRL pour proposer une solution à la crise de l’eau en Languedoc-Roussillon. Ce n’est pas une surprise si la solution de BRL est basée sur la vente d’eau du Rhône qui est le coeur même de son activité. Comment le Conseil régional peut-il se satisfaire d’un projet où le conflit d’intérêts est aussi manifeste ? 

Les 4 objectifs déclarés du projet [...] peuvent être atteints par d’autres moyens, à condition d’avoir la lucidité et la volonté politique nécessaires. [...]

La sensibilisation des ménages à un usage économe de l’eau et la réparation des fuites sont une source d’économie d’eau très supérieure à l’estimation qu’en fait BRL, de même qu’investir dans les retenues colinéaires, la récupération des eaux de pluie... [...]

Les autorités locales doivent retrouver une véritable maîtrise du foncier. [...] La maîtrise du foncier est une des conditions d’une gestion économe et écologique de la ressource en eau. [...]

Les autorités locales doivent aider au développement d’une agriculture dont les effets sur l’eau seraient moins néfastes que ceux de l’agriculture intensive (pollution par les pesticides, irrigation excessive). [...]

7 milliards de m3 d’eau s’écoulent tous les ans dans les rivières et les nappes du Languedoc-Roussillon dont 10% sont prélevés pour la production d’eau potable et l’irrigation agricole. Par conséquent, le manque d’eau s’explique d’abord par l’incapacité à accéder à ces ressources abondantes mais mal connues. Acquérir une meilleure connaissance du réseau hydrographique est indispensable pour faire de nouveaux captages et mieux utiliser les captages existants.

Conclusion

Eau Secours 34 ne soutiendra pas le projet Aqua Domitia pour les raisons suivantes :

• L’évaluation des besoins en eau par BRL et les moyens pour y remédier reposent sur des hypothèses plus que contestables.
• Le projet relève d’une logique de marchand d’eau et sert d’abord à pérenniser l’entreprise BRL.
• Le projet ne s’attaque pas aux causes de la crise de l’eau en Languedoc-Roussillon ; il retardera les mesures nécessaires à prendre et contribuera à aggraver cette crise.
• Le projet ne répond pas aux critères d’une gestion écologique, sociale et démocratique de l’eau.

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Le NPA 34 considère que ce document pose, en toute indépendance des partis politiques, les bases d'un rapprochement, sur la question de l'eau mais aussi sur un plan politique plus général, de toutes les organisations qui se réclament de l'écosocialisme. Encore faudrait-il aller jusqu'au bout de la démarche de contestation d'un projet comme Aqua Domitia (ou de la bataille pour un retour en régie publique de l'eau sur l'Agglo de Montpellier). Ce que ne fait pas le Front de gauche 34, dont les composantes se réclamant, comme nous l'avons fait depuis notre fondation en 2009, de l'écosocialisme (PG et GA) ne posent pas ouvertement l'incompatibilité de fond de leur positionnement avec la solidarité de gestion indéfectible de leur partenaire d'alliance, le Parti Communiste (1), avec le Parti Socialiste. Il est plus que problématique d'en rester, comme dans les récentes Assises de l'écosocialisme en Languedoc organisée par le PG 34 et GA 34, à des généralités sur le mode "La solution ne pourra pas venir d'en haut : on ne fera rien sans les gens eux-mêmes. " ou des constats, par ailleurs pertinents, du type "Partout des citoyens se mobilisent et se battent, ont du mal à se faire entendre et se heurtent à une opacité et une bureaucratie décourageantes" sans prendre en compte que le PCF par son silence, parfois, au mieux, par son abstention au moment des votes, le plus souvent par ses votes d'approbation, entérine le pouvoir desdites bureaucraties et autres technocraties par lesquelles le Parti Socialiste développe ses projets antipopulaires-antiécologiques. Ce que nous avons vérifié tout récemment à l'occasion de la consultation bidon, avec une forte présence de vigiles, de l'Aggl'eau ! Nous avons pu noter à ce propos, sauf erreur de notre part, que ni le PCF 34 ni le Front de gauche 34, en tant que tel, n'ont estimé utile de se prononcer sur ce déni de démocratie alors que certains de leur militants se retrouvent avec nous pour mener cette mobilisation !

Il nous semble dommageable à la cause écosocialiste de donner à voir à la population l'incongruité qu'il y a à maintenir que le Front de gauche est une réponse alternative  globale au libéralisme et au social-libéralisme (ce que nous désignons, quant à nous, comme deux réponses capitalistes à la crise) quand sa principale composante participe des choix dudit social-libéralisme : Aqua Domitia nous le rappelle très concrètement, la crédibilité de l'écosocialisme passe par sa capacité à éviter les faux semblants politiciens (manifester des "inquiétudes" là où il faudrait s'opposer !) où les cartes ne sont pas clairement mises sur la table. La question des alliances politiques, en l'occurrence le maintien ou pas de l'alliance structurelle du PCF avec le PS dans les collectivités locales, doit être au coeur de toute problématique sérieuse de l'écosocialisme et exposée sans détour au débat public. A défaut c'est l'idée même d'écosocialisme qui en résulte affaiblie.

Le NPA 34 est, pour ce qui le concerne, preneur d'une large unité écosocialiste non seulement sur la base de l'indépendance totale avec les gestionnaires sociaux-libéraux de l'ordre capitaliste mais aussi en tant qu'opposition déclarée à leur politique, comme cela avait été possible aux régionales de 2010 avec A gauche Maintenant ! avant que le Front de gauche ne décide, dès 2011, de rompre cette unité réalisée avec le NPA


(1) La reconduction toute récente de Michel Passet à la tête du PCF 34 (voir ci-dessous) doit être interprétée comme un aval accordé à l'artisan "historique" de l'alliance de ce parti avec le PS dans le département et, concomitamment, à celui qui a imposé à ses partenaires du Front de gauche de rompre l'unité réalisée en 2010 avec le NPA. Voilà qui peut être lu comme une fin de non-recevoir à la critique adressée "à la majorité PS-société civile-PCF-Modem" de Montpellier par GA 34, une dizaine de jours auparavant, lors de sa conférence de presse. Critique que GA 34 s'était enfin décidée à exprimer publiquement sans que, comme l'ont confirmé les Assises régionales sur l'écosocialisme, elle parvienne pour autant à l'inscrire au coeur de la définition programmatique dudit écosocialisme sous l'éclairage de questions aussi essentielles qu'Aqua Domitia ou la campagne pour la régie publique de l'eau.

De l'extrait de l'entrevue récente de Michel Passet que nous reproduisons ici nous retiendrons le maintien de l'habituelle rhétorique contre l'austérité qui fait l'impasse sur la nécessité que celle-ci soit assise sur une opposition au cours politique du Parti Socialiste, que ce soit nationalement ou localement. La référence convenue au rassemblement à gauche pour une autre politique doit, par là-même, être décodée comme le maintien du cap, dans le Front de gauche, d'une démarche visant à infléchir à gauche le Parti Socialiste pour faire barrage à la droite aux prochaines municipales. Démarche dont chacun peut voir en région, dans le conseil général ou dans les municipalités et autres intercommunalités, qu'elle est synonyme d'alignement et de soumission au social libéralisme sur l'eau, ainsi que nous le venons de le voir, comme sur le soutien aux entreprises, à l'école privée, aux délégations de service public, à l'Hinterland, à la LGV, etc.) !

 L'Hérault du jour du 29 janvier 2013



  
 
  
  
Montpellier. Le NPA 34, ses accords et ses désaccords sur la critique de la politique municipale

La politique de l'eau dans la tempête

LE MONDE |

Le ménage a été fait discrètement. Mais cela ne devrait pas suffire à étouffer le scandale qui frappe l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), un établissement public sous la tutelle du ministère de l'écologie, bras armé de la politique publique de l'eau en France. L'agence en gère les données statistiques, cruciales pour juger de la qualité de notre ressource hydrique.

 

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